Texte action de la CAA du SNES-FSU de Lille du 10 novembre 2017

L’évolution de la situation politique, économique et sociale depuis quelques mois, les passages en force pour imposer des contre-réformes, les reculs et remises en cause des droits des travailleurs ont conduit à des mobilisations unitaires dans le secteur privé comme dans la Fonction publique, dans lesquelles le SNES et la FSU auraient dû s’inscrire depuis fin août et devraient à l’avenir s’y engager comme le 16 novembre.

L’action FP du 10 octobre, sans être une grève majoritaire, a été une vraie réussite : Les remontées d’établissements ont fait état de taux de grévistes importants avec des pics à plus de 50 % pour certains d’entre-eux , les cortèges de manifestants ont été beaucoup plus fournis que lors des derniers mouvements sociaux et, surtout, nos militants ont senti une forte adhésion à nos mots d’ordre, que ce soit dans les salles des profs, lors des permanences, des stages syndicaux, via les réseaux sociaux ou les messages reçus au S3, même si le passage à l’action n’a pas toujours suivi [pour d’autres raisons, notamment la question de la pertinence d’une grève de 24 h sans suite annoncée ou même de mise en perspective].

Dans ce contexte, il serait incompréhensible d’en rester là sous prétexte de maintenir l’unité syndicale et, au final, d’oublier l’action pour s’aligner sur les syndicats qui sont entrés dans le mouvement à reculons (l’UNSA et la CFDT), voire qui sont opposés au PPCR (le SNALC) : le SNES et la FSU se doivent de prendre leurs responsabilités dans la FP et maintenir la pression qu’ils ont très largement contribué à mettre en place depuis septembre, la seule à même d’obtenir le déblocage du PPCR, le dégel du point d’indice ou encore l’abandon de la journée de carence.
Alors que les politiques gouvernementales tentent d’imposer un tournant antisocial sans précédent depuis 1945 à notre société nous avons l’impérieuse nécessité de retrouver et d’affirmer notre identité syndicale, de montrer aux syndiqués et à l’ensemble des personnels que nous appartenons sans ambiguïté au camp du progrès et de la transformation sociale, et en finir avec les hésitations ou tergiversations, ressenties comme autant de signes de faiblesse syndicale [et qui pourraient nous faire reculer aux prochaines élections professionnelles.]
La CAA du SNES-FSU de Lille propose de poursuivre la mobilisation et de montrer les convergences public – privé en alternant les actions interpro et FP avec les organisations partageant notre plate forme ; sur la Fonction Publique, la FSU doit continuer d’avoir un rôle moteur sans se laisser freiner par les syndicats d’accompagnement, proposer et mettre en œuvre des initiatives qui peuvent alterner des actions de communication de type carte postale (à condition d’y mettre les moyens) et de nouvelles journées de mobilisation (manifestation nationale, grève...) L’unité est souhaitable mais ne peut et ne doit pas être un obstacle à l’action. Cela permettrait d’occuper plus durablement le terrain (et le champ médiatique), tout en créant les liens et solidarités nécessaires à la construction d’un mouvement victorieux.

