À chaque drame médiatisé, les politiques s’élèvent contre les attaques dont est l’objet le « sanctuaire éducation nationale ». Ils et elles, à chaque fois, font part de leur détermination à rétablir « l’école » comme un refuge, comme un lieu de tranquillité à préserver où les personnels et les usagers seront protégés. Cette posture a bien sûr culminé après l’attentat d’Arras, mais elle a aussi été mobilisée très récemment, dans une forme d’urgence et sans attendre de connaître la réalité des faits, à l’occasion de récentes agressions de collégiens.
Ceci n’est pas nouveau. La question de la violence qui implique l’École, de l’agression physique jusqu’à la mort (y compris comme conséquence du harcèlement), est souvent utilisée pour évoquer un passé fantasmé, celui d’une « école-sanctuaire ».
Cette communication bien consensuelle est en réalité d’un cynisme intolérable. La majorité a fait de l’école publique une cible et un champ de tensions qu’elle attise en permanence.
Sanctuarise-t-on les collèges et lycées quand on organise la baisse du nombre d’agents, CPE, AESH, AED, enseignant.es, en première ligne sur le terrain pour faire face au harcèlement ? quand le suivi au quotidien des élèves devient impossible avec des groupes-classes que l’on fait éclater au lycée et désormais au collège ?
Les politiques contribuent-ils à la sérénité, quand ils parlent de l’école comme un lieu d’affrontement, et utilisent le lexique de la guerre ? quand N. Belloubet explique vouloir « projeter » une « force mobile scolaire » nationale pour assurer la sécurité dans certains établissements ?
Fait-on de l’espace scolaire un lieu protégé pour l’émancipation par les savoirs, quand on sape avec constance les conditions de travail, l’identité professionnelle, la formation disciplinaire ?
Au SNES-FSU, nous affirmons qu’infliger des réformes éducatives qui structurent les inégalités et compromettent tout espoir de réussir est aussi une forme de violence sociale, aussi légitime à combattre que les autres !
Jean-François Carémel