Motion lycée
Pourquoi il faut refuser la réforme Darcos !
Une réforme qui affiche des objectifs de démocratisation et qui en réalité aggraverait les inégalités entre élèves
Une réforme pilotée par la RGPP et qui vise à la suppression des postes par la diminution des horaires disciplinaires
Nos statuts, nos métiers sont remis en cause par le transferts de missions entre catégories, les risques de bivalence et d’annualisation. Cette redéfinition se fait en cohérence avec les contenus du concours et la réforme des masters.
Une réforme qui traite des structures sans aborder les contenus.
Un flou savamment maintenu notamment sur le cycle terminal, avec un calendrier inacceptable, dans le refus du dialogue social.
Le SNES a fait reculer le ministre
A notre crédit : la réinscription des enseignements technologiques, la réintroduction de 3 heures en seconde.
Il faut cependant poursuivre et amplifier la riposte notamment en :
– rappelant le chantage dans lequel le diagnostic partagé a été signé et en refusant qu’il soit instrumentalisé par Darcos pour se légitimer, alors que ses objectifs sont diamétralement opposés à ceux du SNES.
– dénonçant le morcellement des annonces de réformes qui masque la cohérence idéologique du projet et qui contribue à culpabiliser plus fortement les acteurs successivement accusés d’être les principaux responsables.
– accentuant l’analyse sur les objectifs réels de la modularisation et de la semestrialisation. Le SNES doit cesser de considérer les propositions de Darcos comme la base des négociations et avancer plus clairement ses propres propositions.
– exigeant une réflexion globale sur le lycée.
– refusant la logique du module (ensemble fini, indépendant des autres modules, dans le cadre d’un parcours individualisé de l’élève), de la semestrialisation (dont on voit bien qu’elle est un pas décisif vers l’annualisation des services), et de la séparation en période d’enseignement d’un coté et d’approfondissement et de remédiation de l’autre.
– réaffirmant la nécessité d’un examen national avec épreuves terminales comme garanties d’égalité.
– exigeant des programmes disciplinaires nationaux sans marge de manœuvre locale
Nos propositions pour un lycée démocratique :
Une vraie réforme du lycée doit être guidée par le souci de la démocratisation et de l’amélioration des conditions de travail des personnels. Elle doit se faire en lien avec une réflexion sur les réformes nécessaires du collège et de l’Université.
1)Réduire les effectifs des classes.
Actuellement dans l’académie, 1 élève sur 2 en lycée est dans une classe à plus de 30 ; en collège les seuils sont souvent atteints et ils ont été relevés à des niveaux inadmissibles.
2)Remettre les contenus au cœur de la réflexion.
Le lycée général et technologique doit être guidé, lui aussi, par les principes de la culture commune : le lycée forme le citoyen et prépare aux études supérieures ; le lycée technologique est fondé en outre sur le principe de la double finalité (formation citoyenne et professionnalisation). Des contenus solides de formation sont donc indispensables : on ne peut réfléchir sur une réforme du lycée sans commencer par s’interroger sur les missions de celui-ci, et en ne parlant que des structures.
3)Poser la question des horaires de façon plus pertinente, en prenant en compte la réalité du travail des élèves et la diversité des séries.
Le projet de réforme est inacceptable parce qu’il pose la réduction horaire comme un préalable. Réduire les horaires est une réponse démagogique alors qu’il faudrait repenser le temps de l’enseignement, varier les modalités du travail des élèves et leur donner les moyens effectifs d’un travail en autonomie.
4)Proposer des situations d’apprentissage diversifiées aux élèves d’une classe (dédoublements, séances en groupe de taille très réduite…) pour créer toutes les conditions de la réussite scolaire, mais aussi aider les lycéens dans leur apprentissage de l’autonomie.
5)S’attaquer réellement à la difficulté scolaire qui doit être traitée « dans le cours », et non pas à côté, mais il faut pour cela des conditions de travail améliorées. Des effectifs surchargés empêchent la diversification des pratiques pédagogiques, obligent souvent les enseignants à recourir au « cours magistral » et à une pédagogie implicite, souvent problématique pour les élèves en difficulté. La lutte contre l’échec scolaire demande des moyens à mettre en œuvre de la préscolarisation des deux ans à la 3e de collège, et c’est dans cette dynamique que doit s’inscrire la remédiation en lycée
6)Faire de la classe de 2de une véritable classe de détermination. Il faut à la fois du temps et des structures pour permettre aux enseignants de remédier aux difficultés des élèves, et une organisation qui permette aux élèves de préparer leur orientation ultérieure. L’articulation entre le tronc commun et les options, ainsi qu’entre les enseignements de 2de et ceux du cycle terminal, doit être repensée. Le maintien des options doit permettre aux élèves de découvrir des enseignements qui n’existent pas aux collèges, ou qui y sont enseignés de manière optionnelle. Il faut proposer à l’issue de la 2de des passerelles pour la série de leur choix, en assurant les conditions de leur réussite
7)Maintien et diversification des séries de l’enseignement général, qui sont efficaces si elles sont équilibrées (suffisamment larges, suffisamment typées). Elles permettent un équilibre entre la diversification (nécessaire pour diversifier les voies de réussite) et l’unification (nécessaire pour assurer l’égalité entre élèves). Nous refusons la hiérarchisation des séries et des voies, qui reproduit dans l’école des hiérarchies sociales injustes. Toutes les séries doivent être des voies de réussite, et il est absurde de hiérarchiser les contenus en fonction de leur prétendue « utilité ».
