Eduquer à la citoyenneté, développer l’ouverture culturelle, susciter la réflexion, favoriser l’engagement de nos jeunes dans un projet de création artistique, briser les tabous, voilà quelques-uns des objectifs que tout enseignant d’arts plastiques vise lorsqu’il engage avec ses élèves un projet.

A Cambrai, l’équipe du théâtre avait choisi autour du 8 mars d’organiser une « quinzaine de la femme » sur la question des inégalités et des discriminations.
Plusieurs spectacles ont été présentés dont, le 8 mars, la pièce « Lapidée » de Jean Chollet-Naguel. Plusieurs structures culturelles comme le musée, l’école supérieure d’arts, étaient impliquées et une exposition a été présentée jusqu’au 17 mars dans le Hall du Théâtre.

Parce que les habitudes de collaboration artistique sont anciennes, c’est tout naturellement que, sous la conduite de leur professeur, les élèves de l’option arts plastiques du lycée Paul Duez ont travaillé pour présenter une cinquantaine d’œuvres : un travail de création reconnu de manière unanime lors de l’inauguration.
Quelle n’a pas été notre stupéfaction de constater que le maire - la mairie étant par ailleurs propriétaire des locaux du théâtre - a demandé le décrochage de 3 des œuvres des élèves, jugées « choquantes voire obscènes ou pornographiques », demande à laquelle la Proviseure du Lycée P. Duez, par ailleurs son adjointe à la culture, s’est empressée d’obtempérer. Il s’agissait de moulage de poitrines féminines recouvertes des insultes que malheureusement beaucoup de femmes subissent. Les jeunes filles qui ont réalisé ces moulages montrent que les femmes ressentent ces insultes dans leur chair. Les critiques que le maire a écoutées relèvent du contre-sens total car l’obscénité et la pornographie dont on accuse leurs œuvres, c’est exactement cela que les jeunes filles dénoncent.

L’émotion est grande devant cet acte de censure qui sent le retour à un ordre moral réactionnaire. Les élèves ne comprennent pas un tel autoritarisme, une atteinte à la liberté d’expression et à leur liberté de création.
Les professeurs y voient une remise en cause de leur liberté pédagogique et de leur engagement pour faire évoluer les consciences.
Parents, enseignants et citoyens attachés à ce que l’école reste un lieu de débat, d’ouverture, d’esprit critique, de liberté se sont rassemblés ce vendredi 17 mars devant le théâtre pour dénoncer l’attitude du maire de Cambrai relayée par la proviseur du lycée

La section SNES-FSU de l’établissement, ainsi que la section académique du SNES-FSU apportent leur soutien total aux collègues et aux élèves du lycée Paul Duez. Nous n’en resterons pas là, élèves et enseignants veulent être écoutés : doit-on comprendre qu’à Cambrai il n’y a pas de lutte possible contre les discriminations ou que la culture et la pédagogie sont décidées dans le bureau du Maire ?