L’annonce de la suppression de la Technologie en 6e par le ministre Ndiaye relève de la maltraitance institutionnelle.
– Sur la forme, découvrir dans les médias qu’ils vont perdre leur poste ou partir en complément de service parce que quelqu’un, au ministère, l’a décidé… au doigt mouillé... est d’une extrême violence pour les enseignant.es de Technologie. Ce n’est rien d’autre qu’un plan social sur deux ans, sans aucune considération pour leur travail.
– Sur le fond, il s’agit d’un choix purement économique qui s’explique par le refus du gouvernement d’investir dans l’éducation. Où est la plus-value pour les élèves lorsqu’on leur supprime un enseignement et qu’on leur retire la possibilité d’acquérir une meilleure compréhension du monde ? C’est un non-sens pédagogique qui va accentuer les difficultés des élèves dans les domaines technologiques et numériques. C’est aussi une nouvelle offensive contre la Technologie, souvent utilisée comme variable d’ajustement : suppression des groupes, diminution de l’horaire d’enseignement…
Cela augure bien mal des suites pour la réforme du collège annoncée par le ministre ! Comment ne pas y voir un risque supplémentaire de dévoiement des disciplines ?
Snes-FSU intervient dans les instances académiques et nationales pour dénoncer cette décision arbitraire. Il continuera de s’opposer à toute mesure qui fragiliserait la Technologie, et les disciplines en général.
Willy Leroux
Paroles de profs de Technologie !
« Nous sommes exaspérés ! À aucun moment cela n’avait été évoqué et on a le sentiment d’être une discipline une fois de plus sacrifiée. Dans mon collège qui souffrait déjà de la suppression définitive de tous les groupes et d’une démographie descendante, j’ai pris un temps partiel de 15H pour éviter de faire un complément de service. Pour l’année prochaine il y a un grand risque de suppression d’un poste, d’autant plus qu’on ne croit pas beaucoup à un prétendu renforcement de la technologie aux niveaux 5e/4e/3e. »
« En tant qu’ancêtre dans la Technologie, je crois que l’abandon de la pédagogie de projet et des manipulations nous a détournés de notre raison d’être. L’apprentissage sur ordinateur, la programmation… qui nous ont été imposés nécessitent moins de moyens et d’investissement que toutes les activités manipulatoires où il fallait gérer le matériel, les commandes, les matériaux, les groupes, le bruit, les réparations, le stockage… et qui nécessitaient des groupes à effectif réduit. Un dernier virage vers le numérique en cycle 4 va nous faire abandonner notre ADN. Que restera-t-il de notre matière dans quelques années ? Il faut que les élèves manipulent, travaillent en groupe, créent, fabriquent »
« Écoeuré, sans compter la méthode : annonce sur BFM, ça devient une habitude chez nos ministres. Et la 6e est le dernier niveau où les groupes restaient conseillés soit 2 heures poste pour 1h30 élève. On supprime donc beaucoup plus que l’heure nécessaire pour ce soutien en maths ou français (et qui ne résoudra pas les problèmes dans ces disciplines) »
« Pour la rentrée 2024, mon poste sera supprimé (départ en retraite), il restera donc un seul enseignant de technologie pour 22h30 de cours à assurer. C’est très loin de mon début de carrière dans ce collège en septembre 1984, avec plus de 900 élèves et une équipe de 5 professeurs d’Éducation Manuelle et Technique. »