4 janvier 2006

Les établissements

Motion du lycée Paul Duez de Cambrai sur les remplacements

Motion présentée par les enseignants élus au Conseil d’administration

Le remplacement des professeurs absents est mal assuré ce qui pose un réel problème quant à la continuité pédagogique que doit assurer le Service Public d’éducation.
D’autres facteurs comme la lourdeur des effectifs, l’insuffisance de travail en groupe, la réduction des horaires disciplinaires sont autant d’éléments qui nuisent encore bien plus gravement à la réussite des élèves.

Paradoxalement, le dispositif ministériel imposé pour faire assurer les remplacements de courte durée par les enseignants de l’établissement est mis en place dans une période où :
 les postes de titulaires remplaçants sont massivement menacés
 les moyens d’enseignement et destinés aux remplacements sont réduits (notamment en raison de la multiplication des postes provisoires que doivent occuper les remplaçants),
 disparaît un nombre important d’adultes contribuant à la vie scolaire dans les établissements (MI-SE, emplois jeunes...).
C’est dans ce contexte de pénurie que le ministère tente de régler une partie infime des absences des enseignants (celle dites de courtes durées) en alourdissant de manière autoritaire leur charge de travail et en cherchant à les culpabiliser.

Les mesures mises en place ne règlent en rien le problème des absences supérieures à 15 jours, pour lesquelles très souvent aucun remplacement n’est assuré et dont les conséquences pédagogiques sont bien plus graves que les absences de courte durée.

Ce décret sur les remplacements de courte durée du 26 août 2005 fait apparaître de nombreux problèmes ; ce système ne peut que nuire à la qualité de l’enseignement :
- professeur remplaçant averti tardivement
-remplacement dans une classe non connue
- remplacement éventuel dans un ni veau non pratiqué
- possibilité de remplacer une discipline par une autre (et donc hiérarchisation des disciplines)
- surcharge de travail qui peut nuire aux classes auprès desquelles le professeur intervient déjà.
- rupture de la continuité pédagogique
- non prise en compte des contraintes des établissements (emplois du temps des enseignants, des élèves, utilisation des locaux...)

Ce décret tend donc davantage à faire assurer la surveillance des élèves, qu’à s’attaquer sérieusement à l’amélioration des conditions d’apprentissage de tous les élèves.
Enfin, son application va fragiliser encore davantage certaines activités.
Ce dispositif créera un climat délétère dans les établissements en culpabilisant les absents pour des activités nécessaires à l’efficacité et à la qualité du système éducatif (sorties scolaires, formation continue, vie d’associations sportives, paritarisme..), tout en faisant porter aux équipes de direction la responsabilité de faire fonctionner le dispositif, les amenant à faire pression sur les enseignants afin que certains assurent un remplacement, voire pour que d’autres renoncent à leurs projets.

Enfin, il nous est demandé d’accepter un protocole organisant le système de remplacement ;

 il s’agit ainsi de permettre une définition locale de nos obligations de service mettant en cause la définition nationale de nos statuts

 Il s’agit également de protocole signé dans chaque établissement : il peut ainsi y avoir autant de système que d’établissement : où est donc l’égalité de traitement des élèves sur le territoire ?

 Le décret doit être appliqué en janvier : il a une priorité constitutionnelle que lui confère sa valeur nationale sur un protocole qui n’a qu’une valeur locale : quelle sera la réalité juridique d’un tel texte local ?
Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons que déplorer la mise ne place de quelque protocole que ce soit et d’un système de remplacement qui n’est qu’un moyen supplémentaire de dénier la qualité de l’enseignement dispensé.

En conséquence, les élus enseignants au CA refusent la mise en oeuvre du décret du 26 août 2005 sur les remplacements de courte durée ainsi que la ratification de tout protocole dans l’établissement. Il en demande l’abrogation au ministre ainsi que l’ouverture de négociation sur les moyens d’assurer efficacement l’ensemble des remplacements des enseignants absents quelle qu’en soit la durée.