Réforme de l’orientation post-bac

La presse se fait l’écho de projet de réforme du bac et du lycée, façon Darcos, à savoir bac et lycée modulaires. Le SNES-FSU doit montrer - pour mieux les dénoncer et afin de préparer la mobilisation indispensable - qu’avec le projet Blanquer, il s’agit d’accroître les inégalités, de désorganiser et de mettre en place la primarisation du collège tout en préparant un continuum bac-3 / bac+3.
Le Snes-FSU doit faire une campagne positive auprès des collègues et de l’opinion publique (à l’instar de l’affiche « oui, le bac a du sens ») pour réaffirmer que le bac doit rester le premier grade universitaire permettant aux élèves d’intégrer la filière de leur choix, le lycée doit donc les mettre en capacité de réussir cette orientation choisie (ce qui nécessite des effectifs allégés, la mise en place d’un accompagnement réellement personnalisé, etc.). Affirmer l’exigence d’une formation de qualité pour tous les bacheliers, c’est aussi refuser la sélection voulue pour l’orientation post-bac.
En effet, sous couvert du désastre d’APB en fin d’année scolaire dernière (des milliers de bacheliers naufragés par l’algorithme, 90 000 étudiants n’ont pas obtenu leur premier vœu de formation), le ministère veut mettre en place une réforme de l’orientation qui mêle improvisation (instauration d’un 2e PP en terminale sans penser aux impossibilités techniques, comme celles liées à l’ISOE part modulable), esbroufe (semaines de l’orientation, MOOC, …), déréglementations et surtout remise en cause de l’accès libre à l’université : Le projet de loi supprime du code de l’éducation le principe suivant : « Tout candidat est libre de s’inscrire dans l’établissement de son choix ».
Or, c’est d’abord et avant tout l’asphyxie budgétaire des universités et le manque de places dans les formations après des années d’austérité et le refus d’anticiper l’évolution démographique qui expliquent la crise actuelle. Car après l’afflux de 40 000 étudiants de plus en 2017, l’année prochaine, 45 000 supplémentaires devraient rejoindre l’enseignement supérieur. A défaut de créer les postes nécessaires à l’université, désormais, si la loi voit le jour, chaque inscription se fera « dans la limite des capacités d’accueil » de chaque formation « après vérification de la cohérence entre, d’une part, le projet de formation du candidat, les acquis de sa formation initiale ou ses compétences et, d’autre part, les caractéristiques de la formation. »
Le projet ministériel distingue « formation sélective » et « non sélective » dans les modalités d’affectation des bacheliers mais sans préciser que désormais n’importe quelle formation peut devenir sélective d’une année sur l’autre en fonction des capacités d’accueil fixées par le recteur. Privées de moyens, combien d’universités joueront la carte de la sélection ou restreindront elles-mêmes leurs capacités d’accueil ?
Le gouvernement a beau s’en défendre, mais, dès lors que l’on institue des quotas, des « prérequis » ou des « attendus », en plus de l’obtention du diplôme, on met une conditionnalité et c’est donc dans les faits une sélection qui s’impose. Ce qui veut dire que le bac (que le gouvernement entend réformer – un bac réduit à 4 épreuves terminales, le reste étant en contrôle continu, ce qui signifie la fin du bac en tant que diplôme national) cesse de fait d’être le premier grade universitaire.
En lieu et place d’APB, chaque futur bachelier pourra formuler jusqu’à 10 vœux (contre 24 précédemment). Il n’y aura plus de hiérarchie des vœux donc chaque vœu devra « être souhaité et motivé ». Le gouvernement, ignorant les PSYEN, voudrait que les professeurs eux-mêmes (alors qu’il existe plus de 12 000 formations dans le supérieur pour la plupart inconnues des professeurs du secondaire !) participent à la sélection et trient les élèves en fonction de leurs résultats en amont du bac et avant l’examen de leur dossier par les établissements du supérieur qui auront désormais accès aux bulletins trimestriels de la 1re et de la terminale (1er et 2e trimestres) et aux résultats aux épreuves anticipées du baccalauréat.
Pour nous, il ne peut être question d’accepter un tel projet et encore moins d’y participer. La CAA demande que le SNES-FSU donne la consigne suivante : le SNES-FSU appelle les enseignants et les CPE à défendre le droit pour chaque bachelier d’accéder à la formation de son choix, l’accès à l’université pour toutes et tous, que les projets d’étude soient choisis et non pas subis en fonction de logiques comptables, ce qui implique des moyens pour l’université. Pour ce faire, ils pourraient, par exemple, donner systématiquement un avis favorable à tous les voeux des lycéens ?
Par ailleurs, alors que le gouvernement veut aller vite en quelques semaines, il est urgent de construire la mobilisation à tous les niveaux dans les lycées et les universités.

