CAA DU 9 NOVEMBRE 2009
MOTION COLLEGE S3 LILLE
Au collège, la généralisation du livret personnel de compétences est le levier majeur d’une réforme qui ne dit pas son nom, et qui résulte de l’application progressive de la loi Fillon sur l’Ecole de 2005.
Sans surprise, il n’a été tenu aucun compte des problèmes constatés lors des expérimentations de ces dernières années, et pour cause : l’objectif du ministère est bien de remettre en cause fondamentalement le fonctionnement du second degré :
– La généralisation du LPC est une offensive insidieuse contre les enseignements disciplinaires que nous défendons, et de la qualification des personnels garantie par les décrets de 1950. En outre, son intégration dans les pratiques constituerait un alourdissement inacceptable de la charge de travail.
– Le LPC est l’outil de mise en place du socle commun de connaissances et de connaissances, qui repose sur l’idée que tous les élèves, et notamment ceux issus des milieux populaires, n’ont pas vocation à prolonger leurs études jusqu’au bac. Couplé aux effets destructeurs de la suppression de la carte scolaire, il légitime la mise en place d’enseignements appauvris dans les établissements les plus fragilisés sur le plan socio-économique, et favorise la résurgence de classes ou regroupements « de niveau » dans l’ensemble des collèges (multiplication des groupes de compétences).
– LPC et socle commun constituent enfin la partie visible d’une remise en cause des statuts des personnels, auquel le ministère entend substituer une logique d’individualisation des missions et des rémunérations, via la signature de contrats d’objectifs qui lieraient les établissements au Recteur, et les personnels au chef d’établissement. Le label « CLAIR » (collèges et lycées pour l’innovation, l’ambition et la réussite) constitue une déclinaison avancée de cette nouvelle « gestion des ressources humaines ».
Pour ces raisons, le Snes continue de rejeter l’approche et l’évaluation par compétences, et donc le LPC.
Dans l’immédiat, la CAA appelle les collègues à ne pas entrer dans la démarche d’évaluation par compétences : dans le respect du BOEN du 8 juillet 2010, dans un souci d’égalité des élèves devant le DNB, nous les engageons à :
– ne pas renseigner le LPC avant le conseil de classe du 3e trimestre, date à laquelle doit être attestée –ou pas- l’acquisition du socle. Pour chaque élève candidat au DNB, c’est collectivement qu’il faut se prononcer sur la validation de en bloc du LPC, et proposer au principal d’attester ou non leur acquisition. Cette attitude présente plusieurs avantages, comme celui d’éviter que certains chefs d’établissement instrumentalisent le LPC afin d’imposer des modalités de validation ou uniformiser les progressions. C’est aussi une façon de ne pas laisser les professeurs principaux en première ligne.
– expliquer la position prise aux parents d’élèves, afin de les éclairer sur les problèmes posés par la validation par compétences, et notre opposition à la logique du socle commun.