18 juin 2015

Les établissements

Déclaration des élus FSU sur les IMP au CA du Lycée Paul Duez de Cambrai

"Le conseil d’administration du lycée paul duez doit ce soir émettre un avis au sujet des indemnités pour mission particulières.
Les élus FSU ne prendront pas part au vote. Ils considèrent que ce n’est pas au conseil d’administration d’un EPLE de statuer sur une partie de la rémunération des personnels enseignants qui sont des fonctionnaires d’état recrutés et payés par le ministère de l’éducation nationale. Ils y voient là les risques d’arbitraire possible. Ces rémunérations ne peuvent dépendre de la volonté des élus, des représentants d’élèves ou de parents dont ce n’est pas à notre avis le rôle en CA.
Ces IMP sont pernicieuses et insuffisantes.
En effet, Ces IMP sont un nouveau moyen potentiel de management par la performance et de division entre collègues. Elles peuvent être sources d’inégalités et de déséquilibre entre disciplines.
Elles participant à la déréglementation de nos professions alors que les taches couvertes par les missions faisaient l’objet auparavant d’un texte national fixant des règles identiques dans tous les établissements : comment comprendre que les fonctions de coordonnateur en sciences physiques ou en histoire géo, pourraient être rémunérées différemment d’un établissement à l’autre sachant que les taches sont comparables.
Ce nouveau système va provoquer chaque année des débats entre collègues attisant la cupidité parfois et la concurrence toujours pour se voir reconnaitre des taches considérées comme essentielles au bon fonctionnement de nos établissements.
Enfin sous couvert d’IMP, les missions des coordonnateurs sont revues, chargés « d’animer un projet disciplinaire ou interdisciplinaire », « d’animer le travail pédagogique de ses collègues » en plus des tâches et fonctions traditionnelles de suivi du matériel ou de transmission d’information. La frontière est mince vers la caporalisation et la mise en place de hiérarchies intermédiaires.
C’est d’autant plus vrai que l’introduction de coordination possible de cycle ou de niveau permet d’aller à l’encontre de la liberté pédagogique de l’enseignant obligé de rendre des comptes à un collègue et voyant sa capacité à gérer ses classes de manière autonome remise en cause : une fonction de professeur dévalorisée et chargé à terme d’appliquer des recettes décrétées comme justes et efficace à un autre niveau de l’institution par certains reconnus comme experts par un chef d’établissement, car percevant des IMP et siégeant sans doute dans un conseil pédagogique aux attributions renforcées.
Ce dont nous avons besoin, c’est de temps pour travailler en équipe, de temps pour nous concerter et échanger, pas de tuteurs –évaluateurs, délégués du chef d’établissement ce que permet ce système.
Ces IMP sont Insuffisantes parce qu’elles remplacent un système qui permettait des décharges : elles viennent couvrir de vraies activités qui seront considérées désormais toujours en surcharge de travail en plus des obligations de service.
Si elles viennent mettre fin à un système parfois obscur de versement d’HSE, elles ne permettent pas de couvrir de nombreuses tâches réalisées par les collègues en plus de leurs fonctions d’enseignement : elles mettent à mal par exemple la rémunération de notre système de devoirs surveillés pourtant essentiel à l’entrainement au bac pour les élèves ; elle ne pourront pas être versées à tous les coordonnateurs de disciplines, il faudra faire des choix entre ceux qui la méritent et ceux qui, sans doute, ne sont pas dans la discipline reconnue.
Elles ne peuvent qu’être un leurre au moment où nos salaires sont bloqués depuis plusieurs années, celui de penser que ce système pourrait venir mobiliser et reconnaitre l’investissement des collègues.
Quand elles viennent remplacer des HSA qui étaient versées en reconnaissance de missions de coordination, elles ne sont pas autant rémunérées : de très nombreux collègues vont y perdre, seuls les certifiés classe normale dont l’échelon est inférieur au 6e échelon ne voient pas de diminution de rémunération. De plus, leur fractionnement limité n’autorise que peu de souplesse ou de partage.
Surtout, nous ne nous sentons pas légitime pour juger de la nécessité de valoriser ou pas telle ou telle activité menée par les enseignants ; nous ne voyons pas ce qui peut nous permettre de juger de l’importance ou non du travail mené par nos collègues. A nos yeux, toutes les disciplines se valent, toutes ont besoin de voir reconnaitre un travail de coordination.
Nous sommes en tout cas attachés à ce que les critères d’attribution soient clairement énoncés et connus, que les IMP viennent reconnaitre un travail effectif sur des missions rayonnant sur l’établissement, essentielles au bon fonctionnement et ne puissent être personnalisées, afin d’éviter des dérives vers des rémunérations effectuées à la tête du client.
Si nous reconnaissons que le travail a été mené en concertation et que sur notre établissement, le pire a été pour l’instant évité, nous voulons par notre position protester contre cette évolution dangereuse. "