La voie technologique et les enseignants de STI.
La profession demandait une réforme de la voie technologique industrielle pour répondre aux évolutions, aux nouveaux besoins dans l’industrie et redonner un attrait à cette série qui a permis à tant d’élèves de classes moyennes et défavorisées de réussir un baccalauréat débouchant sur une poursuite d’études.
Depuis 10 ans, la baisse des effectifs (- 30 %), le refus d’une réforme ambitieuse et la RGPP ont entraîné la suppression de nombreux postes d’enseignants de STI. Les départs à la retraite n’ont pas été remplacés et depuis 2004, aucun recrutement en STI. Un nombre important de profs ont, soit changé d’orientation professionnelle, soit envisagé une reconversion contrainte en technologie collège. Les dispositifs de reconversion ont été réservés à un petit nombre, sans véritables alternatives. De plus, peu d’enseignants ont eu accès à la formation en STI2D : le nombre de places étant insuffisant, les corps d’inspection ont procédé à une désignation arbitraire et discriminatoire en l’absence de critères clairs et prédéfinis. En ont été exclus les enseignants « trop proches » de la retraite, la plupart des TZR et les enseignants de STS sur poste non spécifique.
Beaucoup d’entre eux sont dans l’expectative sur leur avenir professionnel : la réforme est inadaptée aux élèves et aux exigences d’une véritable formation technologique. Elle ne permettra pas une augmentation du nombre d’élèves dans cette filière qui aurait nécessité la réouverture de CAPET spécialisés.
Pour les personnels en charge des élèves, la situation se tend : en pré-bac, une charge de travail importante est demandée. Les besoins en formation sont importants : passer de spécialiste d’une matière technologique à professeur expert dans tous les domaines technologiques demande du temps et nie les compétences préalables acquises. Les objectifs de cette réforme ne sont toujours pas clairs : baccalauréat pour une poursuite d’études courtes ou longues ? La filière doit-elle garder un ancrage sur la production de biens, sur la maintenance ..., la réalisation ou se généraliser tel un bac S option SI ?
Sans choix clair, la voie technologique est en danger de décrépitude ou de disparition.
Thierry Quétu, pour le secteur enseignements technologiques du S3 de Lille