15 octobre 2020

Les établissements

LYCEE HENRI DARRAS : BILAN D’UNE RENTREE SOUS PRESSION

LYCEE HENRI DARRAS : BILAN D’UNE RENTREE SOUS PRESSION

Alors que la rentrée scolaire s’annonçait difficile en raison du contexte sanitaire, nous étions en droit d’attendre de nos autorités une mobilisation à la hauteur des enjeux. Sept semaines plus tard, force est de constater que les capitaines abandonnent le navire et laissent enseignants et élèves dans des situations intenables.
Pas de gel hydro-alcoolique dans les salles ou à l’entrée des bâtiments de cours, aucune possibilité d’appliquer les gestes-barrières étant donné la promiscuité (35 élèves par classe) : le masque est censé être la seule protection face au virus. Pas de gel - le stock aurait été volé a-t-on prétexté - alors que la moindre supérette le met à disposition de ses clients, pas de lingettes, pas de virucide, rien pour les claviers de PC ou les poignées de portes, tout ce qui fait l’hygiène de base, est absent du lycée. Les équipes de nettoyage n’ont pas été renforcées depuis mars. Qui peut s’étonner que l’épidémie flambe dans les collèges et les lycées ?
La Région Haut de France est aux abonnés absents et ne répond pas à nos demandes concernant les défauts du bâti : toutes les fenêtres sont défectueuses ou condamnées, la régulation thermique des salles est inefficace, il fait plus de 30°C dans les classes lors des vagues de chaleur… ou quand le chauffage s’emballe dès que les températures rafraichissent, le système d’alarme-incendie est défaillant et attend depuis deux ans d’être remplacé ! Les toilettes sont littéralement indignes. La cantine se dégrade et a perdu la moitié de ses effectifs en quelques années. Des travaux ont été engagés cet été mais dans le dos des personnels : forcément, puisqu’on désinstalle et on démonte mais sans programmer de rénovation. Aucun élu régional ne vient plus au Conseil d’Administration depuis le début de l’actuelle mandature. Nous demandons d’urgence qu’un interlocuteur régional s’occupe enfin de dossiers qui ne peuvent plus attendre.
Le Rectorat n’est pas en reste pour ce qui est du mépris. La rectrice a fait sa publicité en arrivant dans l’académie avec l’ouverture d’un micro-lycée pour rattraper des élèves décrocheurs mais où sont les moyens promis ? Les travaux « continuent d’attendre » depuis deux ans et il a fallu bien des relances pour récupérer vingt ordinateurs qui avaient été oubliés dans un coin !
Le climat scolaire se dégrade car le lycée manque d’encadrants adultes pour s’occuper de ses quelques 2 000 élèves et étudiants : bagarres, consommation de stupéfiants et surtout mille et une incivilités qui vont des toilettes souillées aux coups donnés dans les portes des salles de cours. Mais personne ne veut voir tout cela et nos autorités se complaisent dans un déni qui nous mine à petit feu et nous ronge moralement. Oui, le masque est difficile à porter, pour nous et pour les élèves, de 08h à 18h non-stop, mais il y a pire : il y a tous ces petits combats du quotidien pour accueillir les élèves dans un environnement digne et leur permettre d’étudier sereinement et pour lesquels nous sommes désespérément SEULS. Qui peut croire que l’on peut éduquer nos enfants et les préparer à être de futurs citoyens, avec toujours moins de moyens et de personnels ?
Et M. Blanquer ? Pour lui, « tout va bien », « tout est sous contrôle ». Il faut dire qu’il était l’homme, qui le 15 mars, avait écarté toute idée de confinement généralisé. Sa priorité dans les lycées est de mettre en œuvre des réformes à marche forcée. Si les experts médiatiques s’extasient devant le personnage « super-techno », aucun n’est venu voir sur le terrain les ravages de sa politique. Parcoursup a montré son vrai visage de machine à sélectionner et qui laisse sur le carreau bien des bacheliers. Le Bac en contrôle continu devient une farce où l’évaluation ne donne plus aucun repère. La fin des filières en introduisant de multiples spécialités que l’on peut panacher, a créé une usine à gaz dans les emplois du temps et dans les classes. Tout ça pour un meilleur enseignement ? Pas même. Les programmes se révèlent souvent trop difficiles et bien des élèves souffrent, s’ennuient et ne donnent plus de sens aux enseignements. Pensez donc qu’aucun aménagement de programme n’a été prévu malgré trois mois de confinement. Au lycée professionnel, les réformes continuent à appauvrir ce qui devrait être une véritable formation aux métiers. Cerise sur le gâteau, le Ministère annonce à nouveau des coupes dans le secondaire pour la rentrée 2021.
Nos autorités sont démissionnaires et ne sont pas à la hauteur de la situation d’urgence. COVID ou pas COVID, notre société a plus que jamais besoin de véritables services publics capables de répondre aux besoins de nos concitoyens. Si on ne peut plus avoir confiance dans l’Ecole, la Justice ou l’Hôpital, qui pourra dire qu’il a encore confiance dans la société ? Nous, simples enseignants de Liévin, nous ne résignons pas : au Ministre, au Recteur, à la Région ou à notre Direction, nous répondons que nous ne lâcherons rien !