LETTRE OUVERTE À NOS ÉTUDIANTS

Démantèlement du système de protection solidaire
Dilapidation et pillage du patrimoine public
Abdication du pouvoir de l'État
au profit des puissances d'argent

La République est en danger, j'accuse

Lettre ouverte à mes étudiants

Étudiant, mon fils, ma fille,

Aujourd'hui, nous sommes à la croisée des chemins, à l'heure de tous les dangers, alors, comme si j'allais partir demain, il faut que je te dise.

Ce monde que je m'apprête à te laisser, je l'ai moi même reçu de mes parents, pétri de leurs mains, dans la sueur et dans le sang. Il était magnifique déjà, au printemps de ma vie. J'en ai pris soin pour toi, je l'ai chéri. J'y ai posé ma pierre, je l'ai fleuri. J'ai planté l'olivier, pour ombrager ton berceau, et lorsque tu es né, j'ai crié, comme tant d'autres avant moi : "Plus jamais la guerre, plus jamais la misère !"

Étudiant, mon fils, ma fille, tout jeune citoyen, il faut que je te dise : Ton héritage est menacé, la guerre et la misère sont en train de nous rattraper.

Oui, je te laisse un héritage, moi qui suis sans fortune. N'as-tu d'yeux pour le voir, d'oreilles pour l'entendre, de tête pour penser ? Cet héritage est collectif, il a un nom : c'est notre République. C'est elle qui est menacée.

Toi qui cocoones gentiment, n'as-tu jamais pris conscience du privilège qu'il y a, encore aujourd'hui, à vivre dans ce pays. Réfléchis bien, serais-tu prêt à émigrer ? Existe-t-il ailleurs un tel havre de paix, de liberté et de bien être partagé ? Où, dans ce monde de misère, peut-on comme ici vivre en paix, manger à sa faim, aller chez le médecin, quand on est malade ou blessé, sans se demander si on pourra payer, aller à l'école, au collège, à l'université, même, presque gratuitement, prendre le bus ou le train, se chauffer, allumer l'électricité, comme si c'était naturel ? Tout cela, c'est à la République que tu le dois, à ses lois et à ses institutions.

Il y a le chômage, dis-tu, des SDF, des CDD, les autoroutes à péage, le prion, la pollution, les OGM...

Et trois ratons laveurs ! Bien sûr, ce n'est pas fini, bien sûr, ce n'est pas parfait, bien sûr, il te reste à faire. C'est le poids de mes erreurs, celui de mes renoncements qui fait plier mon dos. Me le pardonneras-tu jamais ? Et puis, cette menace dont je te parlais, elle a déjà frappé.

Je fêtais encore ta naissance quand ça a commencé. Je ne l'ai pas compris tout de suite, je n'ai pas su l'empêcher. Que d'années déjà, perdues à régresser, tandis que les vaincus de 1945, persuadés que nous avions oublié, osaient à nouveau sortir de l'ombre pour recommencer - je ne parle pas des allemands.

C'est dans l'Amérique de Reagan et dans l'Angleterre de Thatcher que l'on a essayé et mis au point ce redoutable instrument d'asservissement qu'est l'idéologie dite néolibérale, pseudo théorie qui voudrait légitimer un capitalisme particulièrement prédateur et ravageur. C'est cette idéologie qui sous-tend l'actuelle mondialisation dite libérale. Surtout, ne confonds pas les mots : libéral, ça ressemble à liberté, mais retiens déjà que ça s'y oppose.

Oui, je dénonce comme coup d'état contre la démocratie les décisions que nous imposent, sans débat public ni véritable légitimité démocratique, les Conseils et Sommets Européens, les sommets de l'OMC, ainsi que les G8. Il s'agit de décisions prises à l'écart des peuples et contre les peuples, au nom de l'intégrisme doctrinaire néolibéral. Le programme du gouvernement Raffarin est, appliqué à la France, celui de la mondialisation libérale concocté par le FMI, la Banque Mondiale et le G8, et mis en forme par l'OMC et la Commission Européenne :

Démantèlement du système de protection solidaire créé en 1945 par nos pères : retraite par répartition d'ici juillet, assurance maladie à l'automne...

Désengagement de l'État dans les domaines de la santé, la recherche, et, maintenant, l'éducation, au profit d'intérêts privés. Sous le prétexte fallacieux de décentralisation, le ministre Ferry s'attaque en ce moment même aux Écoles, aux Collèges et aux Lycées. Son projet d'autonomie des Universités prépare la privatisation de tout l'enseignement supérieur.

Dilapidation et pillage de notre patrimoine collectif, par des privatisations irraisonnées de biens et d'entreprises publics, des cadeaux inconsidérés faits à des intérêts privés. T'es-tu demandé, citoyen étudiant, où est l'argent des privatisations déjà faites ?

Abdication du pouvoir de l'État, en ce qu'il est l'expression du pouvoir collectif des citoyens, au profit des puissances d'argent, notamment par l'abandon à des intérêts privés de services publics aussi vitaux que la distribution d'eau potable, les télécommunications, la poste, l'énergie (EDF), les transports (SNCF, etc.), le système de santé, les universités, mais aussi par la signature, sans véritable contrôle démocratique, de traités et d'accords de commerce internationaux, dont les clauses se substituent aux lois nationales (Sommets et Conseils de l'Europe, sommets de l'OMC, G8).

Je dénonce l'entreprise de démolition du gouvernement Raffarin comme haute trahison contre la République, l'esprit de sa constitution et chacun des termes de sa devise. Aucun élu n'a reçu mandat de ses électeurs pour bouleverser à ce point la société où nous vivons.

Si tu n'y prends garde, citoyen étudiant, plus rien de ce que tu as connu, et qui a fait jusqu'ici de ce pays le havre qu'il est encore, n'existera plus. Ton héritage, notre République, ne sera plus qu'une enveloppe vide.

Les retraites, un cas exemplaire

Ce problème des retraites, qui te paraît peut être si lointain et si abstrait, c'est comme la trompe de l'éléphant : l'éléphant est accroché au bout, et, si tu n'arrêtes pas la trompe, le reste suit. Le reste, une fois l'affaire engagée, c'est le démantèlement du système de santé à l'automne, la privatisation des universités par étapes, celle de la poste, de l'EDF, de la SNCF, etc.

D'abord, la question des retraites te concerne, à moins que tu aies découvert le secret de l'éternelle jouvence, et même, elle te concerne plus que moi, pour qui tout est pratiquement déjà fait. Ensuite, elle est exemplaire de la façon dont cela pourrait se passer pour la santé et les universités. Alors, je t'explique tout d'un trait, avec les retraites, pourquoi, aujourd'hui, pour préparer ton avenir et ta vie professionnelle, il y a plus urgent à faire que de passer des examens. Voilà que je te dis tout le contraire de ce que j'ai rabâché toute l'année ! C'est que l'heure est à la résistance.

Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines,
Ami entends-tu le cri sourd du pays qu'on enchaîne,
Ohé, étudiant, ouvrier et paysan, c'est l'alarme !

Citoyen étudiant, on te trompe, on te ment.

Le gouvernement Raffarin (ci après nommé Chirafferryllonkozy) a érigé le mensonge et le double sens, la "communication", au sens de la manipulation des esprits, en méthode de gouvernement. Car, sur ce dossier des retraites, si quelques faits sont indiscutables, tout est faux au niveau de leur interprétation et des solutions proposées :

Télé Paris ment, Télé Paris ment, Télé Paris est libérale (ter)

D'abord, le problème n'est pas si urgent que l'affirme Chirafferryllonkozy. Aussi étonnant que cela puisse paraître, malgré les 5 à 7 millions de chômeurs, RMIstes et salariés pauvres, malgré les dégrèvements et exonérations de cotisations accordés au patronat, le régime des retraites par répartition est toujours bénéficiaire. D'après les calculs du COR, un problème pourrait se poser en 2020 ou 2040, mais le système actuel devrait pouvoir fonctionner sans aucune modification jusqu'en 2010. Alors, je trouve curieux qu'un gouvernement, qui n'a pas été capable en 2002 de prévoir son budget pour 2003, trouve si urgent de démanteler un système qui fonctionne encore très bien, pour le remplacer par un système qui marche moins bien, tout cela, parce qu'il y aura peut-être un problème en 2040. En effet, les calculs du COR ne sont que des extrapolations de la situation actuelle. Bien malin, donc, celui qui peut dire à coup sûr ce qui se passera en 2040 ! Disons que nous ne sommes pas obligés de décider n'importe quoi dans la précipitation (avant juillet), nous avons le temps d'un vrai débat démocratique, avec une vraie négociation. Ça laissera du temps à Chirafferryllonkozy pour s'occuper de problèmes plus urgents, comme le chômage, la réglementation des transports maritimes, la responsabilisation des pollueurs, la criminalité financière, etc. Parce que là, la catastrophe a déjà eu lieu plusieurs fois, cela nous coûte des fortunes et, s'il continue à ne rien faire, ça va recommencer.

Entamons donc le débat démocratique. Comme on n'a jusqu'ici pratiquement entendu que Chirafferryllonkozy, c'est mon tour.

Sauf accident, tu devrais vivre plus longtemps que moi. Est-tu d'accord avec Chirafferryllonkozy pour considérer que c'est une catastrophe nationale ? Non ? Alors, si tu veux bien, à la prochaine manif, je te propose de danser dans la rue pour fêter ça !

Du fait de l'allongement de la durée de la vie et des variations démographiques, le nombre de retraités va augmenter, et le coût des retraites va augmenter avec lui, sauf si on supprime la retraite, ou si on la diminue fortement. À qui ? À toi, par exemple, si tu en es d'accord ? Non ? Bon, alors, si tu penses qu'il faut avoir une retraite sans la diminuer, tu es déjà un dangereux terroriste résistant car tu n'es pas d'accord avec Chirafferryllonkozy. En effet, quand il dit qu'il veut sauver le système des retraites par répartition, ce n'est pas vrai du tout. Les mesures qu'il propose ont toutes pour effet de diminuer fortement ces retraites. Elles créent les conditions de la disparition de la répartition. Pourquoi ? Tu ne m'as pas habitué à tant de curiosité intellectuelle. Ta punition sera d'attendre les explications qui sont plus loin.

La retraite par répartition

Pour comprendre, il faut d'abord savoir ce qu'est le système actuel de retraite par répartition géré par la Sécurité Sociale (SS). Il est alimenté par des cotisations basées sur les salaires : 1/3 à la charge du salarié, 2/3 à la charge de l'employeur, le tout versé directement à la SS par l'employeur. Ces cotisations ouvrent pour le salarié un droit à la retraite, calculé sous forme de points, car elle ne sont pas conservées. Elles sont aussitôt utilisées pour payer les retraités.

Remarque au passage que les cotisations retraites et la retraite font partie de la rémunération du travail ; la retraite n'est pas un cadeau mais un salaire différé. Si donc on diminue ta retraite, ce que Chirafferryllonkozy compte faire, on diminue en fait la rémunération de ton travail ; c'est une réduction de salaire elle aussi différée.

Le système par répartition établit une solidarité entre les générations : chaque génération paie les retraites de la précédente. Parce qu'il est obligatoire, ce système crée aussi une solidarité entre tous les salariés et bénéficie dans les faits, sinon dans la loi, de la garantie de l'État (solidarité nationale). La même règle s'appliquant à tous, c'est un système relativement égalitaire. Comme l'argent des cotisations sert immédiatement à payer des retraites, il ne court aucun risque de se déprécier (inflation, mauvais placements, etc.). Enfin, la retraite par répartition n'est pas gérée par une entreprise privée mais par la Sécurité Sociale, donc, avec un minimum de frais de gestion, sans rémunération d'actionnaires. Il s'agit donc d'un système très sûr, dont la fiabilité n'est plus à démontrer.

Dans le système par répartition, le cumul des cotisations perçues doit équilibrer le cumul des retraites versées. Comme l'euthanasie n'est pas légale, on ne peut rien sur la démographie : "papy boom" inéluctable. Au moins six paramètres permettent d'agir sur les recettes : le taux des cotisations, l'assiette des cotisations, le recours à l'impôt (souviens-toi de la vignette auto), le niveau des salaires, le chômage, les dégrèvements et exonérations de cotisations sociales inconsidérément accordées au patronat. Deux paramètres au moins permettent d'agir sur les dépenses : le niveau des retraites, l'âge effectif de départ à la retraite.

Le grignotage obstiné de la couverture sociale

La lente mais implacable démolition du système de retraites en offre un magnifique exemple. L'offensive a commencé en 1980 quand, dans l'indifférence générale, le gouvernement a décidé de ne plus valider les annuités des chômeurs non indemnisés.

Elle continue en 1993, quand, en plein été, M. Balladur, tu sais, le meilleur économiste (néolibéral) de France, prend les salariés du privé par surprise avec sa "réforme" de la retraite de base de la Sécurité Sociale. Le COR estime que les mesures Balladur feront baisser les retraites concernées d'environ 20% en 2040 !

En 2001, au Sommet Européen de Barcelone, Chirac ET Jospin signent l'engagement de la France à créer des fonds de pension (à la française, à la moutarde, ou à la mayonnaise, c'est égal).

Aujourd'hui, Chirafferryllonkozy, reprend le flambeau à l'assaut des fonctionnaires, mais ne parvient pas à cacher que c'est pour mieux s'attaquer ensuite aux salariés du secteur public, puis à nouveau à ceux du privé.

