Entre communication, mépris et cynisme
La Région Hauts-de-France communique largement dans la presse régionale pour annoncer qu’une enveloppe de 19,25 millions d’euros a été votée pour faire face aux conséquences de la cyberattaque d’octobre dernier.( en plus des 3 millions adoptés juste après la cyberattaque)
Une manière d’essayer d’occuper le terrain médiatique, et de couvrir la colère des collègues qui demandent des comptes au rectorat, notamment via le vote de motions en conseil d’administration. Lire par exemple les motions des lycées de Lille et Cambrai
https://www.lille.snes.edu/Cyberattaque-courrier-du-SNES-FSU-Paul-Duez-Cambrai-et-petition.htmlhttps://www.lille.snes.edu/Motion-Snes-FSU-lycee-Montebelle-de-Lille-conditions-de-travail-cyberattaque.html
Une façon aussi de communiquer et d’éluder la responsabilité régionale sur un black-out inédit, et de faire croire à un engagement financier colossal ... alors que dans le même temps les dotations de fonctionnement des lycées publics subiront une cure d’austérité en 2026. (https://www.lille.snes.edu/Dotations-de-fonctionnement-des-lycees-la-saignee-continue.html)
En effet, une nouvelle fois, la Région HDF sous-estime le budget de fonctionnement des lycées publics, et espère ainsi continuer à tailler dans les dépenses pédagogiques pour assurer effectivement le paiement des dépenses de viabilisation. Quel cynisme !
Mais ce n’est pas tout : comment ne pas penser que la facture de la cyberattaque ne sera pas présentée, d’une manière ou d’une autre aux lycées publics, en ces temps de dépenses publiques comprimées ... en accentuant la reprise des crédits pédagogiques ?
Dans un budget régional qui prétend pourtant anticiper la « participation des collectivités à l’effort de redressement budgétaire » (sic), la Région HDF fait à nouveau le choix politique de couvrir les GAFAM d’argent public (achats de serveurs, pc, applications) plutôt que de favoriser une architecture réseau gérée en EPLE, plus sûre ... mais qui nécessite des moyens humains.
« L’austérité » n’a pas empêché la Région de dépenser près de 10 millions d’euros d’argent public en faveur de l’enseignement privé, sous la forme de subventions pourtant facultatives !
Sur le terrain, des personnels et des usagers que la Région voudrait oublier
Pour la collectivité régionale, les personnels et les usagers des lycées publics comptent donc bien peu, puisqu’ils et elles n’ont de nouvelles que s’ils consultent la presse et la radio locales.
C’est donc à la section académique du SNES-FSU de faire le point sur la situation.
A ce jour, sur les 270 serveurs touchés, une centaine ont été réparés et sont à nouveau fonctionnels.
Néanmoins, d’après la Région, il ne faut pas espérer un retour à la normale pour tous les établissements avant fin janvier, peut-être... En attendant, de nombreux collègues subissent encore des conditions de travail très dégradées, et les inquiétudes quant à la préparation aux épreuves de baccalauréat sont de plus en plus palpables, chez les enseignant-es, mais aussi bien sûr les élèves et leurs parents.
Si un gros budget est prévu par la Région (22.5 millions d’euros) pour réparer, sécuriser rapidement, et, espérons-le, améliorer à plus long terme la protection des réseaux de nos établissements scolaires, pour le moment elle n’accorde que peu d’écoute aux demandes des lycées pour retrouver des réseaux locaux et a minima connaître quelles données sensibles de ses personnels et usagers ont été volées. La communication dans les media c’est bien, mais la concertation avec les premier-es concerné-es serait mieux !
N’hésitez pas à vous saisir des Conseils d’Administration pour transmettre vos besoins et demandes auprès des représentants de la Région, via une motion, un courrier, ou... en direct ?
La décentralisation, le privé, l’Ecole publique : les mandats du Snes-FSU
Alors qu’on assiste à un désengagement des collectivités territoriales permis par les lois de décentralisation , il est crucial et urgentissime de rappeler la nécessité d’un réengagement de l’État dans l’école publique négligée depuis trop longtemps, en conformité avec les mandats du SNES FSU sur la gratuité de l’école et le financement par l’État des activités pédagogiques.
Tant au niveau académique que national, le déséquilibre au profit du privé ne cesse de s’amplifier. Plus que jamais l’école publique et laïque est menacée. Il faut à tous les niveaux réorienter les subventions publiques vers le système public d’éducation.
