TEXTE ACTION CAA LILLE 11/09/2013
Le gouvernement Hollande, comme le précédent, continue de maintenir le cap fixé par l’Union européenne de réductions des dépenses publiques, de rigueur budgétaire et d’austérité. Il multiplie les décisions et les réformes qui portent atteintes aux acquis sociaux, qui réduisent le pouvoir d’achat des salariés et des retraités et qui sont incapables de relancer l’emploi ou de réduire les inégalités. Dans le même temps, il multiplie les annonces de cadeaux au patronat (après le pacte de compétitivité et ses 20 milliards, la promesse de ne pas payer les hausses de cotisations sociales prévues par la réformes des retraites, de réduire l’impôt sur les sociétés). Face à cette situation qui se dégrade, la responsabilité des organisations syndicales est grande pour montrer que d’autres choix économiques et sociaux sont possibles, pour les retraites comme pour le financement de la protection sociale ou l’instauration d’une fiscalité plus juste, pour redonner espoir en notre capacité collective de mobilisation et d’action.
La première véritable rentrée de V. Peillon est aussi la rentrée de l’insatisfaction : les décisions tardent à être prises (suppression de la note de vie scolaire, allègements des programmes en HG, aménagements des épreuves orales de langues au bac …), mettant en difficulté les personnels dans l’exercice de leurs métiers ou les inquiétant (pourquoi la date de rentrée de septembre 2014 n’est-elle pas encore fixée ?) ; aucune des réformes combattues sous le gouvernement précédent n’a été supprimée, même quand cela ne coûtait rien, comme le livret de compétences ou le dispositif ECLAIR. Le suicide du professeur d’Électronique de Marseille a rappelé à tous et en particulier au ministre que les réformes du lycée et de la voie technologique ne sont pas acceptées par la profession et que le temps n’effacera pas les aberrations de ces réformes mal préparées sans concertation et imposées au mépris des compétences des enseignants. Cela révèle la continuité idéologique avec les précédents gouvernements. L’impression d’indécision serait-elle en réalité sciemment entretenue pour empêcher les mécontentements de s’exprimer et les mobilisations de se mettre en place ? Dès octobre, le doute ne pourra plus être permis : des chantiers vont être lancés, qui auront une importance capitale pour les enseignants et CPE : redéfinition des missions, des horaires, mais aussi le collège et l’enseignement prioritaire. Il est temps que notre véritable charge de travail soit reconnue, mais il n’est pas question d’accepter une transformation du métier qui multiplierait les tâches à accomplir, réduirait l’enseignement à une activité parmi tant d’autres et annualiserait notre temps de travail. La reconnaissance de la charge de travail et de la complexité du métier doit se traduire par une diminution de notre temps de travail permettant une réorganisation de notre service hebdomadaire ; il nous faut donc réaffirmer notre mandat national.
La loi de rénovation de l’école a été votée le 9 juillet. Elle conserve globalement les orientations néfastes des lois antérieures. Elle met notamment en œuvre un nouveau cycle scolaire CM1, CM2, 6e, porte ouverte au transfert progressif des pratiques pédagogiques et des personnels du premier degré vers le collège. Le SNES combattra cette remise en cause de l’unité et de la spécificité du second degré qui repose sur un enseignement disciplinaire plébiscité par toute la profession. Il appelle les personnels à être particulièrement vigilants quant à la mise en place des conseils École Collège dans les mois qui viennent, à les investir syndicalement quand ils existent, notamment lors des votes en conseil d’administration pour dénoncer et empêcher les dérives possibles. Il faudra rapidement développer un argumentaire à destination de nos collègues pour leur expliquer dans quel but purement comptable ce dispositif s’inscrit et fixer précisément qu’aucun échange de service, même ponctuel, ne sera accepté.
Dans l’académie, même s’il y a un discours affiché d’apaisement, cela ne suffit pas :
– la pénurie s’est installée dans les collèges où l’on doit choisir les disciplines où les classes qui pourront disposer de manuels scolaires à l’occasion des changements de programmes,
– les effectifs des classes du fait de manque de moyens nécessaires pour accueillir l’afflux d’élèves en collège et en lycée.
– En langues vivantes, les regroupements lv1/lv2, lv2/lv3 et inter-niveaux se généralisent ; d’autre part, la fin de la diversification est planifiée par le rectorat et les dasen avec la fermeture des lv autres qu’ anglais et espagnol, ceci indépendamment des effectifs.
– les inquiétudes s’accentuent par rapport à l’an dernier quant aux moyens en personnels : dès la rentrée, le potentiel de TZR et même de contractuels a été largement utilisé, interrogeant sur la capacité à pourvoir les remplacements en cours d’année.
