[Presse]
Parcoursup, privatisation de l’orientation, tri social et scolaire dès 11 ans par les groupes de niveau au collège... Grégory Frackowiak, secrétaire national du Snes-FSU revient sur les réformes de l’école et leurs conséquences.
https://www.humanite.fr/en-debat/education-nationale/pour-toute-la-jeunesse-financer-lecole-publique
Source : https://www.humanite.fr/en-debat/education-nationale/pour-toute-la-jeunesse-financer-lecole-publique
Respecter, donner espoir et envie à toute la jeunesse exige de développer la seule école qui la scolarise sans discrimination, l’école publique laïque. Fabrique pour faire société sur des bases communes partagées, elle permet à chacun, in fine, de faire les choix conscients qui lui reviennent. Elle devrait recevoir les moyens humains et matériels pour faire vivre ses ambitions intellectuelles et civiques. Elle n’a cessé d’être affaiblie. Elle est à l’os.Le second degré public, par exemple, a subi vingt ans de sous-investissement alors que ses effectifs élèves explosaient : 27 650 emplois en moins pour 158 000 élèves en plus depuis 2006. Depuis 2017, y maintenir le taux d’encadrement exigeait d’en créer 10 600, 8 500 ont été supprimés.C’est un abandon de l’école publique par un gouvernement hostile à ses principes égalitaires et émancipateurs : destruction du lycée professionnel, chère et inefficace politique de l’apprentissage (17 milliards d’euros en 2022), barrières à la poursuite d’études avec Parcoursup, privatisation de l’orientation, tri social et scolaire dès 11 ans par les groupes de niveau au collège. Cette œuvre réactionnaire constitue une attaque frontale contre les élèves des classes populaires (majoritairement les plus fragiles scolairement) et les ambitions de l’école publique.Pourtant, tous les parents, massivement usagers de l’éducation nationale, veulent la meilleure école pour leurs enfants. C’est aussi l’intérêt du pays pour toute la jeunesse. Une large unité syndicale et associative est réalisée pour défendre l’école laïque. La résignation n’est donc pas de mise. Il faut recruter des fonctionnaires. Pour cela, rendre attractifs les métiers impose de rattraper la perte de pouvoir d’achat des enseignants et de les revaloriser (coût, au moins 10 milliards d’euros).La baisse des effectifs élèves de la décennie à venir doit permettre l’amélioration du taux d’encadrement par la création d’emplois. Il faut 5 milliards d’euros par an sur dix ans pour la rénovation énergétique du bâti scolaire. Rien d’impossible pour qui en a la volonté politique : en finir avec la gabegie sur l’apprentissage (10 milliards d’euros à récupérer) , renoncer à la généralisation du service national universel (3 milliards d’euros), revenir sur les cadeaux à l’école privée et les dérives de son financement public dans la perspective d’en sortir graduellement (1 à 12 milliards d’euros à terme).Une autre fiscalité et une autre distribution des fonds publics financeraient les réformes structurelles de développement de l’offre de formation et de sa qualité, du premier degré au supérieur. Cela réaliserait aussi la gratuité effective, particulièrement utile à la scolarisation des élèves des familles les plus défavorisées. Les lignes bougent, la bataille de l’opinion est gagnable.