Un syndicat de l’enseignement privé demande son affiliation à la FSU.
Sur son site internet, il réclame « le rapprochement du statut et des conditions d’exercice entre les enseignants du privé et ceux du public ». On comprend aisément leur volonté d’accéder à un statut plus favorable que celui auquel ils sont soumis actuellement. Il « refuse la concurrence entre secteur public et privé ». Refuser une concurrence qui existe dans les faits ne règle en rien notre problème, à savoir qu’une partie de l’argent public attribué à l’Education part vers l’enseignement privé. Il évoque enfin la défense d’une laïcité qui ressemble plutôt à un espace de tolérance. Brandir la laïcité, c’est bien, demander la suppression de l’enseignement religieux serait mieux et cela n’apparaît nulle part.

On nous affirme souvent, comme s’il s’agissait d’un sésame susceptible d’ouvrir toutes grandes les portes de la FSU, que ce syndicat est favorable à la nationalisation de l’enseignement privé ; cela n’apparaît pas dans leurs textes. Quand bien même cette revendication serait la leur, les conditions politiques actuelles nous placent à des années lumières de la perspective de nationalisation de l’enseignement privé. Après 1981, le gouvernement a rapidement renoncé à cette promesse électorale, dans un contexte pourtant autrement plus favorable que celui que nous connaissons actuellement.

Deux grands principes de fonctionnement de l’enseignement public nous distinguent profondément de l’enseignement privé. Notre enseignement s’appuie sur la laïcité, conçue comme un espace libre de toutes pressions extérieures, permettant une véritable indépendance d’esprit, condition indispensable pour que nos élèves accèdent aux savoirs et à l’esprit critique. La laïcité n’est pas compatible avec un enseignement religieux, même facultatif !

Nous accueillons tous les élèves sans distinction, sans les sélectionner
selon des critères d’opinion religieuse, de résultats ou d’argent. En ce sens, l’enseignement privé exerce à notre encontre une concurrence déloyale qu’il ne faut cesser de dénoncer !

Que deviendront nos revendications si ce syndicat de l’enseignement privé
entre à la FSU ?
Nous revendiquions autrefois « argent public pour l’Ecole publique, argent privé, pour l’Ecole privée ». Cette demande est-elle abandonnée ? Osera-t-on encore formuler une telle exigence s’il adhère à la FSU ?

L’enseignement privé reçoit un financement de l’Etat et des collectivités
territoriales de plus en plus important. L’Etat leur paie maintenant les charges sociales en plus des salaires. Les collectivités locales peuvent désormais financer les constructions des établissements privés à hauteur de 50% de la dépense totale, contre 10% auparavant. Plus que jamais, il nous faut dénoncer ces injustices. Il paraît évident que nous cesserons de le faire si un syndicat de l’enseignement privé adhère à la FSU.

Pour finir, il ne faut pas perdre de vue que la défense de l’Ecole publique, y compris contre les avantages indus de l’enseignement privé, constitue pour beaucoup d’entre nous, et en particulier pour les plus anciens, une des raisons profondes de l’engagement syndical. Ce débat qui s’annonce risque de laisser des traces dans notre organisation syndicale.

Prendrons-nous le risque de perdre des adhérents et de laisser nos revendications les plus anciennes et les plus légitimes sur le bord du chemin ?