Depuis un décret de novembre 2014, qui est entré en application en cette fin d’année scolaire, le redoublement ne peut plus être proposé par les conseils de classe en fin de 2de GT (BO 44 du 27/11/2014)) ; il ne peut plus qu’être demandé par les familles si la décision d’orientation du conseil de classe ne leur convient pas.
Les conseils de classe sont passés, et leurs résultats confirment souvent les pires craintes que nous pouvions avoir à l’égard de cette mesure : élèves aux résultats très faibles qui sont quand même autorisés à passer en 1re GT, et ont toutes les chances de s’effondrer dès l’an prochain ; « passage automatique » dans les séries technologiques, et singulièrement la série STMG, désormais considérée comme ne nécessitant aucun pré-requis pour y accéder... Bref, un leurre pour les élèves en difficulté, et un renforcement brutal de la hiérarchie implicite des séries. Et sans doute très vite, de profonds changements à apporter aux TRMD des lycées. Au final, on voit que cette mesure relève essentiellement d’une cynique gestion des flux sans la moindre attention prêtée aux intérêts des élèves : moins de redoublants, ce sont des effectifs artificiellement diminués, et donc des postes qui ne sont pas créés...
Nous pouvons encore agir ! Voici quelques pistes :
? écrivez collectivement au Recteur, comme l’ont déjà fait plusieurs lycées, pour dénoncer les conditions de l’orientation en fin de 2de. Voir ici pour des modèles de pétition / courrier.
? dans certains établissements, les enseignants ont collectivement annoncé qu’ils refuseraient d’être professeurs principaux en 2de GT à la rentrée prochaine...
? exigez de votre chef d’établissement un bilan de l’orientation en fin de 2de, et la tenue d’un CA de fin d’année pour étudier les modifications du TRMD qui en découlent. Déposez des motions à cette occasion (modèles à venir).
?dans tous les cas, tenez-nous informés de vos actions locales, afin que nous puissions les répercuter : écrivez à s3lil@snes.edu.
Pour le Snes-FSU, le redoublement n’est ni une solution magique aux difficultés scolaires, ni une pratique coupable de tous les maux. Il ne faut ni le fétichiser, ni le rejeter par principe – et on peut s’inquiéter de certaines conséquences possibles de cette quasi-interdiction.
La quasi-disparition de fait du redoublement en collège, depuis plusieurs années, n’a pas correspondu à une amélioration des résultats des élèves. Cette quasi-disparition aboutit à un « passage automatique » dont la certitude peut faire croire aux élèves, et notamment à ceux qui sont les plus éloignés des attentes scolaires, que l’échec dans les apprentissages n’est pas rédhibitoire pour "cheminer" dans le système scolaire, et que les exigences des enseignants ne sont pas vraiment fondées.
En outre, les nouvelles dispositions sur le « maintien » (nouveau nom du redoublement) supposent des familles qu’elles mettent en œuvre des stratégies parfois complexes, en connaissant parfaitement toutes les arcanes du système scolaire, ce qui est profondément injuste socialement : les familles populaires sont souvent plus éloignées des « évidences » et des « calculs » savants que le système scolaire demande de maîtriser.
Le réel enjeu est bien évidemment celui de la réussite des apprentissages scolaires. Mais aucune des récentes réformes n’a permis de donner aux personnels les moyens de l’améliorer. Et ce n’est certainement pas la réforme du collège qui ira dans ce sens, puisqu’elle se contente, de ce point de vue, de recycler « l’accompagnement personnalisé » qui a fait les preuves de son inefficacité en lycée depuis 2010.
Nouvelles dispositions pour le redoublement en terminale.
Par ailleurs, les élèves de terminale qui échouent au bac auront désormais le droit de redoubler dans leur lycée d’origine, qui sera donc tenu des les accueillir – jusqu’ici, ce droit au redoublement n’impliquait pas forcément la garantie de rester dans son établissement.
Mais aucun moyen supplémentaire n’a été prévu pour les lycées qui devront les accueillir : les élèves auront donc le « droit » de s’entasser dans des classes surchargées, ce qui n’est pas la meilleure garantie de conditions de travail propices à la réussite. Dans le même temps, des lycées qui pouvaient accueillir préférentiellement les redoublants d’un « bassin » donné, en leur offrant des conditions de travail améliorées, risquent d’être « vidés » d’une partie de ces élèves.
Il faudra donc être vigilant, une fois les résultats du bac définitifs connus, à la gestion de cette question dans ton établissement : refuser les HS ou les classes à effectifs pléthoriques !