Place du concours : remettre encore le même ouvrage sur le même métier ?
A chaque congrès, nous sommes confrontés à la difficulté de la mise en application de nos mandats : l’historique revendication du SNES d’un recrutement au niveau de la maîtrise avait ainsi dû être adaptée, difficilement, à la réforme européenne dite « LMD » (Licence bac +3, Master bac +5, Doctorat bac +8).
En 2009, au congrès de Perpignan, un vote avait permis de trancher et de supprimer la proposition transitoire qui figurait dans les pré-rapports (et qui correspondait grosso-modo à l’existant que nous dénonçons par ailleurs : un concours après le M1, au cours du M2). Le SNES a donc défendu pendant les 3 ans qui viennent de s’écouler la formulation suivante « le concours doit se situer après l’obtention du master » . Parmi les arguments avancés, la nécessité de ne galvauder ni l’année de concours et ses exigences, ni le master lui-même, diplôme universitaire n’ayant pas comme seule finalité le recrutement dans l’Education nationale. Le congrès avait en parallèle rappelé l’importance des pré-recrutements pour garantir la démocratisation de l’accès à la Fonction publique.
3 ans après, où en sommes nous ?
Retour à la case départ ou presque, puisque réapparaît au 4.3.3 « le SNES propose une période transitoire avec un concours situé en fin de M2, consécutif à une deuxième année de master pré-professionnalisant. » Certes, il faut sans doute une dose de pragmatisme au regard de la crise de recrutement. Mais ce pragmatisme est-il acceptable quand il suggère de placer dans la même année un concours que nous souhaitons exigeant et une véritable 2e année universitaire de master ? Comment pouvons nous être crédible dans notre dénonciation de ce qui existe actuellement quand le dispositif transitoire proposé par le SNES en diffère si peu (à part un décalage de quelques semaines) ?
Il est urgent de rendre sa lisibilité à notre projet, qu’il concerne le temps de service et la nature de nos missions, le recrutement et la formation initiale, etc. Le congrès doit adopter des mandats clairs, qui ne doivent pas donner une impression de louvoiement, d’indécision : c’est la condition pour convaincre la profession et l’amener à se syndiquer !
Enfin, ce congrès (précédant celui de la FSU en 2013) sera peut-être aussi l’occasion de questionner une de nos positions elle aussi historique : devons nous continuer à revendiquer un même niveau de recrutement pour le 1er et le 2d degrés, sachant toutes les difficultés que cela nous pose au sein de la FSU, et donc au sein de l’intersyndicale ?
Karine Boulonne, UA, Lille