Tu vois, quand un néolibéral veut quelque chose, il sait nous l'imposer patiemmment, progressivement, mais sans jamais perdre son but de vue. Mais, quel est ce but ?

On peut le dire très simplement : mettre la main sur l'argent des retraites. 198 milliards d'euros sont distribués chaque année aux retraités de la Sécurité Sociale sans profiter d'abord au monde de l'assurance et de la finance. On peut aussi le demander aux théoriciens de la mondialistion libérale.

Retraite et mondialisation libérale

La réforme des retraites ne concerne pas que la France, elle ne se limite pas non plus à l'Europe. Elle est devenue une question planétaire depuis que la Banque Mondiale et le FMI ont décidé de lancer une offensive généralisée, relayée en Europe par la Commission Européenne, visant à détruire les systèmes de retraite par répartition.

Cette offensive a deux objectifs :

1. nourrir les marchés financiers en favorisant la création de fonds de pension et autres fonds d'investissement, c'est à dire en permettant aux transnationales de l'assurance de s'emparer de l'argent des retraites.

2. satisfaire la revendication des employeurs de réduire le coût du travail au profit du coût du capital par le gel ou même la réduction des charges sociales.

À partir de maintenant, n'oublie plus que le but, c'est la création de fonds de pension privés et la disparition des retraites par répartition. Comme ça tu comprendras mieux comment Chirafferryllonkozy s'y prend.

Les penseurs du néolibéralisme ont aussi un projet de société, qui est d'étendre aux retraités et aux fonctionnaires la précarité, la flexibilité et l'insécurité qu'ils imposent peu a peu aux salariés du secteur privé. L'organisation de l'insécurité sociale généralisée vise à affaiblir les salaires et les revenus de transfert pour favoriser les profits, en empêchant ou gênant la résistance des citoyens. Dans ce contexte, la sécurité de l'emploi des fonctionnaires, la garantie de bénéficier d'une retraite correcte ou d'un système de santé efficace sont autant d'obstacles à balayer.

Le FMI a parfaitement résumé ce projet en une phrase lapidaire : "Un système de retraite par répartition peut déprimer l'épargne nationale parce qu'il crée de la sécurité dans le corps social."

Comment l'odieux Balladur a fait baisser le niveau des retraites du privé dès 1993.

Dans les propositions de Chirafferryllonkozy, il y a de conserver la "réforme Balladur" , instituée à la sauvette pendant l'été de 1993, et même d'en étendre certains effets aux fonctionnaires. Je te rappelle que le COR estime qu'à elles seules, les mesures Balladur devraient faire baisser les retraites d'environ 20% en 2040, ce qui est une curieuse façon de sauver un système de retraites.

Allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 annuités

Actuellement, la durée de cotisation moyenne des salariés est de 38 ans et demi pour les hommes et de 38 ans pour les femmes. L'allongement de la durée de cotisation expose donc la majorité des salariés à subir une décote (voir plus loin), à moins qu'ils ne repoussent l'âge de leur départ à la retraite au delà de 60 ans.

Faisons un petit calcul pour un étudiant, toi par exemple, qui finis tes études à 24 ans. Tu restes au RMI un an, le temps de trouver un emploi. Tu commences à cotiser à 25 ans et ne peux donc avoir ta retraite complète avant 65 ans, si tout va bien, c'est à dire si tu ne connais ni le chômage ni les problèmes de santé.

Chirafferryllonkozy déclare que si nous vivons plus longtemps, il est logique de travailler plus longtemps. J'ai plusieurs choses à lui répondre.

Premièrement, s'il traite à l'automne la question de la santé comme il l'a fait pour les retraites, il se pourrait fort que l'allongement de la durée de la vie soit fortement compromis.

Deuxièmement, l'espérance de vie n'est qu'une moyenne autour de laquelle se situent les durées de vie effectives des individus. Travailler plus longtemps suppose d'avoir un état de santé au moins moyen et de n'avoir pas un métier trop pénible.

Troisièmement et principalement, il serait, peut-être, logique de travailler plus longtemps dans une période de plein emploi ; il n'en est rien en période de chômage ! En reculant l'âge du départ à la retraite, au lieu d'avoir un vieux à la retraite et un jeune qui trouve un emploi, on se trouve dans une nouvelle situation où l'un des deux occupe l'emploi et l'autre se retrouve au chômage : le jeune si le vieux a réussi à conserver son emploi,le vieux, si, comme c'est en fait l'usage, son employeur l'a licencié à 55 ans. En fait, c'est le second cas qui est le plus fréquent.

Donc, en allongeant la durée de cotisation, on provoque un accroîssement du chômage des jeunes, ou, le plus souvent, on rend impossible au salarié d'avoir sa retraite complète. Alors là, gare à la décote ! Comme le Medef et son gouvernement veulent encore allonger la durée de cotisation à 42 puis 45 annuités, le phénomène ne peut que s'amplifier.

Indexation de la retraite sur les prix au lieu des salaires

C'est bien sûr une mesure défavorable car elle rompt la solidarité entre retraités et actifs. Il s'agit d'un blocage du pouvoir d'achat des retraites, et même d'une baisse programmée si on pense, comme moi, que l'indice officiel des prix est "arrangé", afin de rester inférieur à la hausse des prix véritable. Chacun sait par ailleurs que l'indice officiel des prix reste inférieur à l'indice des salaires. De toutes les mesures, c'est celle dont le COR affirme qu'elle fera le plus baisser les retraites.

Base sur les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures

La retraite du régime général des salariés correpond à 50% du salaire de base (75% pour les fonctionnaires). En ce qui concerne les salariés, ce salaire de base était obtenu en faisant la moyenne des salaires des 10 meilleures années. Il est évident que dans les 25 meilleures, il s'en trouve probablement de pas si bonnes que cela. Pense aux aléas d'une vie professionnelle qui comporte de plus en plus souvent des périodes de chômage.

Une décote de 1,25% par trimestre manquant

Avant les mesures Balladur, le salarié qui n'avait pas le nombre d'annuités requis avait déjà une retraite amputée, en proportion des annuités manquantes. Par exemple, un salarié qui prenait sa retraite avec 38 annuités pour 40 perdait deux quarantièmes de la retraite complète. Il percevait 38 quarantièmes de 50% du salaire de base.

Avec les mesures Balladur, on lui enlève en plus une décote de 1,25% par trimestre manquant, soit ici, pour deux ans, c'est à dire 8 trimestres, une décote de 8 x 1,25%, c'est dire 10%. C'est la double peine étendue à la retraite.

Conclusion, si on veut sauver le système par répartition, c'est à dire continuer à servir des retraites complètes, il est urgent d'abroger les mesures Balladur qui ont toutes un effet contraire. C'est le meilleur moyen de rétablir l'égalité entre salariés et fonctionnaires.

