8 mars 2004

Carrière et mutations

Courrier aux Formateurs Associés du 26 février 2004

Après le mouvement de protestation des formateurs qui rejetaient la proposition de la direction de l’IUFM de convoquer une partie des formateurs devant une commission de recrutement, les réactions hostiles des organisations syndicales, des IPR, la direction a pris la décision de reporter son projet.
Nous nous en félicitons, mais des problèmes demeurent :
  d’une part à l’IUFM où d’autres questions restent sans solution positive (situation des documentalistes, rémunérations et services, fonctionnement de l’institution…).
  d’autre part en raison des suppressions massives de postes (emplois et concours), et des coupes budgétaires dont les conséquences se feront sentir à l’IUFM, tant pour la formation continue que pour la formation initiale.

L’avenir des IUFM est en jeu, et il nous paraît indispensable que tous les acteurs interviennent dans le débat.
Le SNES, la FSU, le SGEN-CFDT, la CGT et l’UNSA appellent à une grève unitaire nationale le 12 mars, avec une manifestation à Lille à 14h place de la République, pour le maintien des emplois et des postes ouverts aux concours. C’est la capacité du service public d’éducation à remplir ses missions qui est aujourd’hui en danger.

Pour préparer la manifestation et débattre de la situation de l’IUFM (on lira avec intérêt les propositions des directeurs d’IUFM qui semblent oublier que les statuts des personnels lient la rémunération aux concours et au diplôme possédé au moment du concours), le SNES vous invite à participer aux AG qui devraient se dérouler dans les IUFM le 12 mars au matin.

Nous joignons à ce courrier le compte rendu de l’audience du 3 février :

Audience IUFM 3 février 2004

(Attention : il s’agit du compte-rendu d’une audience ayant eu lieu avant la décision de reporter le dispositif à l’an prochain)

Ce compte rendu écrit par M Devred du SNES a été relu par Le SGEN (E. Bagault) et la CGT (L. Mortier)
Pour l’IUFM : Brassart, Morfouace, Beauregard
Syndicats : SNES, CGT et SGEN et deux FA (SNES et CGT)
Durée : 3 heures

Nous avons suivi les décisions prises lors de la rencontre intersyndicale.

La première question a donc porté sur l’an prochain : Brassart a confirmé les coupes. Les moyens FI (la FC n’est pas concernée pour l’instant), sont donnés par le rectorat. A l’origine, 1000 ETP étaient destinés aux IUFM, mais ces postes, d’abord fléchés, ont été globalisés, et le rectorat va les reprendre en partie. Flou sur les chiffres : on passerait de 45 à 35, ou de 35 à 25.

Il est donc clair que l’objectif premier est de diminuer le nombre des FA.

Brassart affirme qu’il ne s’agit pas de se séparer de qui que ce soit : l’IUFM a une marge de manœuvre, ce sont les heures complémentaires : les FA non « retenus » peuvent donc devenir des partenaires de formation. (décharges de 3 h ou moins)
Autre argument de Brassart : de nombreux FA (impossible à chiffrer selon lui) font déjà leur service en HSA, il ne sera donc pas insupportable d’étendre, même s’il reconnaît que cela ne facilite pas les choses. Sont cités les collègues de gestion (note perso : choisir des HS n’est donc pas seulement affaire individuelle, nous en reparlerons quand nos services seront globalisés)

Enfin, les collègues peuvent postuler comme formateurs à temps partagé ou PIUFM.

Nous avons donc souligné l’inégalité insupportable de traitement entre collègues, certains devant passer devant la commission, d’autres non. Le SGEN rappelle le modèle historique Mafpen dans notre académie, tous démissionnés, puis repris après entretien, cela lui semble moins injuste mais n’est pas idéal non plus.

Brassart le justifie en donnant son deuxième objectif : c’est l’IUFM qui nomme les FA. Pour lui, il faut tenir l’engagement pour les FA les plus récents qui sont passés devant une commission et à qui on a promis les 3 ans.

En cela dit-il, il reprend un texte de 98, légèrement modifié puisque le contrat passe de 4 à 3 ans, dans une volonté d’égalité entre les personnels FA et temps partagé. Certes, le rôle des IPR est réaffirmé : en cas de veto d’un IPR, pas question de prendre comme FA un candidat. Mais pas question non plus de continuer à fonctionner sur le modèle CPR, volonté de couper le lien IPR- FA, faire apparaître clairement le rôle premier de l’IUFM.

Manifestement les moins de 3 ans ont donc une qualité supplémentaire, et les plus de 3 ans un péché originel que la commission tentera de laver.

Autre argument : les nouveaux viennent de faire un terrible investissement de travail personnel, ne pas leur en retirer le bénéfice après si peu d’exercice.

