Au lycée Pasteur de Lille, les formateurs en UFA immobilier, ont appris le mercredi 15 octobre 2024 par un mail du proviseur que le directeur du GIP-FCIP, qui gère les formations par apprentissage au niveau de la région académique, fermait brutalement l’Unité de Formation par Apprentissage (UFA première année) existant au sein du lycée.
Les neuf étudiants de l’UFA1 sont transférés vers l’UCH1 ("Université des Compétences Habitat" ...), un CFA hors éducation nationale semi-privé créé avec l’entreprise Vigolia spécialisée dans le logement social et Lille Métropole Habitat (le bailleur social de la Métropole de Lille géré par elle-même) et sis en les locaux du lycée Pasteur.
Tous les cours de 1re année ont été annulés dans la soirée. Le tout sans préavis.
Les collègues ont immédiatement réagi et contacté le GIP-FCIP, sans réponse satisfaisante. Ils ont interpelé la rectrice sur cette situation inacceptable, la section académique du Snes-FSU intervient également.
La suppression de l’UFA constitue une perte significative pour les étudiants apprentis, qui bénéficiaient d’une formation publique, adaptée et de qualité, soutenue par quatorze formateurs qui se sont vu signifier la fin pure et simple de leur mission pour laquelle un engagement avait pourtant été pris jusqu’en juillet 2025.
Les vacataires, engagés depuis plusieurs années avec professionnalisme au sein de la formation ont été ... remerciés. Ils se sentent maltraités, balayés d’un revers de la main par cette décision qui n’a jamais été anticipée car ils n’en ont jamais été avertis.
Comment une telle situation est possible ?
Depuis la loi « Avenir Pro » de 2018, les rectorats et les régions n’ont plus aucun droit de regard sur l’ouverture des formations en apprentissage et il est possible d’ouvrir une formation concurrente de celle d’un établissement à proximité ; ici c’est au sein même du lycée Pasteur par le biais d’une convention interne. En 2020, le rectorat et le chef d’établissement avaient soutenu la création de ce CFA semi-privé local en lien avec les politiques locales de développement de l’apprentissage.
Le SNES-FSU dénonce cette situation inacceptable. Il s’était opposé à cette loi « Avenir Pro » de 2018, de libéralisation de l’apprentissage, dont le BTS de l’UFA du lycée fait aujourd’hui les frais.
L’analyse du Snes-FSU
Le SNES-FSU rappelle son opposition à l’apprentissage qui cumule de nombreux défauts. Etudes à l’appui, l’apprentissage renforce les déterminismes sociaux et la reproduction sociale. Il accentue les discriminations liées au marché du travail : l’apprentissage est un univers masculin et « blanc ». Les filles et les jeunes issus des quartiers socialement défavorisés sont sous-représentés et cantonnés dans quelques spécialisations de formation. De plus, les dernières études ont montré le coût exorbitant de ces formations (le double des formations professionnelles sous statut scolaire pour un apprenti et 25 milliards d’euros par an pour l’Etat) pour un résultat pratiquement inexistant pour l’insertion des jeunes. Selon le rapport de l’OFCE de septembre 2024, l’apprentissage est un effet d’aubaine gigantesque pour les entreprises qui embauchent via ce dispositif. 206 000 emplois de salariés auraient été substitués par les apprentis.
On le voit bien, l’apprentissage est une méthode de formation aux travers discriminatoires, qui in fine fragilise les formations sur le long terme et devient une porte d’entrée pour les milieux économiques dans ces formations.
Cependant, notre organisation restera aux côtés des collègues, notamment sur leurs conditions de travail, contraint es d’accepter l’apprentissage pour sauver à court terme les formations.