Comment supprimer des postes quand les effectifs sont en hausse ?
Monsieur l’Inspecteur d’Académie,
Votre arrivée dans le département du Pas-de-Calais donne à la délégation FSU l’occasion de faire un rapide bilan de l’évolution des moyens dévolus aux collèges depuis la fin des années 1990.
Avant 1998, on créait des postes dans l’académie de Lille. Dans le Pas-de-Calais, et dans le Nord, nous interpellions le Ministre et le Recteur en faisant remarquer que les créations étaient insuffisantes au regard des difficultés vécues par nos élèves. Difficultés liées aux inégalités économiques, sociales et spatiales dont ils étaient et sont encore les victimes.Les gouvernements successifs nous répondaient alors que l’État faisait le maximum mais qu’il en fallait pour tout le monde, qu’il ne fallait pas s’inquiéter car la situation s’arrangerait quand les effectifs baisseraient.
De fait, ils ont baissé. C’est alors que l’on nous expliqua que les moyens de l’État étaient limités, que toutes les académies devaient faire un effort, celle de Lille aussi. Qu’il était équitable de supprimer des postes puisqu’il y avait moins d’élèves, que nous ne pouvions être mieux dotés que les autres. Nous avons alors rappelé qu’entre-temps les indicateurs économiques du département étaient restés au rouge. D’ailleurs cette nouvelle dégradation dans la gestion comptable est attestée par les statistiques fournies par les inspections elles-mêmes : les « performances » des élèves de l’académie sont parmi les plus inquiétantes du territoire français.
Depuis l’an dernier, nous avons franchi une étape supplémentaire : alors que les effectifs ont recommencé à remonter, comme c’était prévu et attendu … il faut redéployer les moyens entre les académies. Suivant la logique de la RGPP, et le dogme de ne pas remplacer un fonctionnaire sur 2 partant à la retraire, le gouvernement a affiché sa volonté de supprimer des postes : les collèges du Pas-de-Calais rendront ainsi l’équivalent de 53 ETP en heures postes. Mais, comme globalement les effectifs augmentent (+ 252 élèves Hors UPI), il est nécessaire –pour d’assurer les enseignements obligatoires- de recourir à des expédients :
– l’injection de 22 ETP sous forme de HSA notamment, qui est un pari risqué, puisque la majorité des collègues n’est pas prête à assumer une charge qui va croissante. En effet le nombre moyen de HSA par support n’a jamais été élevé (1.54 contre 1.33), ainsi que la part des HSA dans la dotation départementale, qui a augmenté de 32% depuis 2007 (de 5.7 à 7.6%).
– La disparition de 13 troisièmes dérogatoires (1/4 du total) « permet » de reprendre l’équivalent de 9,3 ETP.
Mais pour apprécier plus précisément l’impact de ces choix, il faut distinguer les collèges RRS et RAR et les autres : on s’aperçoit ainsi qu’il faut en moyenne 76 élèves de plus pour qu’une division soit ouverte hors RAR et RRS. En outre, les 36 collèges RAR/RRS devront rendre 9 divisions (-159 élèves, tandis que les autres n’en gagneront que 8 (+613). La suppression de la carte scolaire amplifie les écarts entre collèges qui gagnent ou qui perdent des divisions, et engendre une gestion « au cas par cas » qui crée des situations inégalitaires.
Mais le cynisme du gouvernement ne s’arrête pas là. La décision ministérielle d’imposer les livrets de compétences, l’épreuve d’histoire des arts au brevet et le PDMF vient ajouter encore à l’alourdissement de la charge de travail que subissent les enseignants. Le ministre compte-t-il sur la réforme des EPLE qui donne des pouvoirs accrus au chef d’établissement et au conseil pédagogique pour arriver à ses fins ? Nous tenons à rappeler ici que la FSU affiche une vive opposition à la mise en place du conseil pédagogique prévu par la loi, nous nous opposons aux dérives qu’elle ne manquera pas d’engendrer.
Encore une fois cette année, la gestion des moyens vise donc à augmenter le nombre d’élèves dans les classes et à placer ceux-ci face à des enseignants de moins en moins disponibles. Pour la FSU, le nombre d’élèves par classe ne devrait pas dépasser 24. Au maximum. La prise en compte des difficultés rencontrées par les élèves des établissements placés en REP impose de ne pas dépasser 20 élèves par classes. C’est l’analyse du terrain, fournie par la profession qui nous a amené à construire ces revendications. Profession que nous représentons à la hauteur par exemple des résultats des dernières élections professionnelles, mais surtout à la hauteur des mobilisations que vous avez pu évaluer et qui ont amené par exemple le ministre à reculer l’an dernier sur sa réforme des lycées qui visait, comme celle d’aujourd’hui, essentiellement à supprimer des postes.
Mais il faut supprimer des postes de fonctionnaires ! Le président de la République l’a encore rappelé dans ses vœux aux « forces économiques de la Nation », au nom d’un « bon sens » clamé haut et fort pour tenter de persuader qu’il vaut mieux économiser quelques centaines de millions que coûterait l’embauche de fonctionnaires et perdre des milliards en cadeaux fiscaux.
La FSU entend lutter activement contre ces orientations en mobilisant les personnels dès le 21 janvier. Elle exige que le ministre revienne sur ces suppressions de postes et programme au contraire les créations des postes de titulaires nécessaires pour couvrir les besoins de l’académie et améliorer les conditions d’exercice du métier.
La FSU appelle les personnels à entrer en lutte contre les contre-réformes imposées ces dernières années. Elle soutient tous les collègues qui suivent ou suivront les consignes syndicales en n’appliquant pas tout ou partie des dispositifs (aides personnalisées, base élève, évaluation CE1-CM2, livret de compétences…) et qui sont sous le coup de sanctions administratives ou financières.