Tout d’abord et on le savait, la perte horaire a été conséquente et pour les élèves (on passe, sur les 3 niveaux de collège, de 8h de langues anciennes à 5h « au mieux » voire à 4h – Le grec est à l’agonie, même à l’état de « projet ») et pour les professeurs de Lettres Classiques dont beaucoup ont été « recyclés » pour enseigner un peu plus de français (souvent une classe en plus) ou « utilisés » pour « l’aide au travail », voire sont en poste partagé ...
La gestion des Langues Anciennes en collège a aussi été le terrain fertile où a pu s’exercer pleinement "l’autonomie des établissements", utilisée pour contourner les textes réglementaires quand 4h de LCA (au lieu de 5h) sont données de la 5e à la 3e, ou quand sont regroupés des élèves de deux niveaux différents : les situations sont totalement disparates d’un établissement à un autre.
Un constat global s’impose pourtant : les élèves n’ont pas tous été libres de choisir l’Enseignement de complément LCA : dans certains collèges, il y a eu une « commission de sélection » et certains élèves sont restés sur le carreau.
Même diversité pour l’EPI LCA :
Si, dans des collèges, des chefs d’établissement ont cherché à culpabiliser le collègue de Lettres Classiques, et, pour certains, ont même exercé un odieux chantage au poste pour obtenir des projets d’EPI pour la rentrée 2016, ailleurs, il a juste fallu indiquer qu’un EPI LCA serait proposé (plus tard) sans que cela soit suivi d’une réalisation concrète. Preuve s’il en est, que la coquille des EPI est vide et qu’il s’agit seulement d’afficher des projets.
Même variété pour l’organisation de l’EPI LCA : il y a autant d’organisations différentes que d’établissements ! Ici, toutes les classes de 5e se sont vues proposer l’heure de LCA (parfois au prix d’une semestrialisation des emplois du temps) dispensée par le professeur de Lettres Classiques, là, c’est un autre enseignant qui découvre qu’on lui confie l’enseignement de complément ... avec des classes qu’il n’a pas en charge !
Contrairement à ce que vend la communication ministérielle, le renvoi au local fragilise l’organisation de l’enseignement LCA, dont le nombre de groupes est remis en cause chaque année, et qui est mis en concurrence avec les groupes et co-interventions éventuelles des autres disciplines.
Les témoignages des collègues concernant le bonus de 10 ou 20 points (deux seules notes possibles …) prévu par le nouveau DNB sont unanimes : « stupide », « parfaitement ridicule », « bonus dérisoire », une « aumône ». Il faut revoir la copie !
En lycée, l’hécatombe se poursuit … avant le massacre final ?
On assiste à des regroupements de classe de plus en plus fréquents et anti-pédagogiques (un seul groupe en 1re et Terminale par exemple, élèves grands débutants en 2de mélangés avec des élèves qui entament leur 4e année …) : dernier sursaut avant le tarissement ultime ?
Les professeurs de Lettres Classiques n’en peuvent plus et clament leur « déprime », leur « découragement » ; ils dénoncent une « rentrée particulièrement stressante », « chaotique » [où] « tout se fait dans la précipitation et l’improvisation la plus totale ». Ils ont choisi, comme leurs collègues des autres disciplines, de faire ce métier par amour du latin et du grec qu’ils ont à coeur de transmettre à leurs élèves et cette réforme du collège, sans oser leur dire et à coups de communication mensongère, est en train de leur porter le coup de grâce.