Monsieur le recteur,
Depuis la rentrée les personnels de l’Education nationale ont montré leur mécontentement par des actions de grande ampleur, grèves du 28 septembre et du 18décembre, et il y a deux jours manifestation nationale qui a rassemblé des milliers de personnes.
Ces actions dans leur diversité, montrent la volonté des personnels de voir cesser les attaques dont ils sont victimes, et au-delà de leur situation personnelle, les craintes qu’ils éprouvent pour le service public d’éducation.
Dans notre académie, la colère est d’autant plus grande que cette année encore, des centaines de postes sont menacés.
Les personnels vivent mal cette dégradation continue de la situation.
Dégradation de l’emploi, avec les suppressions de milliers de postes de titulaires, auxquels s’ajoutent les précaires et les stagiaires. Pour ne prendre que cet exemple, les déclarations du ministre sur le prétendu bilan de la mise en place des collèges ambition réussite ont soigneusement fait l’impasse sur les suppressions de postes et l’avenir des EP2 et EP3, et les annonces sur le lycée ambition réussite sont particulièrement inquiétantes. La suppression de 701 emplois, car nous ne pouvons accepter le décompte artificiel que vous avez fait devant la presse, se traduira de nouveau par des mesures de carte scolaire et des services partagés. Que comptez vous faire pour les collègues les plus menacés, en discipline technologique, en allemand ou en lettres classiques ?
Dégradation des conditions de travail et de la situation des personnels. Ici la liste est longue et les coups qui nous ont été assénés sont nombreux. La presse a repris récemment des analyses que la FSU avaient montré de longue date : le recul régulier des salaires avec une perte de pouvoir d’achat estimée à 20 % depuis 1981. Un journal titrait samedi sur des enseignants paupérisés, et le ministre de l’EN n’a pas défendu les personnels en rétablissant publiquement la vérité et en dénonçant la basse manoeuvre du ministre Coppé qui nous présente comme des privilégiés aux yeux de l’opinion en affirmant que le revenu d’un certifié atteint 4100 euros. Ce chiffre extravagant permet de discréditer une profession qui subit une individualisation des salaires qui sous couvert d’un mérite circonscrit à des quotas privera une majorité d’entre nous de revenus auxquels ils ont droit.
Nous vous le disons tout net, l’augmentation de 0.8 % dont on ne sait si elle sera imputée à 2006 ou à 2007, apparaît comme une nouvelle tentative de diversion qui ne nous empêchera pas d’appeler à l’action le 8 février.
Dans notre académie, nous souhaitons avoir des éclaircissements sur les propos que vous avez tenus devant la presse selon lesquels tout ne serait qu’une question d’adaptation des enseignants et non une question de moyens. Vous avez même pris appui sur le rapport de l’IGEN dont vous nous aviez dit qu’il n’engageait que ses auteurs alors qu’il soulignait l’investissement des enseignants avant, il est vrai, de proposer de poursuivre dans le sens des réformes engagées avec la loi Fillon.
La réalité est pourtant la dégradation des conditions d’enseignement que nous constatons avec la remontée des effectifs en classe, des centaines de divisions à effectifs supérieurs à 30. Faut il rappeler que l’an dernier les seuils en collèges ont été relevés ?
Ajoutons y bien sûr le projet de décret sur les statuts dont nous continuons à demander l’abandon et, pour le local, le recours à la flexibilité et au non respect de la qualification et des disciplines. Nous avons ainsi constaté que vous avez proposé un poste en lettres à un vacataire formé en documentation alors que des certifiés de lettres, non volontaires, sont toujours affectés en CDI.
Dégradation enfin de l’offre de formation. Encore une fois nous avons relevé vos propos, tenus cette fois en CTP et en réunions de bassins. Manifestement la guerre est de nouveau déclarée aux options et aux langues. En réduisant l’offre pour se plier aux contraintes budgétaires, l’administration fait le jeu du privé au détriment du service public d’éducation. Nous insisterons sur les langues vivantes : une véritable campagne est lancée par l’inspection pour mettre en oeuvre les groupes de compétence et les certifications. Les inspecteurs tentent de forcer la main des personnels en affirmant que cette réforme est inscrite dans les textes ce qui est faux. Le SNES continuera à rétablir la vérité sur les vrais objectifs de cette campagne, à savoir la possibilité de remplir les divisions et de gagner des moyens, tout en portant un coup décisif au bac.
Nous demandons que le dialogue social ne soit pas qu’un vain mot et que les personnels qui aspirent à un service public d’éducation de qualité et ambitieux pour les élèves n’obtiennent pas pour seules réponses : suppressions de postes, augmentation du temps de travail et dénigrement de leur professionnalisme.