Depuis la rentrée de septembre, la section académique continue à être sollicitée par des collègues empêché.e.s, de choisir le type de positionnement le plus pertinent à leurs yeux (avec en ligne de mire la moyenne sur 20), où pressé.e.s de rendre compte du contenu de leurs évaluations (en cochant des cases de « compétences ») et d’établir un bilan de cycle avant la fin de 6e ou de 3e.
Nous avons donné une première liste d’établissements au recteur (jointe au courrier du 20 octobre), et nous sommes intervenus également en ce sens lors du CT académique du 29 novembre.
Nous rappelons que tout collègue doit avoir la faculté de saisir les éléments qui concerne sa discipline (éléments de programme, appréciation sur les acquis, positionnement chiffré ou non) : un positionnement transversal (avec une entrée par domaine ou composante du socle par exemple) ne peut remplacer le positionnement disciplinaire (par objectif, sur une échelle de 1 à 4 ou de 1 à 20, au choix), et reste facultatif.
MAIS ALORS POURQUOI L S’EN PRENDRE A NOTRE MISSION D’EVALUATEURS SI LES TEXTES SONT AVEC NOUS ?
L’enjeu dépasse largement le débat sur l’intérêt de l’évaluation chiffrée (note ou pas note ?) : derrière les offensives locales, se dissimule une volonté de l’Administration de mettre la main sur nos pratiques pédagogiques et le cœur de notre métier : l’enseignement.
– Car piloter l’évaluation des élèves, c’est piloter en temps réel les chiffres dont dépend en partie l’évaluation des personnels de direction, mais aussi influer sur les « résultats » du système éducatif : avec un DNB appuyé en grande partie sur des modalités locales (oral et bilan de fin de cycle).
D’où la tentation d’imposer des bilans de cycles « intermédiaires », à chaque trimestre.
– Car imposer un positionnement des élèves sur une échelle réduite (de 1 à 4) ou par « objectifs d’apprentissages », c’est s’en prendre à l’enseignement par discipline, qui est symboliquement lié à la « note » sur 20, même si en pratique les modalités d’évaluation disciplinaire sont diverses.
L’UNION SACREE DU SYNDICALISME D’ACCOMPAGNEMENT ET DE LA COUR DES COMPTES
Si l’on a bien compris que derrière le débat sur les modalités d’évaluation des élèves, il s’agit surtout de s’en prendre à l’enseignement disciplinaire et à la monovalence, il reste à identifier les acteurs de cette offensive contre nos métiers ... et leurs motivations.
– Les tenant du vieux projet de primarisation du collège (SGEN-CFDT, UNSA -qui syndiquent les 3/4 des personnels de direction) veulent en faire un simple prolongement du 1er degré, avec des personnels polyvalents, annualisés. L’interdisciplinarité version réforme du collège (EPI) n’est qu’une façon d’avancer vers cet objectif.
Le SGEN-CFDT revendique d’ailleurs clairement sa revendication d’un corps unique regroupant PE et PLC au mépris de leur culture professionnelle respective ...
... quand le Se-Unsa critique la « rupture artificielle de corps », c’est-à-dire un statut du 2d degré qui maintient un service d’enseignement disciplinaire et hebdomadaire (il est partiellement annualisé, et polyvalent dans le 1er degré). Cette critique est même inscrite dans « l’ADN » du Se-Unsa, texte voté en 2017 ...
– Mais ce qui donne un écho favorable à ces conceptions archaïques du 2d degré, majorité après majorité, c’est leur compatibilité étroite avec la doxa budgétaire de l’austérité : le dernier rapport de la Cour des Comptes est très clair : la structuration disciplinaire à un coût bien trop élevé pour les finances publiques.
Ainsi, le syndicalisme d’accompagnement procure le vernis pédagogique qui recouvre une volonté tenace de remettre en cause nos métiers, et la démocratisation du 2d degré conditionnée par des personnels spécialisés, en capacité de travailler des savoirs exigeants et émancipateurs.
La lettre au recteur :