Nous aurions toutes raisons de vouloir le départ de JM Blanquer : ses contre-réformes bien sûr, sa morgue ou son mépris des personnels. Depuis 2017, il est installé dans une tour d’ivoire, qu’il ne quitte que pour nous abreuver de mensonges et de fausses promesses dans les médias, entre deux séances d’escalade (premier de cordée oblige). Mais les yeux rivés sur les indicateurs de la crise sanitaire, nous pourrions perdre de vue ce fait essentiel : JM Blanquer n’est qu’un outil interchangeable au service d’une vision de la société, d’un impératif dominant exigeant « l’adaptation au monde qui change », à la « concurrence mondialisée ». Y compris pour les services publics sommés d’être plus « flexibles », plus ancrés dans les « territoires » … pour être moins coûteux, de façon à réduire (encore) la « charge fiscale » des plus aisés.
La responsabilité particulière de ce ministre, c’est de vouloir faire de la crise sanitaire le catalyseur du projet éducatif néolibéral qu’il n’a pas conçu, mais qu’il veut rendre « opérationnel » en érigeant en modèle –sans le dire– l’entreprise privée. Ce qui implique l’atomisation du système au moyen d’une labellisation frénétique (« cités éducatives », « contrats locaux d’accompagnement »), d’une « autoévaluation » des établissements qui vise à donner les clés de nos métiers aux managers. Mettre au jour les logiques contractuelles qui sous-tendent ces dispositifs, c’est déjà refuser syndicalement des politiques invasives et régressives et faire entendre la voix des personnels à un an d’échéances électorales majeures.
Jean-François Carémel