Contribution de Roland Delattre, Calais
Le SNES se réclame de la laïcité, condition nécessaire pour que chacun, personnel comme élève, exerce pleinement sa liberté absolue de conscience. Je ne crois pas que des personnels qui ont accepté de travailler dans l’enseignement catholique soient à même de défendre cette conquête essentielle de l’école publique. De fait, ces personnels refusent pour eux-mêmes et pour leurs élèves l’exercice de cette liberté absolue de conscience dans leur pratique de l’enseignement. Les pressions des chefs d’établissement et des diocèses sont toujours en usage dans les écoles privées aujourd’hui. Il est donc hors de question que notre fédération accueille en son sein des syndicats attachés à une conception dogmatique de l’enseignement, les deux syndicats en question assumant très bien leurs origines catholiques puisqu’ils sont issus de la CFDT, confédération ouvertement antilaïque, et que ce n’est pas à cause de cela qu’ils semblent l’avoir quittée.
De plus, l’enseignement privé concurrence l’école de la République depuis toujours de manière acharnée, comme le prouvent les manifs de 1984 et les accords Lang/Cloupet. Il est donc surréaliste d’envisager que des syndicats avec des buts opposés puissent cohabiter dans la même fédération ! Si les personnels du privé veulent les avantages du public, qu’ils travaillent pour les acquérir par les concours et être intégrés ainsi à la fonction publique. Ils rejoindront alors le SNES...
Que la FSU laboure son champ de syndicalisation d’origine, l’école publique ,et y agrandisse son audience et son nombre d’adhérents, elle sera suffisamment puissante alors pour réfléchir à une éventuelle transformation.
Le congrès de Perpignan a accepté un élargissement de la FSU aux autres secteurs de la fonction publique. Mais apparemment nos dirigeants fédéraux veulent jouer avec les mots : les personnels de l’école privée exerceraient une mission de service public avec un statut privé. Sauf que c’est une supercherie : l’enseignement privé catholique ne remplit pas les mêmes missions que l’école publique puisqu’il revendique son caractère propre, et est exonéré de l’application des lois laïques (interdiction des signes religieux, gratuité de l’école, obligation d’accueil indifférencié de tous les élèves et selon le secteur géographique, etc.) Ces syndicats veulent donc le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière en prime !
La FSU serait-elle prête à sacrifier ses valeurs fondatrices et des milliers de militants pour des compromissions révoltantes et quelques adhérents mal organisés et peu influents dans leur sphère d’activité ? Si tel est le cas, qu’elle se souvienne de la défunte FEN...