Quelques changements sont quand même intervenus en septembre :
– le premier concerne le résultat d’une lutte syndicale engagée par le SNES-FSU de Lille depuis 2 ans, 2 ans pendant lesquels à chaque audience, à chaque instance nous avons interrogé, dénoncé la mise en place des majorations de service dans l’académie qui consiste à faire faire une heure de cours gratuite par certains collègues ; nous avons aussi à nouveau interrogé le ministre en juin par courrier. Notre mobilisation s’appuyant sur celle de certains établissements a fini par payer : le recteur a annoncé aux chefs d’établissement l’arrivée d’une dotation en HSA pour mettre fin à la circulaire Philippe. Cela doit concerner toutes les disciplines.
– Changement encore : la formation des enseignants et CPE à laquelle on n’y reconnaît plus rien, entre les stagiaires qui ont une décharge de 3 h, insuffisante, ceux avec une expérience professionnelle qui n’en ont pas (même si cette expérience professionnelle n’a rien à voir avec les cours qu’ils auront à préparer cette année), les admissibles au 2e concours qui pourront avoir un stage d’1/3 temps ou plus s’ils le veulent, à condition d’avoir déjà un master 2e année. Le résultat ? Une belle pagaille ! Il y a plus d’admissibles que prévu et plus de la moitié a demandé à faire plus d’1/3 temps. Des TZR ont donc été démutés sans être prévenus, des services ont été chamboulés, des supports n’ont pas été pourvus car des étudiants ont refusé les stages qu’on leur proposait à 100 kms de chez eux. Ces bouts de postes sont maintenant agglomérés pour être donnés à des TZR. Et puis il y a le problème des tuteurs : personne ou presque n’ayant été sollicité en juin, les coups de fil des IPR se multiplient pour essayer de convaincre les personnels d’être tuteurs pour la somme de 400 euros pour l’année (alors qu’un tuteur temps plein touche lui 2000 euros pour un travail similaire) … Il est loin le temps où nous avions 4 – 6 h de cours à faire en étant payé à temps plein. Personne n’y trouvait à redire à l’époque, c’était la garantie d’avoir des bases solides avant de s’embarquer pour 37 ans ½
La transition est faite avec la mobilisation du 10 septembre sur les retraites et les suites nécessaires qu’il faut lui donner : la réforme qui est en discussion est en effet sur le point de faire passer le nombre d’années nécessaires pour avoir une retraite complète à 43 ans. Autrement dit, un prof, un COPSY ou un CPE qui commence à 25 – 27 ans en moyenne est condamné à partir avec une retraite incomplète, si incomplète qu’elle pourra être inférieure de 900 euros par rapport à la situation actuelle, soit moins de 1500 euros en partant à 62 ans. La situation est identique dans le privé où l’on trouve de plus en plus rarement du travail passé 55 ans. Les réformes n’ont en réalité d’autres buts que de diminuer le montant des pensions et de favoriser l’épargne-retraite individuelle par capitalisation, via le secteur financier. Pourtant des solutions sont possibles, y compris pour revenir à des retraites à 60 ans, après 37 ans ½ de cotisation, dans le public, comme dans le privé, notamment en augmentant les salaires et donc les cotisations (rappel : les nôtres sont gelés depuis 2009), en supprimant les exonérations de cotisations sociales patronales et en taxant les revenus du capital. Le SNES-FSU doit appeler la profession à poursuivre et amplifier la mobilisation de la journée du 10 septembre dans le cadre d’un plan d’action incluant le 18 septembre (rassemblements avec tractages, ...), et à faire entendre nos revendications concernant les conditions de travail et les salaires lors de la journée d’action fonction publique de début octobre.
Côté éducation, le SNES-FSU doit prendre toute sa place de syndicat majoritaire pour peser dans les négociations en menant la campagne dès maintenant, rappelant aux personnels pour chacun des dossiers ce que nous revendiquons et portons comme projet ; quand les chantiers seront ouverts, le SNES-FSU devra informer quasiment au jour le jour les syndiqué-es des propositions et des évolutions afin de les impliquer et susciter prises de conscience, débats et mobilisations dans les établissements.
La préparation de la campagne des élections professionnelles doit être l’occasion de consulter et d’associer les militants de terrain (parmi les suggestions : en finir avec les publications format A5, trop nombreuses, pas assez percutantes, qui donnent une impression de gâchis puisqu’elles ne sont quasiment pas distribuées. La CAA demande du matériel se présentant sous la forme d’affiches claires et efficaces, à l’image de ce qui est fait par la section de Lille pour la note de vie scolaire ou qui sera fait pour les majorations de service).
La campagne passe aussi par des interventions répondant aux attentes urgentes des collègues, comme celle concernant le rattrapage des vacances de Toussaint, inefficace et vécu comme une brimade par des personnels qui ne cessent de voir leur charge de travail augmenter.
Vote : unanimité (23 présents)