« Cédant aux pressions corporatistes », le ministre « sacrifie l’intérêt des élèves au profit de celui des personnels », en repoussant la pré-rentrée du 29 août au 1er septembre, et donc la rentrée des élèves du 1er au 2 septembre. Voilà en substance ce que racontent, sans rire, la plupart des médias – et certaines organisations « syndicales » comme le SGEN - depuis deux jours. Avec une violence et une haine étonnantes.
Une chose est vraie : c’est la pression, organisée depuis plusieurs mois par le SNES, qui a forcé le ministre à revenir sur cette mesure vexatoire.
Bon, et alors, il faudrait avoir honte d’avoir exigé, et obtenu, le retour à un mois d’août complet pour nos congés ?
Fainéants de profs ?
D’abord, rappelons que le temps de travail hebdomadaire d’un professeur certifié a augmenté de 8% entre 2002 et 2010, et qu’il est actuellement à quasiment 43h / semaine (hé oui, il y a le travail invisible, c’est comme pour les présentateurs de JT : ils ne travaillent pas seulement 30 minutes par jour...). Notre temps de travail s’alourdit, et nous devrions nous taire ?
Toujours en vacances ?
D’abord, d’après les chiffres du ministère lui-même, les profs travaillent en moyenne 20 jours (soit 4 semaines) pendant leurs congés. Mais surtout, rappelons que depuis 15 ans, le ministère nous a imposé deux semaines de travail supplémentaires sur l’année (il fut un temps, pré-allégrien, où la rentrée avait lieu autour du 10 septembre, et la fin des cours aux alentours du 30 juin). Deux jours de congés en plus à la Toussaint ? Certes, mais on nous demande de les rattraper ! Sans oublier que les « RTT », nous n’en avons jamais vu la couleur,
On nous grignote nos congés, et nous devrions nous taire ?
Et bien payés, en plus ?
Pendant que notre charge de travail hebdomadaire augmentait, et que nos congés diminuaient, notre pouvoir d’achat, lui, a diminué d’environ 15% depuis 2000. On nous fait travailler plus pour gagner moins, et nous devrions nous taire ?
Alors oui, nous avons eu raison de refuser la pré-rentrée en août, et oui, il est juste que cette mesure ait été supprimée : c’était une provocation inacceptable !
Et puis, quand même... l’intérêt des élèves serait sacrifié par cette décision ? Sérieusement ? L’échec scolaire va exploser parce que les élèves rentreront le mardi au lieu du lundi ? Faut-il vraiment répondre à de telles sottises ? Mais si jamais vous culpabilisez encore, nous vous invitons à lire, par exemple, cet article http://alternatives-economiques.fr/blogs/parienty/2014/05/16/le-ministre-des-profs-repousse-la-rentree/