Le « bouclier tarifaire » ne s’appliquant pas aux établissements scolaires, les factures de gaz et d’électricité explosent en passant de 40 millions d’euros en 2021 à 60 millions en 2022 et elles atteindraient 147 millions en 2023 pour les 272 lycées de la Région. Du propre aveu de la Région, le budget qu’elle allouera aux lycées pour 2023 ne couvrira que 60% de leurs besoins ; des dotations supplémentaires seront distribuées au fil de l’eau quand les budgets initiaux ne suffiront plus à payer les factures. Le projet de budget, présenté et voté au CA de novembre, se fera donc avec des dotations insuffisantes. Outre « l’insincérité » de cette démarche, cette situation va permettre à la Région de faire pression sur les administrateurs pour les enjoindre à prélever encore un peu plus sur leurs fonds de réserve et pour exiger d’eux qu’ils privilégient les crédits de viabilisation (ALO) au détriment des activités pédagogiques (AP) ou de restauration. Lors d’un CA au lycée de Liévin, une élue régionale de la majorité avait lancé cet avertissement : « entre mettre des enfants dans des bus (sic) et chauffer les classes, il faudra choisir ».
Beaucoup d’établissements ont déjà dû fonctionner l’an passé avec un budget en AP non revalorisé par rapport à celui de 2021. Or l’inflation érode sérieusement les deux principales lignes
budgétaires de l’AP à savoir les frais de photocopies (hausse de 70% des prix de la papeterie) et les sorties et voyages (hausse des carburants). Bloquer l’AP, c’est de fait réduire l’offre éducative.
Le contexte international extraordinaire ne doit pas dédouaner les collectivités locales et l’État de leurs responsabilités politiques. La qualité du bâti constitue une part importante de l’équation énergétique. Mais plutôt que d’investir dans la rénovation thermique des établissements du public, X. Bertrand préfère pour l’heure prendre à la charge du contribuable les factures de chauffage des 150 lycées privés de la région.
Olivier Mathieu