Le petit Gabriel, depuis sa nomination à l’Éducation nationale, est présenté comme le bon élève du gouvernement, le meilleur exécutant d’Emmanuel Macron dans le domaine qu’il entend se réserver : l’École.
Les postures du bon élève
C’est d’abord en matière de communication que Gabriel donne pleine satisfaction. Posture d’autorité (déjà) sur l’abaya dès la rentrée. Posture de fermeté après l’attentat d’Arras. Posture de « sincérité » pour médiatiser la lutte contre le harcèlement en milieu scolaire : le ministre ose même une interview pour mettre en scène son passé d’élève harcelé (dit-il). Des postures très connotées et soigneusement choisies… qui donnent des résultats : fin novembre, Gabriel décroche la 2e place dans le classement des personnalités politiques les
plus appréciées des Français.es… ex-aequo avec Marine le Pen.
Les dangers du syndrome du bon élève
Mais pour être un bon élève et rester aussi populaire que la cheffe de file de l’extrême-droite. Il ne suffit pas de réussir à l’oral, il faut aussi bien travailler ses réformes en peaufinant son projet d’orientation. Alors le 5 décembre, Gabriel a consciencieusement exposé ses mesures pour « l’exigence des savoirs ». Une nouvelle fois, notre premier de la classe est récompensé de ses efforts, puisque les sondages plébiscitent les annonces sur le redoublement, le DNB, les groupes de niveaux, etc. De surcroit, son volontarisme séduit au-delà de son camp : le député RN Roger Chudeau salue les mesures au collège qui « sont exactement celles du programme de Marine le Pen ». Bien sûr, pas de « préférence nationale » dans le « choc des savoirs ». Mais des propositions similaires : « restaurer l’autorité des maîtres », orienter précocement les élèves « selon les besoins de l’économie », encourager le port de l’uniforme, faire du DNB un « examen d’orientation post 3e », labelliser les manuels scolaires.
C’est un effet du syndrome du bon élève : trop attentif aux attentes extérieures, trop soucieux de rester populaire, le bon élève finit par légitimer les politiques qu’il prétend combattre.
Jean-François Carémel