Le pâté d'alouette de Chirafferryllonkozy

Chirafferryllonkozy déclare à son tour vouloir sauver le système par répartition. Cependant, sans crainte de se contredire, il envisage de conserver la "réforme Balladur", d'en étendre certains effets pervers aux fonctionnaires au nom de l'égalité (!). Il envisage même d'aggraver la situation en allongeant encore la durée de cotisation à 42 puis 45 annuités.

Curieuse conception de l'égalité qui consiste à répandre uniformément l'injustice !

Évidemment, pour faire passer la pilule, Chirafferryllonkozy applique la recette du pâté d'alouette : un cheval de mesures défavorables pour une alouette de mesure tentante. Par exemple, la possibilité de racheter (fort cher) les cotisations pour deux années d'études à intéger dans les annuités. À toi de ne pas t'y laisser prendre.

Il est évident que toutes ces mesures ont pour but de faire baisser les retraites puisque c'est là leur effet. L'allongement de la durée de cotisation est tel que pratiquement plus aucun salarié ne pourra avoir sa retraite complète par la répartition. Chirafferryllonkozy crée ainsi volontairement le besoin d'une retraite complémentaire, c'est à dire les conditions favorables à la création d'une retraite par capitalisation. Le but assigné par le FMI est enfin atteint !

Pourtant, la répartition peut encore être sauvée

Mais, dès que l'on évoque l'idée d'augmenter les cotisations, le Baron Seillères pousse des cris d'orfraie, hurle que ce n'est pas possible, et Chirafferryllonkozy, qui n'écoute que la voix de son maître, répète après lui.

Sais-tu qui est le baron Seillères ? Tu le connais, c'est celui du Medef, tu sais bien, le Soviet du grand patronat. C'est vrai qu'il ne doit pas être très à l'aise, ce monsieur. Figure toi qu'il répète partout que les fonctionnaires sont des privilégiés. Quand on sait ce que gagne un fonctionnaire de catégorie C, on en déduit que ce pauvre Baron doit être dans la misère noire. La noblesse, c'est plus ce que c'était. Je propose une quête pour lui à la fin de la manif.

Il se trouve que les calculs du COR contredisent le baron. En fait, les résultats sont différents selon le taux de chômage. Pour un taux de chômage constant à 4,5%, le coût des retraites passerait de 12,6% du PIB en 2000 à 16,3% du PIB en 2040, si on conserve les mesures Balladur, et à 18,5% du PIB en 2040, si on les supprime. Comme il faudrait effectivement supprimer les mesures Balladur, on passerait donc de 12,6% à 18,5% du PIB, soit une augmentation très supportable de 0,37% du PIB par an jusqu'en 2040 alors que le PIB devrait doubler dans le même temps.

À titre indicatif, la part des retraites dans le PIB a augmenté de 7,2 points de PIB au cours de 40 dernières années sans provoquer les cataclysmes que l'on prédisait à l'époque. Dit autrement, les retraites ont augmenté de 250% de 1950 à nos jours sans qu'il y ait de catastrophe.

Globalement, l'économie du pays peut donc supporter l'augmentation du coût des retraites et tout laisse à penser que c'est bien aux entreprises de supporter cette augmentation.

Au cours des 20 dernières années, la productivité du travail a augmenté de 50%, essentiellement grâce à l'informatisation et à la robotisation. Dans le même temps, la part des salaires dans la valeur ajoutée a diminué de 10% par rapport à la part du capital. Il y a donc un retard des salaires dans le partage des richesses produites par les entreprises. La juste compensation de ce retard suffirait amplement à régler le problème des retraites.

Contrairement aux affirmations de Chirafferryllonkozy, de plus en plus, ce n'est pas le travail qui coûte cher aux entreprises, c'est le capital !

Toujours au cours de ce 20 dernière années, le taux des cotisations sociales des entreprises n'a augmenté que de 1,8%, alors que celui des salariés a augmenté de 8,2%. Les cotisations patronales ont donc un retard à combler sur les cotisations salariales.

L'idéal de Chirafferryllonkozy et du Medef semble être une entreprise qui ne distribuerait ni salaires ni charges sociales tout en polluant pour produire une camelote pas vraiment indispensable. Or, toute entreprise qui s'approche de ce modèle touche le fond de la contreproductivité.

La retraite par capitalisation

C'est le système en usage aux États Unis, en Grande Bretagne, etc. Dans le système par capitalisation, il n'est plus question de solidarité. Chacun cotise pour sa propre retraite, et les cotisations prennent la forme d'une épargne qu'il faut placer, pour lui conserver sa valeur, (fonds de pension, épargne salariale) en attendant la retraite. Évidemment, qui dit placement, dit risque, surtout s'il s'agit de placement boursier. Quand la bourse monte fortement, ça paraît intéressant. Mais il lui arrive aussi de s'effondrer, comme ces derniers temps. Ainsi, aux États Unis et en Grande Bretagne plusieurs fonds de pension ont fait faillite. À ton avis, qu'en pensent les salariés d'Enron aux États Unis ou les retraités pauvres de Grande Bretagne ou du Japon ?

D'ailleurs, historiquement, le premier système de retraite français (les ROP) était un système par capitalisation, qui s'est effondré avec la disparition du franc-or. C'est pour établir un système de retraites mieux garanti que la retraite par répartition a été introduite en 1929, lors de la création de la Sécurité Sociale. Tu le savais ? Comment ça, tu es en licence de bio, pas en licence d'histoire ? Mais, c'est le programme de terminale des lycées ! Qu'est-ce que tu foutais pendant les cours d'histoire ? D'après certains de tes résultats, sûrement pas de la bio !

Malgré ces leçons, le Medef et son gouvernement, Chirafferryllonkozy, continuent de vouloir nous les imposer par tous les moyens.

"Ceux qui ignorent les leçons de l'Histoire sont condamnés à la revivre"

La capitalisation boursière répond mal aux à-coups de la démographie. En effet, tous les salariés d'une classe d'âge nombreuse achètent des actions en même temps, ce qui fait monter la bourse ; arrivés à la retraite, ils vendent tous en même temps, ce qui la fait baisser. Ils achètent haut, ils vendent bas ; ils ont tout faux. Même l'OCDE le dit : "Lorsque les baby-boomers commenceront à prendre leur retraite, les taux d'épargne auront tendance à baisser, le prix des actions et des obligations baissera."

