Le rectorat de Lille aux abois !

Il y a quelques semaines, le SNES de Lille a lancé une pétition pour refuser collectivement d’être tuteur d’un stagiaire temps complet à la rentrée 2010. Le succès est tel que le rectorat se trouve en difficulté et cherche une parade. La rectrice demanderait ainsi que les collègues fassent une déclaration individuelle, seule légitime à ses yeux.

Pour le SNES, il n’est pas question de donner suite à cette demande de déclaration individuelle, puisque :

 être tuteur repose sur le volontariat et ne fait pas partie des obligations de service définies dans la loi d’orientation de 1989. Cette mission ne pouvant être imposée, tant qu’un enseignant ou un CPE n’a pas donné son accord et n’a pas signé le cahier des charges prévu par le rectorat, ce dernier ne peut pas considérer qu’il a un volontaire

 La circulaire nationale de cadrage de l’année de professeur stagiaire est d’ailleurs explicite quant au volontariat : « 2.2.3 Choix des tuteurs intervenant dans le compagnonnage. Les collèges et lycées qui accueilleront des personnels stagiaires disposeront en leur sein ou à proximité d’enseignants expérimentés et volontaires qui s’engageront dans le tutorat. » (circulaire n° 2010-037 du 25-2-2010)

 Les signataires ont compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple pétition mais bien d ’un engagement solennel. La valeur de ce refus collectif n’est donc pas contestable. Cette demande de courrier individuel constitue une pression de plus à laquelle nous ne devons pas céder. D’ailleurs quel est le devenir de ces courriers ? Il suffit donc de refuser de signer le "cahier des charges" promis par le Rectorat lors de la sollicitation des tuteurs.

L’administration va aussi tenter de nous faire céder par la pression, la menace ou la perspective d’une revalorisation financière. Rappelons que :

 Alors que les stagiaires étaient jusqu’ici soumis à une multitude d’avis avant leur validation (maître de stage en responsabilité, tuteur pratique accompagnée, visiteurs de l’IUFM, formateurs …), le tuteur sera désormais le seul à rendre un avis sur le stagiaire (cet avis déterminera la nécessité ou pas d’une visite de l’inspection), il jouera un rôle déterminant dans la titularisation alors que celle-ci sera largement compromise par les conditions d’entrée dans le métier

 Le tuteur comme le stagiaire seront mis en difficulté lors des 6 premières semaines de cours puisque l’un comme l’autre seront amenés à manquer de nombreuses heures devant leurs élèves pour aller s’observer mutuellement pendant qu’un remplaçant (titulaire ou précaire ou remplaçant à l’interne) prendra leurs classes. Chacun sait que la réussite de l’année se joue pendant cette période, tuteur et stagiaire seront donc perdants, le stagiaire sera en plus immédiatement identifié comme tel par ses élèves avec un tuteur présent dès le premier jour au fond de la classe. Et ne parlons pas des conséquences sur les élèves qui seront pris en charge par 3 ou 4 collègues différents dans l’année !

 Cette « réforme » va aussi avoir des répercussions sur les autres personnels : TZR ou contractuels mis à disposition dans les établissements supports pendant les 6 premières semaines et qui ne pourront plus être affectés sur des postes à l’année. Le manque de remplaçants (407 mobilisés dans le second degré hors LP) va également obliger à raviver les remplacements à l’interne « de Robien » et les pressions à l’intérieur des établissements.

L’administration va sans doute aussi compter sur notre capacité à culpabiliser : là encore, il ne faut pas céder, y compris si l’affectation du stagiaire venait à être confirmée.

Cette réforme, nous l’avons rejetée depuis des mois et en avons averti le rectorat. Accepter finalement cette tâche reviendrait à la pérenniser et à empêcher toute amélioration pour les stagiaires, car c’est avant tout pour eux et les élèves que nous nous battons, ainsi que pour la reconnaissance d’un métier difficile, nécessitant une haute qualification professionnelle.

Notre combat est juste, nous devons le remporter, donnons nous-en les moyens !

Attention : la liste des supports stagiaires est évolutive et qu’un tuteur potentiel peut être sollicité dans un établissement voisin, il faut donc amplifier encore les signatures, y compris dans les collèges ou lycées qui pourraient ne pas se sentir concernés.