La semestrialisation n’est pas une solution !
Alors que des revendications fortes des personnels n’ont pas d’écho dans le thème 1, celui-ci invite le congrès à se prononcer sur « la semestrialisation de certains enseignements », au prétexte que « Darcos mais aussi certains syndicats (…) » pensent que c’est une bonne idée... même si elle ne traduit en aucun cas une attente des personnels. Le Snes ne se laisse-t-il pas ici imposer une problématique bien peu pertinente pour la majorité des collègues ? Cette semestrialisation pourrait permettre la « découverte » de disciplines : elle est donc implicitement, dans le texte national, liée à la question de l’orientation et des options.
Pour nous, la semestrialisation est une menace pour au moins trois séries de raisons : Disciplines : à côté des « vraies » disciplines (annuelles), on trouvera des « demi-disciplines » (semestrielles) qui, outre cette infériorité symbolique, devront être en concurrence entre elles pour attirer les élèves. La semestrialisation ne permet pas de prendre le temps nécessaire aux apprentissages : les contenus seront appauvris, facilitant l’introduction de la logique du « socle » et des « fondamentaux », qui est pourtant rejetée, à juste titre, par le Snes pour le collège. Elèves : la semestrialisation favorise le zapping, qui en plus de nuire aux élèves les plus en difficultés, n’est pas une condition adéquate pour construire une orientation raisonnée. Elle renforce l’individualisation des choix, qui est facteur d’inégalités sociales des parcours scolaires, et favorise la logique du module (qui réduit l’orientation à une accumulation de capital scolaire). En outre, comment intégrer les cours du 1er semestre dans l’orientation en fin de 2de ? Dans le cycle terminal, ces enseignements semestriels ne pourront être intégrés à l’évaluation finale que s’ils donnent lieu à des certifications et/ou s’ils sont évalués localement. Personnels : la semestrialisation (qui implique une annualisation des services) donnerait lieu à de nombreuses dérives locales. Que faire d’un collègue qui n’aurait plus suffisamment d’élèves au second semestre ? Semestrialiser, c’est risquer de donner encore plus de possibilités à l’administration pour faire éclater les statuts des personnels (voir les attaques actuelles contre les TZR). Par ailleurs, que faire des options qui ne réussiraient pas à faire le plein sur l’année ? Il y a un risque net de disparition des options semestrielles à faible effectif.
La semestrialisation n’améliorera pas le fonctionnement de l’orientation, et plus largement du lycée, mais sera néfaste pour les personnels et pour les disciplines concernées. Le Snes doit la rejeter.
Noëlle Célérier, Michaël Colin, Romain Gény, Catherine Piecuch, secteur Lycée Lille