La CAA continue enfin à dénoncer les orientations qui visent à privilégier les bacs pro en BTS et les bacs techno en IUT – expérimentation généralisée à 20 académies cette année contre 4 l’an dernier. Couplée à la réforme post-bac, cela risque de laisser des milliers de jeunes bacheliers en-dehors de toute poursuite d’études possible.

La région et les lycées : opacité et choix budgétaires

Depuis plus de deux ans, la région ne communique plus avec les organisations syndicales et refuse de donner les délibérations du conseil régional, ou alors, de nombreux mois plus tard.
Lors des instances comme le CAEN, peu de documents sont donnés, et ils le sont en séance.
La FSU et le SNES ont dénoncé cette opacité et ce refus de discussions et de dialogue de la région.
Au sein des établissements, la région a mis en place un dialogue personnalisé avec les équipes de direction, sans y associer les représentants des personnels. La CAA demande à tous les représentants des personnels d’exiger d’être associés aux discussions avec la région sur les choix budgétaires et sur le programme prévisionnel d’investissement 2016 2021.

Cette opacité ne permet pas de cacher les nouveaux choix politiques de la région Hauts de France : la baisse des dotations des lycées pour le public (95 % du budget des années précédentes) et une volonté affichée de subventionnement des établissements privés.
La CAA dénonce ces choix régionaux et exige que la région assure ses missions de service public vers les élèves les plus fragiles, donc vers les lycées publics.

Contrats aidés

La CAA du SNES-FSU de Lille condamne fermement la suppression des contrats aidés : si nous ne sommes pas favorables à ces emplois temporaires pour répondre à des besoins pérennes, il n’est pas admissible de laisser sans solution des personnels précaires qui apprennent subitement leur non-renouvellement, ni de plonger les établissements dans des difficultés matérielles insolubles.
Les conseils d’administration qui auront lieu d’ici la fin du mois de novembre doivent être l’occasion d’obtenir un bilan humain et chiffré par collège et lycée des suppressions de contrats aidés. Il faut également y faire voter des motions demandant le rétablissement de ces contrats, et décider toutes les mobilisations et actions locales possibles. Le SNES-FSU appelle également à participer aux mobilisations qui se poursuivent à tous les niveaux.

PSYEN

La CAA du SNES-FSU appelle les personnels du nouveau corps des PSYEN à voter pour la liste SNUIPP-SNES-FSU d’ici le 25 novembre (le vote se fait uniquement par correspondance et les bulletins doivent impérativement arriver au rectorat le 28 novembre, le cachet ne fait pas foi).
La FSU est la seule à avoir pu présenter une liste complète et équilibrée entre 1er et 2d degrés.
Ce sont le SNES et la FSU qui ont contribué à la création de ce corps revalorisé (obtention de la hors-classe pour les COPSY qui en étaient privés jusqu’ici par exemple), et les nouveaux élus pourront s’appuyer sur l’expérience des commissaires paritaires du SNES qui siégeaient majoritairement en CAPA des COPSYS jusqu’ici.

Mineurs isolés, protection et scolarisation.

Le SNES-FSU s’insurge contre le projet gouvernemental qui vise à réformer l’accueil des mineurs non accompagnés.
Surfant sur des préjugés dignes de l’extrême-droite, il prévoit de donner raison aux départements les plus réactionnaires qui refusent de prendre en charge, comme la loi l’impose, dans le cadre de la protection de l’enfance, ces enfants et adolescents et de renvoyer cette prise en charge à l’Etat. Cela revient à considérer ces mineurs comme des majeurs, à leur refuser la protection de l’enfance à laquelle ils ont droit, à pouvoir les déscolariser, les mettre en centre de rétention et les expulser. Le SNES-FSU doit être à l’initiative d’actions communes avec la LDH et toutes les organisations concernées pour faire échouer ce projet de loi.