Brassart s’est fait menaçant : ceux qui ne rempliront pas le dossier ne seront pas pris, même s’ils répondent à des conseils d’IPR.

A partir de là, il annonce les modifications du projet, à la suite des interventions convergentes, IPR, syndicats et FA.
 Report de la date limite pour les FA anciens, du 6 au 11 février.
 Tous les formateurs passent devant la commission, seuls les nouveaux peuvent être écartés sur simple lecture Mais très peu seront recrutés.
 Les FA joindront eux même le rapport du chef d’établissement, dont ils auront donc connaissance
 Suppression de la lettre manuscrite, du rapport d’inspection.
 Un mel est parti dans les établissements.
 Chaque collègue recevra un accusé de réception avec mention des pièces manquantes.
 L’an prochain les délais seront plus longs, sur le modèle des autres commissions.

Sur les autres points :
 composition de la commission : un président et 5 collèges : enseignants chercheurs, IPR, PRAG PRCE, représentant UFT mais pas FA, et un transversal.
Long débat sur cette composition. Le SNES a tenté d’expliquer à Brassart qu’il ne choisissait pas entre deux modèles, le second degré (contrôle paritaire, qu’il refuse catégoriquement) et le modèle universitaire (choix par les pairs, au moins en partie). L’IUFm ne veut pas de FA dans la commission, non qu’ils n’en soient pas capables, puisqu’ils siègent dans d’autres commissions, mais parce qu’ils risquent d’être influencés par l’IPR et parce que la tâche serait trop amère. Pourquoi éliminer le chef d’établissement ? Brassart souhaite connaître nos analyses : rôle pédagogique incertain, poids de l’institution, incapacité à faire le bilan de l’activité passée. Il nous répond que la démarche est expérimentale, et qu’il sera possible de revenir sur la composition. Le chef d’établissement pourra évaluer la capacité de travailler en équipe ! Et puis, les chefs d’établissement n’ont qu’un avis à donner, alors…
 le cas des formations transversales. Ils seront d’abord vus dans la commission disciplinaire, puis interclassement
 rôle de la commission  : elle est bien chargée de trier. Ce n’est pas un classement, mais plutôt un « examen » : ceux qui sont jugés aptes, et ceux que l’on peut éliminer …si les circonstances l’exigent, ce qui sera le cas, cette année et la prochaine. Nous avons fait remarquer que la commission ne pourra faire un tri précis, puisqu’elle se réunira avant que le rectorat n’ait donné ses chiffres. C’est donc la direction qui fera les choix ultimes. Si un collègue n’est pas classé, il n’est pas repris. Mais cela ne concernera probablement pas les anciens.
Le SGEN propose de dissocier la phase d’évaluation bilan qui pourrait se faire entre pairs et le passage de la commission de la sélection dont la composition « impressionnante (hiérarchie universitaire + pédagogique + administrative) peut déstabiliser les FA pourtant à l’aise et performants devant élèves et PLC. (NB : le SNES ne s’associe ni sur l’analyse, ni sur la proposition)
 Traitement des personnels  : nous sommes tous revenus à plusieurs reprises sur le sentiment d’humiliation, sur la désinvolture de la manœuvre, sur le droit à voir reconnu le travail fait. Refus catégorique de Brassart d’entendre : pas de prime à l’ancienneté, pas de carrière à l’IUFM, possibilité de devenir PIUFM. Cela a été le moment le plus pénible de l’audience. Mais bien sûr, on prendra en compte cette ancienneté lors du choix ! Nous avons notamment demandé à l’IUFM de repérer les collègues très proches de la retraite, pour que cette démarche leur soit évitée (postuler pour 3 ans quand on est à un an de la retraite paraît particulièrement humiliant…)
 Les publications  : Elles figureront dans le dossier, mais pas obligatoires. Nous faisons remarquer que dans la mesure où il s’agit d’une commission de tri, cela reste inacceptable dans la mesure où ce n’est pas le contrat de départ pour les FA.

En conclusion, nous avons formulé notre revendication principale : s’il y a accord sur la nécessité d’introduire de la transparence dans les choix des FA, si le modèle ancien n’est pas satisfaisant, le nouveau ne l’est pas davantage, et il a le défaut d’apparaître comme un oukase alors que la commission sera un outil d’élimination. Brassart reconnaissant lui même l’erreur de communication, la méthode suivie, nous lui demandons donc de reporter sa décision d’un an ce qui permettrait la consultation des personnels, la prise en compte des intérêts de toutes les parties, et cela d’autant que les équipes actuelles débattent déjà et ont fait des propositions sur la réduction des services. Refus catégorique. …le deuxième objectif est manifestement prioritaire.

Michel DEVRED