D'autre part la gestion d'un portefeuille d'épargne est plus compliquée qu'une simple répartition de cotisations. Les frais de gestion sont donc plus élevés et, si le gestionnaire de l'épargne est privé, il faut y ajouter la rémunération d'actionnaires. Oui, mais c'est mieux géré quand c'est privé, préchi-précha et gna gna gna ! Tu y crois, toi ? N'empêche, avec la retraite par capitalisation, les cotisations vont augmenter afin de couvrir les frais de gestion et la rémunération d'actionnaires. S'il s'agit d'une retraite complémentaire, ces cotisations accrues sont à la charge du salarié.

Mais le pire, c'est la contradiction pour le salarié : en gros, les coûts d'une entreprise se répartissent en coûts liés à la production (dont les investissements), fiscalité, coût du travail et coût du capital (les fameux bénéfices rebaptisés résultats en langue de bois boursière). Il se trouve que le coût du travail et le coût du capital sont en concurrence. En tant que salarié, tu as intérêt à augmenter la part du travail, en tant que futur retraité par capitalisation, tu as intérêt a augmenter la part du capital, et, pour cela, à la limite, à te licencier toi même pour délocaliser en Pologne (c'est à la mode en ce moment). Sans aller jusque là, à mon avis, tu auras du mal à faire grève, même si on te marche très fort sur les pieds. Je dis que placer sa retraite à la bourse, c'est devenir l'otage du grand capital. Au fait, Monsieur le Baron, justement en ce moment, ça me ferait plaisir si vous enleviez vos pieds de sur les miens.

La capitalisation ne peut que provoquer la disparition de la répartition

Les deux systèmes ne peuvent pas coexister. Un bon rendement de la capitalisation suppose de bons placements, soit en obligations, soit en actions. En obligations, il faut des taux d'intérêt élevés, ce qui contrarie les investissements productifs des entreprises, nuit donc à la croissance et par voie de conséquence à l'emploi, source des cotisations de la répartition. En actions, il faut à la capitalisation des entreprises fortement bénéficiaires, ce qui suppose des gains de productivité. Or, en ce domaine, les technologies (informatisation, robotisation) ont déjà produit tout leur effet ; la seule possibilité qui reste consiste à comprimer la masse salariale (réduction d'effectifs, précarisation qui diminue les salaires, délocalisations). Il y a donc réduction de l'assiette des cotisations pour la répartition. Dans les deux cas, placement en obligations ou en actions, l'efficacité d'un système par capitalisation exige de tarir les ressources du système par répartition.

Quelle que soit la solution retenue, il faudra payer les retraites en les prélevant sur la richesse produite au moment où on les distribue, c'est à dire que les actifs paieront les retraites quel que soit le système. Il le feront volontairement, par solidarité, si la répartition est maintenue ; sinon, ils le feront contraints et forcés, au prix du chômage et des salaires amputés, afin de dégager les ressources qu'exige la capitalisation.

Le cas des fonctionnaires

Les fonctionnaires ne cotisent pas et n'ont pas de retraite. Leur statut, qui est en quelque sorte leur contrat d'embauche, prévoit qu'en échange des services rendus, l'État les prend en charge du jour de leur recrutement à celui de leur décès. Tant qu'ils sont actifs, ils perçoivent un traitement (à qualification égale, souvent moins gras qu'un salaire dans le privé). Ensuite, ils perçoivent une pension versée, comme leur traitement, sur le budget de l'État. Tu peux donc constater que les fonctionnaires n'apportent ni ne coûtent rien à la caisse de retraite de la Sécurité Sociale. Si on diminue leurs pensions, cela permettra tout au plus de faire aux riches le petit cadeau d'une réductions d'impôt sur le revenu (pas de cadeau pour les pauvres qui ne paient pas cet impôt).

Les pensions des fonctionnaires de l'État représentent aujourd'hui 2,1% du revenu national ; si on maintient le système actuel, elles devraient passer à 3,5% en 2040, soit une augmentation de 1,4 point en 40 ans. Aucune catastrophe en vue pour le budget de l'État !

Pourquoi Chirafferryllonkozy dit-il systématiquement, s'agissant des fonctionnaires, retraite au lieu de pension ? Sache que Chirafferryllonkozy ne se trompe jamais de mot dans ses campagnes médiatiques ; juste, il adore entretenir la confusion dans les esprits.

D'abord il veut achever de persuader les salariés du privé que la démolition du système des retraites actuel est inéluctable, puisqu'elle touche tout le monde, toute l'Europe (est-ce bien étonnant ?), et même ces "privilégiés" de fonctionnaires réputés intouchables. Ainsi, il les prépare psychologiquement à de nouvelles régressions. Car, le but du Medef n'est pas atteint en ce qui les concerne : 42 annuités, puis 45 pour bénéficier d'une retraite complète consacreront la ruine du système par répartition en rendant impossible à quiconque d'avoir une retraite décente dans ce système ainsi réformé. Que de beaux jours en perspective pour les fonds de pension, et surtout pour ceux qui, au Medef, rêvaient d'enfin s'asseoir sur l'or des retraites.

Au passage, Chirafferryllonkozy ose se faire passer pour le champion de l'égalité, mais, bien sûr, seulement entre salariés et fonctionnaires. Curieuse conception d'une égalité étriquée et limitée aux questions qui l'intéressent. Moi, par exemple, j'aurai bien aimé être augmenté de 70%, comme Chirafferryllonkozy. Il est vrai que seule la conduite d'un pays à sa ruine mérite un tel salaire.

Si Chirafferryllonkozy dit retraite, et pas pension, c'est aussi pour que les fonctionnaires s'y habituent. Car il aimerait bien casser le statut qui les protège. Alors, manœuvrer pour s'attaquer à leur pension, pourquoi pas ? En attendant, comment fait-on pour ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite prend sa pension ? Tu dis qu'on le remplace par un précaire ? Je vois que tu apprends vite le néolibéralisme. Il faut dire que ça n'a pas été inventé pour des aigles, il est essentiel que ça reste applicable par le ministre moyen, dont le QI n'est pas forcément très élevé. On constate que le niveau baisse d'année en année. Écoute, je te demande pardon de t'avoir comparé à un ministre ! On continue.

Et pourquoi Chirafferryllonkozy veut-il casser le statut des fonctionnaires, ou à la rigueur les remplacer par des précaires ? Parce que ce statut donne aux fonctionnaires beaucoup trop de sécurité, (sécurité de l'emploi, pension, etc.) et que, selon le dogme néolibéral, Chirafferryllonkozy doit semer l'insécurité dans le corps social pour servir ses maîtres.

Souviens-toi de la petite phrase du FMI : "Un système de retraite par répartition peut déprimer l'épargne nationale parce qu'il crée de la sécurité dans le corps social." Pour le FMI, et donc pour Chirafferryllonkozy, la sécurité, ce n'est pas bien ! Alors, convaincu pour les fonctionnaires ?

