Dans le cadre de la réforme de la formation et des concours, le ministère impose à marche forcée la mise en œuvre du dispositif « contractuel.le.s alternant.e.s » proposant aux étudiants préparant les concours d’entrée au métiers de l’enseignement et CPE (inscrits en master MEEF, métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation, au sein des INSPE) de devenir « alternant » et d’articuler une année de master 2 bien chargée par la préparation aux concours et la rédaction d’un mémoire, - et une affectation en qualité de non titulaire à tiers temps censée les « aider » dans la préparation de l’épreuve professionnelle de leur concours. Le tout payé 660€ nets par mois, avec un tuteur indemnisé 600€ nets pour l’année scolaire. Une main d’œuvre précaire, pressurée, et bon marché, donc...
Des conséquences pour la mobilité des personnels
A Lille, le rectorat prévoit à la rentrée l’affectation de 494 alternant.e.s, dont 24 CPE. La mise en œuvre de ce dispositif s’est traduite par le choix de bloquer de nombreux postes à temps plein, modalité lourdement dénoncée par le SNES et la FSU qui n’ont obtenu que le déblocage des supports prévus pour les professeurs documentalistes et les CPE. Ces blocages vont léser les participants aux mutations, dans un contexte où la mobilité est déjà lourdement dégradée par les 194 suppressions d’emploi pour la rentrée scolaire, qui s’ajoutent aux nombreuses suppressions subies les années précédentes.
Des conséquences sur l’organisation des établissements
Les TRMD ont été établis sans prendre en compte l’affectation des alternants. Ainsi, pour certaines disciplines, un service de 6h ne collera pas avec les TRMD arrêtés au mois de mars sauf à partager une classe. Les établissements ont commencé à élaborer leurs répartitions début juin sans savoir s’ils accueilleront des alternants, et sans savoir qui viendra compléter le service de celui-ci (probablement un non titulaire affecté de fait sur un temps partiel imposé...).
Des conséquences sur les conditions d’apprentissages des élèves
Les alternants seront dans les établissements 6 heures par semaine sur deux jours. En fonction des disciplines et des grilles horaires... Tout.e enseignant.e s’interrogera sur la pertinence pédagogique pour les élèves d’une part, et sur les difficultés que vont rencontrer les alternants d’autres part… Le Snes-Fsu exige l’affectation des étudiant.e.s alternants en surnombre (comme les textes en prévoient la possibilité), et sur le service de leur tuteur. Il continue d’exiger la mise en place d’un réel pré-recrutement, par l’allocation d’aides financières pour les étudiant.e.s destiné.e.s aux métiers de l’éducation, la mise en œuvre d’une réforme de la formation ambitieuse et une entrée progressive dans le métier.
Maeva Bismuth