En cette fin de deuxième semaine de la présente année scolaire 2005-2006 - le temps pour chacun de faire connaissance, de prendre la mesure de son emploi du temps et de la charge de travail qui serait la sienne, et donc le plus rapidement possible compte tenu des fréquentes discussions que nous avons pu avoir entre collègues sur le sujet — nous souhaitons vous informer par la présente de notre décision collective de ne pas effectuer les heures de remise à niveau en 6e ni celles d’aide individualisée en 5e (heures dont la mise en place et la gestion sont décrites dans le B.O. n°28 du 15 juillet 1999).
En refusant d’effectuer ces heures supplémentaires, d’une part nous refusons les contradictions de fonctionnement imposées par l’institution, d’autre part nous manifestons notre inquiétude face à l’augmentation constante de notre charge de travail, laquelle ne peut contribuer à améliorer la qualité de l’enseignement proposé aux élèves, enfin nous mettons en évidence une insuffisance en moyens qu’on ne peut indéfiniment prétendre régler par l’appel au volontariat des collègues.
Depuis plusieurs années, l’horaire hebdomadaire de français a diminué, de même que la possibilité intégrée dans le service de dédoubler la classe une fois par semaine a disparu. Cela se traduit pour l’enseignant par un plus grand nombre de classes, et pour les élèves par une réduction de fait, sinon des objectifs disciplinaires, au moins du temps d’apprentissage qui leur est consacré. De la part de l’institution, il est contradictoire, et il n’est ni honnête ni sérieux, de prétendre compenser ces réductions d’horaires par le saupoudrage d’une dizaine d’heures censées gommer miraculeusement des lacunes douloureuses pour les élèves les plus en difficulté.
Le contexte actuel, appelant à imposer d’autres heures supplémentaires aux collègues avec de nouvelles contraintes de remplacement, nous conforte dans notre position : il est plus que jamais déraisonnable et inquiétant de démarrer l’année scolaire au-dessus des maxima de service, pour peu qu’on souhaite continuer à s’investir dans la préparation de ses cours, avec le temps de recherche que cela suppose.
Enfin depuis plusieurs années également, toutes disciplines confondues, nous vivons au quotidien cette incohérence qui consiste à multiplier pour les équipes les heures supplémentaires alors que dans le même temps un collègue de la discipline concernée se retrouve en poste sur plusieurs établissements. Ce morcellement des équipes est un frein évident à la qualité des pratiques d’enseignement et aux possibilités de concertation. Le refus des heures supplémentaires est pour nous une démarche première et incontournable dans la lutte contre les suppressions de postes et la multiplication des compléments de service « délocalisés ».
Dans l’intérêt de tous, tant pour la réussite des élèves que pour le respect du statut des enseignants, nous réclamons donc que les heures de remise à niveau et d’aide individualisée soient réintégrées dans les emplois du temps, et que les moyens correspondants en heures-poste soient débloqués.(...)