Regarde-le, ton facteur, c'en est déjà un, de précaire, qui travaille au chrono, soucieux, tendu, inquiet que tu lui parles trop longtemps en signant le recommandé. Ça profite à qui, qu'il vive mal ? Où est-il ce brave fonctionnaire qui portait les nouvelles de porte en porte, de ferme en ferme, et s'arrêtait parfois à ma table pour boire un petit verre ? On ne le voit plus que dans les vieux films et j'ai envie de le revoir dans ma rue.

Citoyen étudiant, c'est ta République qu'on assassine

Je dénonce l'entreprise de démolition du Medef et de son gouvernement (Chirafferryllonkozy) comme haute trahison contre la République, l'esprit de sa constitution et chacun des termes de sa belle devise. Ils sont en passe de la remplacer par la devise de l'UMP (tu sais, l'Union pour Ma Pomme) : "Tout pour Un, rien pour les autres".

Ils s'attaquent à la Fraternité

C'est tout le système de protection sociale solidaire qui est en cours de démantèlement :

- Les retraites et pensions aujourd'hui, celles des fonctionnaires après celles du privé, puis celles des entreprises publiques, puis à nouveau celles du privé.

- L'assurance maladie à l'automne.

- Le service public d'éducation dans la foulée.

Chirafferryllonkozy ne veut pas supprimer l'assurance maladie ni la retraite par répartition pour l'instant. Juste, il veut les rendre tellement insuffisantes que nous soyons contraints de nous tourner individuellement vers des assurances privées. Ces assurances privées ne garantiront pas la meilleure retraite, ni les meilleurs soins pour tous, mais des prestations à la hauteur de la capacité de chacun à payer des primes.

Ils s'attaquent à l'Égalité

Oui, moins d'égalité dans ce système où chacun aura la protection santé ou la retraite selon ses moyens financiers. Assureras-tu la santé de ton fils au tiers ou en tout risque ? Auras-tu les moyens, comme d'autres, de te payer une bonne retraite complémentaire tout en rémunérant des actionnaires ?

Aux États Unis, terre de toutes les inégalités, prototype de la société barbare que l'on veut nous faire, entre 1/4 et 1/3 des habitants ne bénéficient pas d'une assurance maladie correcte. Ils en sont réduits à se soigner eux-mêmes pour des fractures, par exemple, ou sont contraints de renoncer à soigner leur dentition faute de moyens.

Dans le cas des retraites, les femmes seront les principales victimes des décotes, leurs carrières étant souvent incomplètes en raison des congés qu'elles prennent pour élever leurs enfants.

Ils s'attaquent à la Liberté

Chirafferryllonkozy est en train d'inventer le retraité pauvre. Quel pouvoir d'achat restera-t-il au smicard, une fois sa retraite laminée par les mesures Balladur. Comment fera-t-il pour se soigner après le démantellement de l'assurance maladie ?

Toutes les mesures que Chirafferryllonkozy nous concocte aboutissent au même effet : enrichir encore les plus riches et appauvrir toujours les plus pauvres. Or, pour bénéficier de sa liberté, encore faut-il avoir les moyens de l'exercer. Quelle est la liberté des chômeurs, celle des précaires ?

Alors reprenons dans l'ordre

D'abord, le problème était mal posé. Tu l'as compris, ce n'est pas une question de démographie mais une question politique de partage des richesses nationales et aussi une question d'idéologie. Il ne s'agit pas du tout de savoir si le coût des retraites va augmenter, car il va augmenter, mais seulement de décider qui va payer l'augmentation et selon quelles modalités.

La retraite fait partie de la rémunération du travail. Vouloir la diminuer comme le fait Chirafferryllonkozy, c'est donc faire encore diminuer la part des salairesdans la richesse nationale. au profit de la part du capital.

Ce qui coûte cher aux entreprises aujourd'hui,
ce n'est pas le coût du travail mais le coût du capital.

Le premier but du gouvernement est la création de fonds de pension. Pour cela, il doit démanteler le système par répartition afin de le rendre inefficace.

Cependant, les moyens de maintenir et même d'améliorer le système par répartition existent. Il suffit d'augmenter les cotisations. On peut aussi élargir leur assiette aux profits financiers des entreprises, l'alimenter par un impôt, le temps du "papy-boom", mettre fin aux dégrèvements et exonérations abusifs de charges sociales. La mesure la plus efficace serait de revaloriser les salaires face au capital. Ce système est incompatible avec le système par capitalisation..

Le second but du gouvernement est de répandre l'insécurité sociale au sens de la précarité afin d'ôter aux citoyens leurs moyens de défense face à l'offensive néolibérale.

J'accuse

J'accuse ce gouvernement d'organiser délibérément l'incompétence et l'insolvabilité de l'État.

J'accuse ce gouvernement de fomenter l'insécurité sociale en mettant à bas le système de protection sociale créé par nos Pères en 1945, en précarisant chaque jour davantage les salariés. La police de M. Sarkozy, les prisons de M. Perben n'ont jamais remédié au crime. Seule la hausse du niveau de vie moyen le permet, et tout, dans la politique de ce gouvernement s'y oppose.

J'accuse ce gouvernement de conduire inéluctablement l'économie du pays à la récession. En effet, en privilégiant toujours les revenus du capital au détriment de ceux du travail, il induit une baisse continue de la consommation qui constitue un dérèglement durable de l'économie : baisse de la production, chômage qui entraîne une nouvelle baisse de la consommation, etc.

À force de heurter de front les aspirations populaires à une société plus juste, plus fraternelle et plus solidaire, ce gouvernement, plus encore que le précédent, accentue chez les électeurs la rancœur et la défiance envers le politique qui font le lit de l'extrême droite.

Qu'est donc le néolibéralisme, lui aussi en accusation ?

Dans sa version politique, le néolibéralisme qui sous-tend l'actuelle mondialisation n'a rigoureusement rien de "scientifique". Il s'agit d'une idéologie, véritable instrument d'asservissement des peuples au profit d'une classe dirigeante, tout comme l'a été l'interprétation soviétique du communisme. Dictature du prolétariat et dictature des marchés ont bien en commun d'être des dictatures : le même mépris de l'homme au nom d'une doctrine, la même propagande assénée par des médias asservis. Ceux qui en bénéficient au présent appellent sans cesse à de nouveaux sacrifices, pour notre bien, au nom d'un avenir enchanteur, mais toujours hors d'atteinte. Face aux plus flagrants de leurs échecs, comme en Argentine, les néolibéraux poussent l'autisme jusqu'à récidiver, imputant le désastre à une application trop partielle de leurs théories fallacieuses.

S'il y a bien un axe du mal, alors il se compose de l'OMC, de la Banque Mondiale, du FMI et du G8. Il se trouve que le gouvernement français y participe sous la houlette de M. Bush. L'application du dogme néolibéral par ces organismes a déjà considérablement ravagé la planète tant au Nord qu'au Sud. Pouvons-nous supporter que la France continue à suivre la même voie que l'Argentine ? Les mêmes causes produisant les mêmes effets, faut-il que nos trains déraillent ou qu'EDF soit le prochain Enron ?

