Le texte de l’arrêté : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000034952173&dateTexte=&categorieLien=id
La réforme de 2015 maintenue, la logique du renvoi au local amplifiée
Le collège Blanquer s’inscrit dans la continuité collège Vallaud-Belkacem. En effet, les grilles horaires et la dotation à disposition sont maintenues, ce qui pérennise la mise en concurrence des disciplines dans la répartition horaire globale. Pire : la recréation des sections bilangues, des sections de type « euro » (rebaptisées Langues et Cultures Européennes), ainsi que l’augmentation du volume horaire dédié à l’enseignement des LCA/LCR doivent être financées sur cette fameuse « marge d’autonomie » de 3h … en plus des groupes et autres cointerventions !
Des signaux inquiétants et des effets d’annonce
La « liberté » que défend le ministre, c’est la flexibilité des horaires d’enseignement qui est conservée (globalisation des sciences et de la technologie en 6e), et même aggravée : la modulation des enseignements obligatoires sur le cycle4 n’a plus de limite, et l’horaire hebdomadaire des enseignements facultatifs (bilangues, LCE, et LCA/LCR) peut désormais fluctuer d’un collège à l’autre …
Enfin, les professeur-e-s de lettres classiques et ceux d’allemand, notamment, ne sont pas dupes : outre la difficulté majeure de modifier en juin le TRMD voté en janvier, sans moyens supplémentaires, s’est ajoutée la quasi impossibilité de retrouver les effectifs perdus depuis la rentrée 2016. On ne reconstitue pas des disciplines ou des dispositifs qui ont été décapitées à coups de textes réglementaires et sans moyens fléchés.
EPI et AP : des points d’appui pour réduire les pressions
Pourtant, au SNES-FSU, nous nous réjouissons que soit enfin officiellement admis que « La réforme du collège est loin de faire l’unanimité » (http://www.education.gouv.fr/cid117637/rentree-2017-4-mesures-pour-batir-l-ecole-de-la-confiance.html). En effet, le combat mené par le SNES-FSU depuis 2 ans a permis quelques bougés, certes insuffisants, mais qui devraient réfréner le zèle de certains chefs d’établissement.
Si les EPI existent toujours dans les textes, ils sont considérablement affaiblis par la suppression pure et simple des thématiques, et relégués au niveau des nébuleux parcours. Le programme redevient la seule référence en termes de contenus enseignés. Bien sûr, les élèves doivent en théorie « bénéficier » des 2 types d’enseignements complémentaires (AP et EPI) à l’issue du cycle 4 (ce peut être un EPI en tout et pour tout sur les 3) … mais dans le même temps, le projet d’arrêté a rayé la disposition imposant la participation de chaque discipline aux EPI : les chefs d’établissement ne peuvent plus dorénavant l’imposer à aucune équipe disciplinaire. Dans le même ordre d’idées, le texte supprime toute nécessité d’un EPI pour mettre en place l’enseignement de LCA/LCR, ce qui n’est pas rien. Supprime également la condition d’une continuité avec le CM2 pour rouvrir une bilangue. Enfin, le retour des enseignements facultatifs démontrent que les 26H hebdomadaires ne sont pas un plafond indépassable, ce que nous répétons depuis 2015.
Dans le contexte de campagne électoral pour les législatives, JM Blanquer a tenté de ne fâcher personne, ni les organisations minoritaires qui ont collaboré à la réforme Vallaud-Belkacem (maintien théorique des EPI et des grilles horaires), ni le SNES-FSU qui continue de revendiquer son abrogation : à nous, sur le terrain, de pointer dès la rentrée les effets d’annonces et de mettre en échec la mise en concurrence des personnels au nom de « l’autonomie ».