Il faut rénover la série L : elle apparaît trop souvent aux élèves comme étant « spécialisée par défaut ». Il faut à la fois en refaire une « série générale », (rétablir un enseignement solide de mathématiques), et lui donner une identité plus forte (place de la philosophie dès la classe de première ? renforcement des enseignements artistiques ?).
La « suprématie » de la série S n’est pas tant liée à son contenu qu’aux stratégies individuelles des familles. Il faut lutter par l’information contre ces pratiques (renforcées par la réforme Darcos). Ne doit elle pas être rééquilibrée pour répondre mieux à la diversité des disciplines enseignées ?
Quant à la série ES, son équilibre, sa réussite et sa contribution à la démocratisation du baccalauréat sont reconnus par tous… pourquoi vouloir la faire disparaître ?
8)Renforcer les séries technologiques. Si les enseignements doivent permettre la poursuite d’études, et pas seulement vers le BTS, il faut maintenir à ces formations leur double finalité, qui permet des enseignements adaptés. La mise en cohérence des enseignements suppose une organisation qui ne peut se fondre dans l’organisation en « briques » et « modules » tels que ceux présentés par la réforme Darcos. Une véritable voie technologique demande des enseignements lourds et ne peut se résumer à un saupoudrage de modules technologiques. Le SNES demande le retrait de la réforme du bac pro en 3 ans, qui va se substituer au bac techno actuel ; alors que ces ces deux bacs ont leurs finalités propres.
9)Multiplier les passerelles entre les séries et voies de formation, pour éviter les sorties sans qualification ou les arrêts trop précoces des études. Ces passerelles doivent permettre à un élève de passer d’une série à l’autre en cours de formation. A la logique de Darcos consistant à accélérer les flux d’élèves, il faut réfléchir au doublement Si on ne peut les défendre par principe ils ne peuvent pas être rejetés catégoriquement, mais pourraient être évités plus souvent si les enseignants avaient le temps de s’occuper plus individuellement, dans leur cours, des élèves les plus en difficultés.
10)Renforcer le travail inter catégoriels et interdisciplinaires.
Pour le SNES, la classe de seconde doit devenir une classe de détermination ce qu’elle n’a jamais été, ouvrant sur le maintien de séries diversifiées, qui permettent à la fois l’acquisition d’une solide culture commune, réponde aux attentes des élèves et débouchent sur des perspectives de formation. La solution n’est pas dans l’atomisation des formations et l’individualisation des choix, mais dans une offre à la fois cohérente, claire et diversifiée. La question des passerelles est décisive car ce sont elles qui doivent donner la souplesse au système et rassurer des élèves peu désireux de figer rapidement leur choix d’orientation.
Ces quelques pistes, non exhaustives, montrent ce à quoi pourrait ressembler une réforme du lycée qui aurait vraiment à cœur de démocratiser l’école, de permettre à tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale, de réussir à l’école. Il est urgent de mener le débat non seulement pour dénoncer la réforme Darcos, mais aussi pour convaincre la profession, mais aussi et surtout les élèves et les parents de la pertinence de nos revendications. Une telle réforme doit aussi s’opérer dans le cadre d’une réflexion sur les missions du collège. C’est le sens que le SNES entend donner à la construction d’une culture commune.
Des propositions d’action
– S’opposer au calendrier et exiger une présentation globale du projet avant mise en oeuvre.
– Intervenir en CA et en faire voter des motions (exemple Créteil), courrier aux élus.
– Renforcer la pression : occupation des locaux
– Renforcer les contacts entre collèges et lycées pour mettre en cohérence les projets gouvernementaux et renforcer les analyses du SNES.
– Organiser une nouvelle manifestation nationale.
Dans l’immédiat, outre la grève du jeudi 20 novembre, il faut inciter chaque lycée à envoyer des délégués à Paris le 29 novembre (Etats Généraux).
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