Dans le cas du projet néolibéral, il ne s'agit pas moins que de substituer le droit des grandes sociétés transnationales aux droits de l'homme et du citoyen. Cela donne lieu à une attaque en règle contre l'État - en ce qu'il est l'expression démocratique des citoyens - qui se voit dessaisi de pans entiers de sa compétence. La "liberté d'entreprendre" (celle du libre renard dans le libre poulailler) n'est qu'un de ces oxymores au nom desquels on s'attaque à notre Liberté, celle qui est inscrite au fronton de la République, sacrée, indivisible et non négociable. Pour nous imposer leur catéchisme néolibéral, les puissants de ce monde en sont réduits à se barricader dans des villes en état de siège, face à des citoyens indignés et chaque fois plus nombreux : brutalités et provocations policières systématiques (Göteborg, Nice, Gênes avec plusieurs centaines de blessés et un mort), restrictions de la liberté de circulation des personnes, en France même, lors du sommet de Barcelone, entraves à la liberté d'expression des citoyens empêchés de manifester.

Le néolibéralisme est un totalitarisme en marche, dont la devise pourrait être : "Ein marché pour mille ans". La constitution nous fait droit et devoir de nous rebeller contre une telle oppression.

Nous en sommes au pire avec l'AGCS, négocié discrètement à l'OMC, qui s'apprête à bouleverser tous les aspects de notre vie quotidienne : poste, transports, énergie, santé, éducation, culture. C'est de là que vient l'inspiration de Chirafferryllonkozy.

Revendications

Il est grand temps de remettre l'économie au service de l'homme, et non le contraire, et pour cela de rétablir la prééminence du politique sur l'économique.

Les mesures suivantes me paraissent urgentes au sens où elles consolident le ciment de solidarité, qui assure la cohésion sociale et la véritable sécurité de nos concitoyens :

- rétablir la prééminence de l'intérêt collectif sur l'intérêt privé,
- développer les services publics : santé, éducation, énergie, transports, etc.
- maintenir la retraite par répartition,
- remettre la gestion de l'eau sous contrôle public,
- rééquilibrer la répartition des fruits de la croissance entre capital et travail,
- créer une fiscalité justement répartie et redistributive, sans démagogie.

Il faut en outre exiger le contrôle démocratique des institutions multilatérales (Institutions européennes, OMC, FMI, Banque Mondiale) qui, seul, peut assurer des relations internationales rééquilibrées au profit du Sud et la construction de l'Europe des peuples au-delà de celle des marchands.

Sur le front des retraites

La situation

La direction de la CFDT nous a lâchés. C'était aussi inéluctable que la victoire militaire étatsunienne en Irak. La CFDT joue dans le front syndical le même rôle que la Grande Bretagne dans l'Europe des 15 : celui du sous-marin chargé de nous diviser, de nous affaiblir, de nous démoraliser. D'ailleurs, l'un et l'autre servent objectivement le même maître. Je fais le pari que la base de la CFDT va désavouer sa direction et rester dans le mouvement.

La CGC a signé. Rien d'étonnant, puisque les fonds de pensions, c'est du sur mesure pour les cadres. Pourquoi seraient-ils solidaires des gueux. De tous temps, le patronat s'est attaché ses valets et ses exécuteurs de basses œuvres en leur réservant un sort plus doré qu'au commun des ses employés. Aussi bien, la CGC n'avait fourni que peu de manifestants et encore moins de grévistes.

Deux signatures, donc, mais qui ne suffisent pas à légitimer le projet du gouvernement. Cela donne à peine l'occasion à Télé-Raffarin de lancer quelques railleries qui retombent vite à plat.

Et nous, pourquoi resterions nous solidaires des gueux ? Parce que nous ne sommes pas comme les capitalistes ou leurs complices, parce que nous croyons encore à la magnifique devise de notre république, parce que nous croyons encore à la Fraternité.

Les revendications

Réclamer un moratoire : pas question de discuter dans la précipitation un problème qui ne se devrait pas se poser avant 2010.

Exiger de véritables négociations et non une simple consultation, à commencer par la formulation de l'énoncé du problème.

Pas de négociation sur la base du projet Fillon, négociation sur la base des propositions syndicales. Le gouvernement Raffarin a fondé tout son projet sur le mensonge : il n'y a pas d'urgence à traiter ce problème, tous les éléments de solution proposés sont injustifiés. Fillon est disqualifié et n'a donc plus l'initiative du débat.

Nous voulons un revenu garanti, à la retraite comme au chômage, qui soit au moins égal au SMIC.

- Abrogation des mesures Balladur.

- 75% du salaire de base pour tous, fonctionnaires et salariés du privé.

- Retraite sans condition à 60 ans ou après 37 ans et demi d'activité pour tous ceux qui le désirent, à partir de 50 ans pour les métiers pénibles ou en cas de chômage.

- Validation des années d'étude (après 18 ans) et des années d'inactivité forcée.

- Plafonnement des retraites à x fois le Smic, (la valeur de x étant à déterminer).

- Minimum vieillesse au niveau du SMIC à partir de 60 ans.

- Possibilité d'intégrer les indemnités de chômage et de formation, sur lesquelles nous cotisons, dans les meilleures années.

- Fin des exonérations de cotisations sociales accordées au patronat.

- Régularisation des immigrés sans-papiers pour lesquels les patrons ne payent aucune charge sociale.

- Élargissement du financement des retraites à tous les revenus y compris ceux du capital, de la spéculation, de la richesse créée par les machines.

Tu as rendez-vous avec l'Histoire

Emmanuel Kant l'a écrit : "Si tu te conduis comme un ver de terre,
ne t'étonne pas si un jour on te marche dessus.
"

Aujourd'hui, il semblerait qu'on s'apprête à te marcher dessus, citoyen étudiant. Alors, debout, redresse fièrement la tête et montre aux ennemis de la République ce que sont les libres citoyens d'une vraie démocratie ! Connais-tu ces paroles déterminées :

La République nous appelle,
Sachons vaincre ou sachons périr
Un français doit vivre pour elle
Pour elle, un français doit mourir !

Personne ne te demande de mourir, mais sais-tu que l'on peut chanter ces vers autrement qu'un ancien combattant au Mémorial des Grandes Erreurs. On peut aussi les chanter haut et clair comme l'opprimé secoue ses chaînes avant de reconquérir sa Liberté.

