Lille - CAPA agrégés / 19 mars 2010 - Liste d’aptitude au corps des professeurs agrégés
Déclaration des élus SNES-SNEP-SNESUP-FSU
Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs,
Le mouvement de grève massivement suivi par les collègues dans l’académie de Lille, à plus de 60% avec des taux pouvant aller jusqu’à plus de 90%, montre une exaspération grandissante face aux politiques menées par le gouvernement.
Les dotations des lycées sont très largement insuffisantes pour pouvoir prétendre à une rentrée scolaire sereine. Le taux d’heures supplémentaires dans les établissements a nettement augmenté et c’est bien la charge de travail des collègues qui va s’en trouver alourdie, quand les conditions de travail deviennent d’année en année plus difficiles.
Ce sont bien les élèves qui vont payer cette pénurie de moyens à la prochaine rentrée. La FSU appelle les personnels à combattre les dotations insuffisantes et les suppressions de postes, à refuser les heures supplémentaires. Combien d’élèves se retrouveront sans enseignant à la rentrée ? Combien de remplacements ne seront pas assurés ? C’est bien l’administration, et donc vous Monsieur le Recteur, qui porterez la responsabilité de tout cela.
Concernant les agrégés, nous constatons avec regret que votre circulaire concernant le mouvement intra académique mentionne toujours la bonification de 500 points pour les agrégés sur les vœux lycée ; l’académie de Lille est la seule à accorder une telle bonification aux agrégés et nous vous redemandons de revenir sur ce point afin de ne pas déséquilibrer le mouvement qui sera encore plus tendu cette année que l’an dernier avec en particulier l’affectation des stagiaires agrégés à 15 heures dans les établissements.
Nous abordons maintenant l’ordre du jour de cette CAPA.
La liste d’aptitude constitue une voie nationale de recrutement de plus en plus étroite.
Le nombre annuel des possibilités de nomination est déterminé en fonction du nombre de titularisations par concours (externe et interne) prononcées dans la discipline de recrutement, soit une nomination pour 7 titularisations par concours.
Depuis 2002, l’Education nationale subit des saignées successives, comme d’autres services publics, au nom de la RGPP (révision générale des politiques publiques) : les postes mis aux concours, et donc les recrutements s’effondrent quand, dans le même temps, les académies voient disparaître des centaines de postes chaque année dans le second degré. Notre académie en détient d’ailleurs le triste record (646 postes pour cette année) !
Ainsi, les possibilités de nomination par liste d’aptitude ont diminué de plus de 30% depuis 2005 et elles sont dérisoires au regard du vivier potentiel des candidats. En 2009, notre académie a eu 14 nominations sur les 288 possibles, alors que 669 collègues avaient candidaté.
Pour 2010, le nombre de nominations possibles est de 278, soit 10 de moins que l’an dernier. Or, ce sont 649 collègues de notre académie qui se sont portés candidats.
En nous mobilisant contre la chute des recrutements et les suppressions massives de postes, nous nous opposons aussi à la baisse continue des possibilités de promotions dans le corps des agrégés par liste d’aptitude. Ce combat aux côtés des personnels, nous le menons avec la certitude de défendre aussi tous les usagers de l’école publique.
Cette situation difficile rend plus urgente encore la satisfaction de deux de nos revendications :
– la création d’une agrégation dans toutes les disciplines, car il devient de plus en plus difficile, pour les candidats exerçant dans une discipline sans agrégation, d’être promu ;
– le passage du 1/7 au 1/5 pour le calcul des promotions par liste d’aptitude.
Nous restons en effet attachés au recrutement des agrégés par concours externe, par concours interne et par liste d’aptitude : un fort ancrage de professeurs agrégés dans le second degré constitue une des garanties de la qualité de l’enseignement, ainsi qu’une possibilité incontournable d’évolution des carrières.
La liste d’aptitude est une voie de promotion difficile.
En s’opposant à l’élaboration d’un barème qui permettrait d’objectiver des critères de choix communs à tous, fondés sur la qualification disciplinaire et la qualité de l’engagement professionnel, le ministère met à mal l’égalité de traitement.
Au nom d’une gestion plus « qualitative » des « ressources humaines », notre administration soumet nos carrières à des décisions de plus en plus aléatoires, qui n’offrent plus ni garanties, ni lisibilité pour les perspectives de chacun.
