11 juillet 2018

Actualité

Scandale au bac S dans l’Académie de Lille : épilogue …

Comme vous le savez déjà si vous avez lu nos précédents communiqués, les services du rectorat sont allés d’erreur en erreur, depuis le 22 juin, dans la gestion d’un incident lié à l’impossibilité pour près de 200 candidats d’utiliser leurs calculatrices programmables de manière normale lors des épreuves de Sciences Physiques et de mathématiques, principalement sur le centre d’examen du lycée Pierre Forest de Maubeuge. N’ayant pas fait le choix de réorganiser l’épreuve dans des conditions équitables pour ces candidats (ce qui aurait été la seule solution acceptable), les services du rectorat ont dans un premier temps tenté de modifier les notes attribuées à l’issue des corrections des copies sans aucune autre logique que d’éviter tout recours des familles.

N’ayant pas pris la peine d’avertir les correcteurs, de respecter les jurys d’examen et face à la légitime protestation des examinateurs relayée par la section académique du SNES FSU, une deuxième modification des notes, cette fois en s’appuyant sur les dossiers scolaires, a été opérée jeudi 5 juillet après midi par des inspecteurs. Mais là encore, tout cela s’est fait sans les jurys d’examen et donc sans délibération : cette deuxième modification, qui se voulait plus juste, se faisait donc elle aussi en dehors de tout cadre légal.

Quatrième dysfonctionnement, le fait d’avoir remis le vendredi 6 juillet aux élèves concernés leurs relevés de notes. Celui-ci attribuait donc l’examen sans que les jurys n’aient pu réellement statuer. Fait sans précédent qui à nouveau expose le Rectorat à des recours juridiques. La section académique du SNES FSU a dénoncé à nouveau cette situation, aux côtés des correcteurs scandalisés du peu de prise en considération de leur rôle et parce que nous sommes et continuerons de l’être, attachés à un examen national, exigeant, reconnu car passé dans des conditions équitables.

Vendredi 6 juillet après-midi sous la pression, le rectorat s’est résolu à reconvoquer les jurys et annonce une nouvelle délibération. Que de dégâts émotionnels pour les candidats à qui on avait délivré un diplôme le matin même… mais aussi quelle pression pour les correcteurs convoqués dans l’urgence et à qui on donnait la possibilité de revenir en arrière et enfin de délibérer, annonçait-on…

En fait une solution qui n’en était pas une.

La réunion qui s’est tenue ce lundi 9 juillet à 17h30 a certes permis aux 150 examinateurs réunis d’entendre de la part des services du rectorat une reconnaissance des erreurs commises, une responsabilité assumée et l’annonce d’une enquête interne pour tirer cette affaire au clair. Pour autant, imaginer qu’une délibération sereine puisse se tenir le lundi 9 juillet pour revenir sur des résultats distribués 3 jours auparavant était totalement illusoire. D’autant que rien n’était organisé au centre d’examen du lycée Wallon de Valenciennes pour permettre une réelle délibération souveraine dans des conditions normales : absence d’accès informatique et donc d’accès aux dossiers scolaires, absence des relevés de notes des élèves, absence des bordereaux de notes pour l’oral de contrôle, absence des listings de notes de l’écrit… Les correcteurs, excédés et épuisés, présents sur le centre depuis plus de 11 heures, n’ont donc pas pu délibérer valablement et la majorité a décidé de ne pas revenir sur les dernières notes attribuées aux candidats qui, de l’avis majoritaire, n’avaient pas à subir les conséquences d’une série d’erreurs de l’administration. D’ailleurs, qui pouvait sérieusement imaginer que ces enseignants convoqués en jurys allaient prendre la responsabilité éventuelle d’enlever un diplôme délivré quelques jours auparavant ?

Si le Rectorat avait souhaité une réelle délibération, les résultats de ces 200 candidats auraient été suspendus le vendredi 6 juillet. Les notes définitives des candidats au bac S de ce centre d’examen ont donc été fixées tardivement dans la soirée du lundi 9 juillet dans le cadre d’un dispositif qui, jusqu’au bout, est resté insatisfaisant.

Au final, cette série d’erreurs et la manière dont cette triste affaire a été gérée par le service du Rectorat est un mauvais coup porté au baccalauréat et à la valeur de cet examen national, 1er grade universitaire. Il préfigure de manière très inquiétante ce qui risque de se multiplier si le projet de réforme du bac du ministre Blanquer est mis en application dès juin 2020 puisqu’il prévoit de laisser 40% des notes à la gestion locale en dehors de tout regard extérieur et de toute régulation globale par un échelon supérieur.

La section académique du SNES FSU de Lille, aux côtés des professeurs, s’est mobilisée pleinement durant toute cette affaire. Elle restera très vigilante pour dénoncer tout ce qui portera atteinte à cet examen national qu’est le baccalauréat, porteur d’égalité républicaine dans l’accès aux études supérieures. Elle demande à avoir accès aux résultats de l’enquête interne diligentée concernant cette session du Bac S de juin 2018 et veillera à ce que des dispositifs de régulation de ce genre d’incident soient mis en œuvre à l’avenir, afin de préserver des conditions équitables pour tous les candidats dans le respect de la souveraineté des jurys.