Liberté, Égalité, Fraternité, ou la mort

C'était la devise de la première République française, à l'heure où toute l'Europe monarchiste l'assiégeait de ses armées. À cette époque, les citoyens avaient sauvé la République. La situation n'est pas si différente, même si, aujourd'hui, ce ne sont pas des armées qui nous assiègent, mais des institutions entièrement acquises aux thèses néolibérales.

Étudiant, tu as rendez-vous avec l'Histoire, car, devant tant d'ignominie, le conflit sur les retraites est l'occasion d'infliger à l'emprise néolibérale un coup d'arrêt éclatant dans ce pays, en Europe et à la face du monde.

C'est l'heure des choix, alors, je choisis : la paix contre la guerre, Porto Allegre contre Davos, le Forum Social Européen de Saint Denis contre le G8 d'Évian, la démocratie contre l'OMC, la République contre les collabos du néolibéralisme ! Un an de Chirafferryllonkozy, 20 ans de régression sous l'assaut du néolibéralisme, ça suffit !

La politique qu'applique ce gouvernement en matière de retraites a été décidée dans ses grandes lignes au Sommet Européen de Barcelone, véritable chambre d'enregistrement des recommandations du FMI et de la Banque Mondiale. Chirac ET Jospin ont signé l'engagement de la France à créer des fonds de pension. Ils n'avaient pour cela aucun mandat démocratique ; ils ont agi contre l'avis connu de leurs électeurs. Nous n'avons donc pas à reconnaître cette signature.

Qu'en est-il en effet de cet engagement européen ? Si l'Europe a pu s'offrir une crise qui s'est résolue dans une guerre, il me parait salutaire de lui offrir une crise qui marque un coup d'arrêt à l'emprise néolibérale sur ses institutions. D'une telle crise pourrait enfin naître l'Europe Sociale, l'Europe des peuples que nous appelons de nos vœux, une Europe libérée de l'emprise des lobbies patronaux, où le pouvoir soit enfin rendu aux citoyens.

Oui, citoyen étudiant, l'Europe nous regarde, incertaine,
nous pouvons lui offrir un nouveau siècle des lumières.

Rejoins nous

Nous ne manquerons jamais plus d'utopie.

Jean-Pierre Liévin,
pour Attac Roubaix-Tourcoing

 

La journée de Paul, élève de première en 2004-2005

Le scénario catastrophe qui suit ressemble à ce qui nous attend si nous n'arrivons pas à mettre en échec l'entreprise de démolition de Chirafferryllonkozy, c'est-à-dire à empêcher la mise en place des mesures sur les retraites, sur la décentralisation de l'Éducation Nationale, sur le statut des surveillants et des aides éducateurs, sur l'autonomie des universités, la privatisation de tous nos services publics, etc.

8 heures : Paul arrive à la grille d'entrée du Lycée. Il est attendu par un vigile, qui travaillait l'an passé chez Corafourchan. Surprise ! C'est son voisin de palier. Le proviseur l'a engagé en septembre comme "assistant d'éducation".

8 h 05 : La salle de cours n'a toujours pas été nettoyée parce que les agents de service, qui sont désormais employés par le Conseil Général, ont été réquisitionnés pour préparer la salle de réception de la préfecture.

9 h 05 : Dans le bâtiment scientifique, il n'y a plus de chauffage depuis 15 jours : l'entreprise Chauffmarcel a augmenté ses tarifs et l'établissement ne peut plus entretenir la chaudière.

10 h 10 : Toujours pas de professeur d'espagnol : la vacataire qui avait commencé l'année est partie, parce qu'on ne lui proposait pas assez d'heures de cours pour obtenir un salaire décent. En plus, Paul a des difficultés en espagnol ; il voulait conserver le portugais en deuxième langue vivante, mais il n'y en a plus au lycée.

11 h 05 : Paul découvre son quatrième enseignant de maths de l'année. Le troisième vacataire a dû partir, parce qu'il avait fait ses 200 heures.

12 h 05 : En cours d'histoire-géographie, Paul re-scotche le vieux manuel (de l'ancien programme), tout en pensant avec envie à son cousin Jacques qui habite à Bordeaux et qui, lui, dispose d'un cartable électronique. Cela dit, ça l'occupe, car le prof a 66 ans ; il n'est plus tellement dynamique mais il doit continuer à travailler s'il veut une retraite complète.

13 h 05 : À la cantine, le steak est encore froid, les plateaux-repas sont livrés congelés par l'entreprise Cépabon et le micro-ondes commence à fatiguer. Cela consolera ses amis, qui mangent un sandwich dans la cour parce que, sans fonds social, leurs parents ne peuvent pas payer la cantine.

15 h 30 : En sortant de la cour, Paul se rend au Centre Communal d'Action Sociale, à l'autre bout de la ville : il veut s'entretenir avec l'assistante sociale pour demander une aide financière. En attendant, il s'est décidé à travailler au fasteufoude Malbouf pour soutenir sa famille. Sa mère, ancien agent d'entretien au collège, touche une retraite de misère (moins de 600 euros par mois). Elle a pourtant travaillé 35 ans ; le problème, c'est qu'il faut cotiser 40 ans. En s'arrêtant, elle a vu ses revenus diminuer de 44% ! Au début, Paul pensait même que la caisse de retraite s'était trompée...

17 h 30 : Paul prend rendez-vous pour aller au CIO. Ce n'est pas possible avant le prochain trimestre : le conseiller d'orientation-psychologue est accaparé par la formation continue à la Région. Paul voudrait faire une école d'Art, mais les brochures d'orientation ne parlent que de BTP et de stages chez Toutbéton, la grosse entreprise de la région, qui sponsorise déjà les ateliers du bâtiment technique.

Contribution du personnel en grève reconductible,
Lycée Montebello à Lille

Pour plus d'info : www.attac.org

Signification des sigles :

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

G8 : Réunion des chefs d'état des 8 pays les plus riches du monde, dont le notre. Le sort de la planète entière se décide dans ces réunions en dehors de toute légitimité démocratique. Le prochain est prévu du1er au 3 juin 2003 en France, à Évian.

FMI : Fond Monétaire International

COR : Conseil d'Orientation des Retraites, organisme officiel créé par l'État et les partenaires sociaux (syndicats et employeurs). Il est l'autorité sur la question.

MEDEF : Mouvement E... Des Entreprises de France

PIB : Produit Intérieur Brut, nombre qui mesure la quantité de richesse totale produite par un pays en une année.

ROP : Retraites Ouvrières et Paysannes, créées vers 1898.

Enron : Société de courtage en énergie aux USA, dont la faillite récente, scandaleuse parce que frauduleuse, a éclaboussé le gouvernement et la présidence des USA.

AGCS : Accord Général sur le Commerce des Service. Il s'agit d'une structure de négociation permanente dans l'OMC qui vise à toujours plus de "libéralisation" dans le domaine des services, avec un mécanisme de "cliquet" qui interdit tout retour en arrière.