De quoi s’agit-il ?

Pour éviter la grogne des établissements qui n’en peuvent plus de voir les postes de PsyEN vacants ou non remplacés, pour camoufler la difficulté de recruter des contractuel·le·s,  il est proposé de découper les missions et les pratiques des PsyEN en tranches et de spécialiser les interventions:

  • Un PsyEN pour les bilans psychométriques
  • Un PsyEN pour les études statistiques
  • Un PsyEN pour les outils numériques
  • Un PsyEN pour l’évènementiel (préparation des salons et autres)
  • Un PsyEN sur la documentation
  • Un PsyEN sur les questions de climat scolaire
  • Un PsyEN pour 4 collèges «  importants et éloignés »

Il n’y aurait donc plus d’établissements attribués à un PsyEN qui y travaillerait régulièrement mais un PsyEN-référent qui pourrait intervenir ponctuellement.

Cette brillante invention serait placée sous le signe du « plaisir » car le PsyEN pourrait faire ce qu’il aime !

Tout PsyEN, c’est bien connu, rêve de passer son temps à renseigner des tableaux de statistiques, à enchaîner les bilans sans aucun suivi ensuite et à préparer des salons ! Des arguments de poids pour rendre le métier plus attractif !

La Taylorisation en marche

L’administration n’a pas tardé à se saisir de l’idée et commence, dans certaines académies, à réunir les DCIO pour leur demander de réfléchir à cette innovation… des années 60 ! A cette époque, il y avait un CIO par département et les conseillers intervenaient en brigades dans les écoles et établissements pour appliquer des batteries de tests collectifs.

Le SNES dénonçait d’ailleurs déjà ces pratiques et demandait des recrutements et un réel travail « d’observation continue ».

C’est un pas de plus dans l’imposition de pratiques complètement déréalisées qui ignorent délibérément la réalité des métiers et leurs valeurs.

A quoi sert un bilan s’il n’y a pas de travail de suivi des adolescents, des familles et de coconstruction de dispositifs d’aide avec les équipes ? Comment contribuer à l’amélioration du climat scolaire de l’extérieur et avec des présences ponctuelles et ciblées ? Comment exercer réellement un travail de veille et de prévention sans côtoyer régulièrement les élèves et les équipes, et pouvoir répondre si besoin à des demandes urgentes ? Comment oser réduire le travail sur l’orientation à l’information et aux salons ?  Comment conseiller utilement le chef d’établissement, rôle pourtant si souvent mis en avant par notre hiérarchie, en travaillant en « escouades »  ?!

Quel drôle de psychologue ferions-nous si nous cédions à ces injonctions !

Un expert en psychotechnique, en protocole et en procédure, livrant ses diagnostics de l’extérieur sans intelligence clinique, sans capacité d’analyse institutionnelle, et sans propositions pour favoriser le développement singulier de chaque adolescent, ni réflexions, ni actions avec les autres membres de l’équipe pédagogique et pluri-professionnelle !

Ce mode de fonctionnement en « brigades » ne nous est pas réservée puisque dans l’académie de Nantes, devant la pénurie de professeurs de technologie, l’administration organise en urgence des « brigades » d’enseignants qui vont en quelques jours « rattraper » les enseignements perdus avec des élèves qui n’ont pas eu de professeurs depuis la rentrée mais vont tout de même avoir une épreuve de technologie au brevet !

La casse du service public d’orientation et d’éducation menée par le Ministre Blanquer est maintenant patente.

Des postes manquent dans tous les métiers et l’administration se contorsionne pour le dissimuler !

Il y a urgence à défendre notre métier de PsyEN !

Ce que cela cache…

  • Une des solutions avancées : couper dans les missions

Depuis la rentrée, les conditions de travail se sont considérablement dégradées dans les CIO : postes vacants, absence de DCIO en de nombreux endroits, contractuels introuvables…

Ne cherchez pas la cause dans des recrutements notoirement insuffisants (trois  fois moins que les besoins), dans les salaires trop bas ou dans les conditions d’exercice difficiles, on vous dit qu’il y a trop de missions et qu’il faut se concentrer sur l’essentiel ! Il y a manifestement divergence entre ce qui est considéré comme essentiel pour l’administration et ce qu’en pensent les Psychologues de l’Éducation nationale.

Certaines directives académiques ont d’ailleurs parfois de quoi surprendre en mettant en exergue des missions qui ne figurent pas dans la circulaire nationale ! Il ne serait pas étonnant que l’on voit refleurir prochainement quelques enquêtes, prétendument issues du terrain où la nécessité de revoir les missions serait affirmée !

  • Autre piste : déléguer aux associations

Le MENJS a choisi de labelliser plusieurs organismes privés, subventionnés par de grands groupes industriels ou financiers pour « accompagner l’orientation ».

La plupart de ces organismes, que l’ONISEP référence également, ne sont spécialistes ni de l’orientation, ni de la psychologie de l’adolescence. Mais ils ont des moyens et apparaissent aux yeux de notre hiérarchie comme incontournables ! Certains ne vont-ils pas jusqu’à imaginer que les PsyEN pourraient former tous ces intervenants !

Plus on assèche le service public, plus on finance le privé qui d’ailleurs peut proposer des prestations payantes en plus de récupérer les données personnelles des jeunes !

  • Se limiter aux situations d’urgence ou aux publics les plus en difficulté

Alors que les jeunes et les équipes ont besoin de continuité, de temps et de rencontres humaines, la tension sur les moyens va faire privilégier les cellules d’urgence, les publics de décrocheurs et les élèves relevant de l’inclusion.

Plus de prévention, plus de suivis mais des sparadraps ! Nous ne sommes pas des urgentistes mais des généralistes !

Le SNES-FSU n’est pas un adepte de la stratégie de la résignation.

Le SNES-FSU affirme clairement ses revendications pour que puissent se mettre en place sur le terrain une véritable psychologie de l’émancipation, tournée vars le développement le plus harmonieux possible de chacun, le respect de la déontologie et la lutte contre les inégalités et les discriminations.

Ce n’est pas la politique mise en œuvre, il est temps de mettre un coup d’arrêt à ces dérives mortifères pour la profession et pour le service public d’orientation.

Il faut se mobiliser collectivement pour refuser cette dénaturation de nos missions et de notre spécialité.

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