31 mai 2007

Actualité

Lettre ouverte aux candidats aux élections législatives dans les circonscriptions du Nord Pas de Calais

Parce que les député-es sont les dépositaires de la souveraineté nationale – et non le seul Président récemment élu- et parce que la démocratie se nourrit de la confrontation de propositions soumises au vote des citoyens, les sections départementales FSU du Nord et du Pas de Calais s’adressent aux candidats à la députation.
Elles le font à partir des réalités observées dans l’académie de Lille marquée par des retards (scolaires, sociaux, sanitaires…) maintes fois relevés par rapport aux indicateurs nationaux. Un tiers des élèves relève de l’éducation prioritaire, mais on a supprimé plusieurs milliers de postes d’enseignants depuis 10 ans.
La FSU Nord Pas de Calais jouera tout son rôle d’organisation syndicale représentative, porteuse des propositions et des revendications des personnels dans la période qui vient. En agissant notamment :

Pour un service public d’éducation qui permette la réussite de tous les élèves

Les écoles, collèges, lycées et universités parviennent de plus en plus difficilement à répondre à l’ensemble des besoins des jeunes de la région. Dans notre académie, la dégradation de la situation (faiblesse de l’accès aux études longues et universitaires, baisse du pourcentage de réussite d’une classe d’âge au baccalauréat coïncide avec la dégradation de l’emploi depuis 1999)
Pour un collectif budgétaire dès la rentrée 2007 et un budget 2008 qui offrent les conditions permettant la réussite de tous et les emplois nécessaires.
La FSU affirme que l’appropriation d’une culture commune est vecteur de l’émancipation du citoyen et de son insertion dans la société. Malgré l’implication des collègues, le système éducatif ne progresse plus depuis les années 1990 et la loi Fillon ne répond en aucune manière à ce défi, notamment avec les mesures concernant le collège (socle commun minimaliste, promotion de l’apprentissage dès la 4e) qui risquent de le transformer en simple outil de tri social. La baisse du taux de scolarisation des deux ans, particulièrement sensible dans notre académie, la baisse du pourcentage de réussite d’une classe d’âge au baccalauréat ; la mise en concurrence accrue des établissements de l’université jusqu’aux écoles avec notamment le décret sur les EPEP ou des mesures concernant les personnels qui ne permettent pas de faire progresser la formation délivrée (remplacements de courte durée imposés, polyvalences, ... ) sont autant de coups portés au service public d’éducation. La FSU demande l’abrogation de la loi Fillon, le retrait du décret sur les EPEP et une loi qui fixe des objectifs ambitieux pour permettre la réussite de tous.

La FSU demande l’abrogation de la loi Fillon, le retrait du décret sur les EPEP et une loi qui permette la réussite de tous.
Elle souhaite connaître votre point de vue sur la suppression de la carte scolaire. Sans ignorer ses limites, elle estime que sa disparition irait à l’encontre même de l’objectif affiché en rendant les établissements maîtres du choix, favoriserait des phénomènes de ghettoïsation et d’exacerbation de la concurrence entre les établissements.

Contre la baisse du pouvoir d’achat, le recul de la protection sociale, la dégradation des retraites et l’accroissement de la précarité
La FSU exige l’ouverture de négociations salariales qui débouchent sur le maintien et l’accroissement du pouvoir d’achat mis à mal depuis plus de 20 ans (jusqu’à 20 % de perte pour certaines catégories !).

La FSU ne se résigne pas face aux reculs observés en matière de protection sociale et de pensions. Bien loin d’empêcher les déficits, retraites et sécurité sociale sont de plus en plus ouverts au privé tandis que les salariés paient un prix de plus en plus lourd : recul de l’âge de départ à la retraite, non respect des promesses sur la revalorisation des pensions, augmentation des tickets « modérateurs », mise en place d’une « franchise médicale ».
Il faut garantir et améliorer une protection sociale fondée sur la solidarité et un régime de retraite par répartition, acquis de la Libération, ce sont les priorités de la FSU.

La Fonction Publique emploie de nombreux agents non titulaires. L’Education Nationale a eu, de nouveau, beaucoup recours à des contractuels et des emplois précaires (EVS, assistants d’éducation…). Depuis 2002, elle supprime massivement des postes et ce sont autant de non-titulaires qui se retrouvent au chômage. Pour la FSU, cette situation est intolérable.
La FSU revendique l’augmentation des postes aux concours, l’arrêt du recrutement de non titulaires et un plan de titularisation pour tous ceux qui ont déjà été embauchés.

Pour des services publics de qualité, pour tous et sur tout le territoire et un vrai bilan des politiques de décentralisation

Les services publics (transports, énergie, poste…) font l’objet d’attaques incessantes parfois sous couvert de contraintes européennes, ou toujours par des moyens constamment réduits. Il faut tout au contraire conforter les services publics garants de l’égalité entre citoyens.
La décentralisation relancée par le gouvernement Raffarin n’a fait qu’aggraver la situation en renvoyant les territoires à leurs inégalités de financement. Dans ce contexte les risques d’externalisation (restauration, entretien…) sont grands.
La FSU revendique un véritable bilan de la décentralisation conduite depuis plus de 20 ans et l’abrogation des dispositions inégalitaires préjudiciables aux services publics.

Contre les régressions en matières de libertés et les politiques sécuritaires

La FSU est pleinement engagée dans le mouvement social et donc particulièrement attentive à l’évolution des règles de représentativité. C’est pourquoi elle s’opposera aux atteintes au droit de grève dans son secteur de responsabilité comme ailleurs. Elle continuera à s’opposer à la loi Sarkozy sur la prévention de la délinquance ; contre les expulsions d’immigrés et de leurs enfants aux côtés de RESF, contre la répression voire la criminalisation des mouvements sociaux. Elle attend du Parlement des actes contre toutes les discriminations, le racisme, le sexisme et l’homophobie.

Ce sont des mesures de progrès social et non des régressions que les jeunes, les familles et les personnels des services publics attendent des député-es.

La FSU, forte de ses résultats lors des dernières élections professionnelles, tient à rappeler que la légitimité des organisations syndicales ne s’oppose pas à celle des élections politiques et que la liberté syndicale est une des libertés fondamentales reconnues par notre constitution. A ce titre, elle ne peut que s’élever contre les déclarations qui visent à discréditer et délégitimer le syndicalisme et à ne voir que dans une seule élection, si importante soit elle, la seule source de propositions dans un pays démocratique. Elle attend du Parlement et du gouvernement des gestes clairs sur la représentativité syndicale qui fasse à la FSU la place qui lui revient.
Elle s’oppose à la mise en place d’un service minimum, atteinte au droit de grève.
Organisation démocratique et ouverte à un dialogue avec l’ensemble des organisations républicaines, la FSU espère que cette lettre sera suivie de rencontres et de réponses qui seront rendues publiques.

Pour les sections départementales FSU Nord et Pas de Calais,
Georges Bouchart
Coordonnateur régional