La CAPA d’aujourd’hui témoigne, par le nombre et la qualité des dossiers qui lui sont soumis, de l’incongruité d’une telle démarche : la consultation des dossiers des candidats nous a permis d’apprécier, pour plusieurs centaines d’entre eux, leur engagement professionnel auprès de leurs élèves ou étudiants, la qualité de leur enseignement reconnue par l’inspection, leur investissement dans leur établissement attesté par le chef d’établissement, leur implication dans leur discipline et dans la formation initiale et continue, des parcours professionnels remarquables tout au long d’une carrière, un rayonnement incontestable au service de l’école publique.
Cela nous oblige donc tous à une grande rigueur dans le traitement des dossiers : un barème permettrait de définir clairement des critères de choix communs à tous et de répondre à l’exigence de transparence des personnels.
En son absence, nous avons abordé l’étude des dossiers et propositions sur la base des critères suivants : le parcours de carrière dans le corps actuel, la note pédagogique, les diplômes, la bi-admissibilité à l’agrégation, les qualifications disciplinaires acquises dans l’exercice du métier ou de fonctions diverses, le parcours professionnel dans son ensemble.
Dans notre académie, la faiblesse des promotions possibles pèse évidemment sur l’ensemble des disciplines, avec des choix draconiens imposés par le petit nombre de propositions possibles (75 dans le document soumis à la CAPA). Les enseignants documentalistes et les PLP subissent aussi les conséquences de la faiblesse des promotions : aucun documentaliste ne figure cette année dans le tableau des propositions que vous soumettez à la CAPA et un seul PLP.
Nous restons très attentifs à ce que les propositions faites par notre académie respectent l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes, entre les enseignants en lycée, en collège et dans le supérieur.
Nous ne sommes pas des partisans des quotas, mais la disparité entre hommes et femmes persiste dans les promotions, résultat sans doute d’une pesanteur, dans nos mentalités et dans notre administration, qui résiste aux avancées du droit dans ce domaine.
Pour la campagne 2010, sur les 75 propositions qui nous sont soumises lors de cette CAPA, 46,7% sont des femmes : à nouveau un recul par rapport à 2009 (48,7%). Si cette baisse continue, nous risquons de revenir à des taux comparables à ceux de 2005 ou 2006 (43%) ! Il est impératif de changer cette tendance.
18,7% des candidats proposés sont en collège, en baisse par rapport à vos propositions de 2009 et inférieur à la proportion des candidats qui y enseignent (28,4%). La proportion d’enseignants du supérieur proposés correspond à leur poids parmi les candidats (16%). Par contre, la part des collègues travaillant dans les établissements du Pas-de-Calais a été sensiblement renforcée (36 % des propositions, 27,4 % des candidats).
Nous souhaitons bien sûr connaître les critères qui ont présidé à l’élaboration de la liste des propositions pour éclairer nos collègues sur les conditions dans lesquelles leurs dossiers sont examinés. Lors de l’examen des propositions par discipline, nous vous soumettrons, de notre côté, des dossiers qui ont retenu notre attention en fonction des critères que nous avons indiqués précédemment.
Nous soulevons cette année encore le problème des avis défavorables émis sur certaines candidatures. Nous en avons relevé 4, dont trois attribués par l’inspection pédagogique régionale. Certes, la circulaire ministérielle mentionnait cette possibilité, mais quelle en est la fonction ?
Cela ne sert pas à barrer l’accès de la promotion à un candidat, dans la mesure où celui-ci est réservé seulement à ceux que l’administration accepte de proposer.
Le but est-il de dissuader ces collègues d’une nouvelle candidature pour les années suivantes ? Si oui, pourquoi faut-il en passer par un avis aussi douloureux pour le collègue concerné ?
Nous vous demandons de communiquer à la CAPA tous les éléments qui ont conduit, dans chacun des cas, à formuler un avis défavorable et cette requête s’adresse tout particulièrement à l’Inspection pédagogique d’arts appliqués qui a prononcé 2 avis défavorables.
Nous remercions les services rectoraux pour leur disponibilité pendant la phase de préparation de cette CAPA : ils nous ont en effet permis de consulter les dossiers de candidature dans des conditions très satisfaisantes, malgré les délais extrêmement courts.