LE MINISTÈRE TENTE DE DEMOLIR
AU LYCÉE : LA REMISE EN CAUSE DU MÉTIER D’ENSEIGNANT.E
En lycée, ces changements systémiques percutent le métier d’enseignant.e : avec la généralisation du contrôle continu, la pression des élèves et des parents pour obtenir des bonnes
notes s’est accrue, la fraude s’est intensifiée et notre expertise dans l’évaluation est facilement remise en cause. Beaucoup d’entre nous ont fait l’expérience d’interpellations parfois peu courtoises sur les ENT ou Pronote. Les moyennes ont évolué à la hausse et certains chefs d’établissement ont indiqué dans la presse réévaluer les moyennes transmises via Parcoursup, pour améliorer les chances de leurs élèves.
Ne voir dans ce tableau que des dérives serait passer à côté du fond : il y a encore deux ans, quand nous mettions une « note » sur les travaux des élèves c’était fondamentalement pour faire le point avec eux sur l’état de leurs apprentissages au regard des exigences de l’examen ; la note, la seule qui comptait au final, était celle attribuée à l’examen à l’issue d’un parcours entier de formation au lycée. Cette distinction entre évaluation formative et certificative a volé en éclats.
Certaines orientations sélectives (en prépa ou en BTS) prenaient déjà en compte les bulletins et c’est cette configuration que Parcoursup a choisi désormais de généraliser ; le choix de renforcer le poids du contrôle continu à l’occasion des aménagements du bac n’a fait que renforcer cette logique qui fait de nous des « prestataires de la note »
LE SNES-FSU CONSTRUIT
POUR UN LYCÉE DÉMOCRATIQUE ET ÉMANCIPATEUR
Ces évolutions s’articulent avec une conception foncièrement néolibérale de l’École, valorisant la sélection et l’individualisation des parcours au lycée sur un modèle quasi entrepreneurial.
Le congrès du Snes-Fsu a réaffirmé les mandats d’abandon des réformes des lycées et du baccalauréat, et de Parcoursup. Il demande « le retour à des séries équilibrées et cohérentes, ainsi que la revalorisation de la voie technologique. Dans l’immédiat, il demande la suppression du grand oral et des disposions transitoires comme le maintien d’un troisième enseignement de spécialité en Terminale, la suppression des épreuves communes et le report des épreuves de spécialités de Terminale en juin ». Pour les examens, il demande des « diplômes validés par des épreuves nationales terminales et anonymes, en particulier le DNB et le baccalauréat, garantissant une égalité de l’ensemble des élèves devant le diplôme ».
Bien d’autres pistes ont été débattues sur les mathématiques ou les séries technologiques et seront à l’ordre du jour du congrès exceptionnel de 2022. Fondamentalement, le Snes-Fsu a rappelé son attachement à un lycée au service « d’une éducation publique émancipatrice, laïque et permettant de développer une culture commune et l’esprit crique de la jeunesse ». Certes, il n’est pas facile de se faire entendre de l’opinion publique séduite parfois par les sirènes de l’individualisme libéral ni des formations politiques qui postulent au pouvoir. Raison de plus pour populariser largement nos revendications, celle d’un Plan d’urgence pour l’éducation par exemple, car la crise COVID a aussi montré que d’autres choix de société sont plus que jamais nécessaires
Olivier Mathieu