13 janvier 2010

Le Snes-FSU dans l’Académie

Déclaration FSU au recteur le 13 janvier 2010

Nous sommes réunis aujourd’hui pour que vous nous expliquiez comment l’académie de Lille peut connaitre une nouvelle ponction de 646 postes.

Non seulement nos conditions actuelles d’enseignement et le manque de personnels que connaît déjà l’académie ne justifient pas de nouvelles suppressions de postes, mais en plus les effectifs totaux d’élèves sont en hausse de 517 (+ 294 dans le premier degré, + 752 en collège, + 948 en LP contre une diminution de 156 élèves dans le post-bac et – 1321 en lycée), soit une suppression d’un poste d’enseignant pour 0.8 élève en plus !

Les administratifs et les personnels infirmiers sont logés à la même enseigne avec 46 suppressions pour les premiers et une stagnation pour les seconds alors qu’ils sont de plus en plus souvent affectés sur des « services à cheval », laissant des établissements sans présence d’infirmiers sur la moitié de la semaine.

Comme d’habitude (puisque nous connaissons des suppressions en continu depuis au moins 2001, nous en sommes presque au stade de l’habitude), comme d’habitude donc, vous nous expliquerez que cela aurait pu être pire, que l’académie a toujours un taux d’encadrement supérieur aux autres académies, qu’en somme le redéploiement de la pénurie ne serait que justice.

Personne n’est dupe de ce discours

 :

les personnels bien sûr dont les conditions de travail se dégradent tellement qu’ils sont de plus en plus nombreux à envisager de quitter l’enseignement et que 67 % d’entre eux déclarent être concernés par le malaise enseignant. Partout les effectifs grimpent, la charge de travail s’alourdit par l’accumulation de nouvelles taches et le transfert des missions, les pressions s’accroissent, qu’elles émanent des chefs d’établissement ou du rectorat, elles touchent les personnels les plus fragiles (TZR, contrats de progrès), mais aussi les délégués syndicaux ….

Les parents et les élèves non plus ne sont pas dupes, eux qui constatent qu’il n’est plus possible de scolariser un enfant de 2 ans, que des cours ne sont pas assurés pendant de longues semaines, voire des mois, ou alors à coup d’heures sup, de vacataires qui se succèdent, quand on ne leur fait pas changer leur LV2 faute de trouver un prof comme c’est le cas au LP de Bully pour des hispanophones sans enseignant depuis septembre mais qui ont un prof ... d’allemand depuis janvier.

Le ministère lui-même reconnaît le manque d’enseignants en faisant appel au Pôle Emploi pour recruter des non-titulaires ou en envisageant même de détacher des PE polyvalents dans le second degré alors que les nouveaux recrutés vont passer des concours avec un master.

Dans ce contexte, les réformes qui nous sont imposées tombent à pic

celle de la formation des enseignants et CPE d’abord, car en faisant passer le stage à 12 h, vous économisez plus de 200 postes, et tant pis si cela se fait au détriment de nos jeunes collègues dont la formation professionnelle va être réduite comme peau de chagrin, et donc au détriment de leurs élèves ; tant pis si cela se fait au bénéfice de l’enseignement privé dont le nombre de postes aux concours cette année est doublé, privé dont vous faites le jeu en organisant la dégradation systématique du service public d’Education.

La réforme du lycée ensuite, imposée contre l’avis majoritaire de la profession, dont le point de départ est la logique comptable de la RGPP. Il faut supprimer des postes de fonctionnaires, N.Sarkozy l’a encore rappelé dans ses vœux aux « forces économiques de la Nation », au nom d’un « bon sens » clamé haut et fort pour tenter de persuader qu’il vaut mieux économiser quelques centaines de millions que coûterait l’embauche de fonctionnaires et perdre des milliards en cadeaux fiscaux.

La réforme des lycées version Chatel, revient en réalité à casser l’Education nationale en instaurant 1/3 d’horaires à disposition des établissements. Elle a pour but de supprimer des heures de cours, donc des postes, tout en se targuant d’agir pour le bien des élèves alors que les programmes vont être rédigés à la hâte, au coup par coup, sans réflexion d’ensemble sur les 3 années du lycée et l’évaluation finale, en déséquilibrant encore plus les séries et les voies entre elles, en supprimant une aide individualisée rattachée à une discipline et s’effectuant en groupes de 8 maximum pour la remplacer par une aide personnalisée aux effectifs et buts indéfinis. Elle leurre les élèves en leur faisant croire qu’un stage de quelques heures pourra remplacer un trimestre complet et compromet ainsi leur réussite dans le supérieur.

La réforme des EPLE, enfin, augmente l’autonomie des établissements, remet en cause les horaires nationaux et donne des pouvoirs accrus au chef d’établissement et au conseil pédagogique dont les membres seront désignés, au détriment du conseil d’administration et de l’ensemble de ses élus (enseignants, parents, élèves, agents) qui seront dessaisis de leurs compétences. Nous affichons donc une vive opposition à la mise en place du conseil pédagogique prévu par la loi, nous nous opposons à ses dérives inévitables, comme le « copinage » ou le « caporalisme ».

La FSU appelle les personnels à entrer en lutte contre les contre-réformes imposées ces dernières années. Elle soutient tous les collègues qui suivent ou suivront les consignes syndicales en n’appliquant pas tout ou partie des dispositifs (profs de philo, aides « personnalisées », base élève, évaluation CE1-CM2, livret de compétences…) et qui sont sous le coup de sanctions administratives ou financières.

Pour terminer, nous avons déposé une longue liste de questions diverses puisque les occasions de se rencontrer ne sont pas si nombreuses. C’est l’époque des bonnes résolutions : nous espérons que pour une fois elles ne seront pas évacuées en fin de séance et qu’elles seront au contraire l’occasion d’un véritable débat dans le cadre d’un dialogue social rénové.