30 septembre 2021

Les articles des Bulletins Académiques

BA324 - Recrutement local : ni nouveau, ni efficace

Néo-management

Recrutement local : ni nouveau, ni efficace

Emmanuel Macron a annoncé une expérimentation censée résoudre les difficultés scolaires dans les quartiers d’éducation prioritaire de la ville de Marseille : le recrutement des enseignant.e.s par les chef.fe.s d’établissement ! Or cette idée, issue du néo-management, n’est pas nouvelle. Elle a déjà été expérimentée lors de la mise en place du dispositif ECLAIR par Luc Chatel, en 2011 et s’est soldée par un échec. Il s’agissait de permettre au chef d’établissement de recruter des enseignant.e.s en leur faisant signer une lettre de mission, et de créer de nouvelles fonctions comme celle du « préfet des études » aux résonances plus sécuritaires que pédagogiques, et autres « assistants chargés de la prévention et de la sécurité », fonctions qui semblaient sonner le glas de la priorité à la pédagogie. Ce dispositif a reçu des moyens particuliers pour parvenir à ses fins, et les « primes au mérite » allouées en toute discrétion par le chef d’établissement à certain.e.s enseignant.e.s ont ainsi joué un rôle particulièrement dévastateur en brisant le sens de l’intérêt collectif. Mais ce dispositif n’a pas permis de pourvoir les postes. Dans l’académie de Lille, ce recrutement sur profil a davantage séduit les collègues qui souhaitaient une mutation sur la MEL, et 35 % des postes en ECLAIR n’ont pas été pourvus dans les collèges éloignés de la métropole, dans l’Avesnois par exemple. Pour l’amélioration des conditions d’enseignement dans ces zones, le Snes-FSU revendique des effectifs de 20 élèves par classe, des demi groupes, une dotation en poste d’infirmier.ère.s, de Psy-EN, d’AS, de CPE et d’AED.

Magali Laumenerch