Ces remplacements sont inefficaces pédagogiquement :
– Ils alourdissent la charge de travail des professeurs (jusqu’à 5h hebdomadaires imposables sans compter les préparations, soit plus de 20 % pour des personnels qui n’ont eu aucune RTT) : cela ne pourra se faire qu’au détriment des classes habituelles des professeurs et mettra aussi en péril les autres activités pédagogiques et d’enseignement assurées volontairement par les enseignants en sus de leur service obligatoire : sorties pédagogiques, oraux de bac blanc, cours de soutien ou de rattrapage... Cela rendra encore plus difficile la concertation et le travail en équipe, le suivi des élèves et les relations avec les familles.
– Ils nient la spécificité du métier d’enseignant. S’il s’agit d’un remplacement dans une classe que l’enseignant ne connaît pas, ce sera tout au plus de la garderie sans aucune efficacité : négation de toute idée de projet et de progression pédagogiques adaptés au rythme de la classe, impossibilité de préparer les cours suffisamment à l’avance, a fortiori pour un niveau ou une filière dans lequel il n’enseigne pas dans l’année. Quel mépris tant pour les élèves que pour les enseignants que d’oser proposer des remplacements du jour au lendemain !
– Prendre ses élèves pour remplacer un collègue d’une autre discipline n’est pas non plus sans écueil : il crée un déséquilibre dans la répartition des enseignements de l’élève (par exemple, remplacer les maths par le français ne règle pas le déficit de cours en maths...)
– Ils sont en contradiction avec le discours sur la nécessaire autonomie des élèves... constamment mis sous surveillance.
Ils constituent une atteinte grave à nos statuts, nos services, au droit à la formation continue et au droit syndical :
– Allongement du temps de service et annualisation du temps de travail avec les 60h annuelles
– Flexibilité avec la possibilité d’avoir des horaires différents d’une semaine à l’autre
– Compensation par les collègues des congés pour formation continue ou dans le cadre du droit syndical
– Disparition programmée des TZR ?
Le ministère veut reporter sur les professeurs ses carences en matière de remplacement qui ne se limitent d’ailleurs pas à ceux de courte durée puisqu’il arrive souvent que des absences de plus de deux semaines ne soient pas remplacées. Soulignons aussi l’hypocrisie du Ministère qui n’ignore pas que la Sécu somme les médecins de ne pas faire d’arrêt maladie de plus de 15 jours.
Le SNES réclame donc que le volume des TZR passe de 3 à 7 % du corps, ce qui permettrait de résoudre les remplacements au-delà d’une semaine d’absence.
Ils sont une véritable provocation pour tous ceux qui sont sans emploi
Au lieu d’embaucher, le ministère choisit de supprimer des postes et d’imposer des heures supplémentaires aux professeurs. Ce dont les établissements ont besoin, ce sont de personnels de vie scolaire avec un véritable statut, notamment de MI-SE dont ce gouvernement a programmé la disparition, de documentalistes beaucoup plus nombreux ainsi que de TZR.
Le protocole :
Nombreux sont les chefs d’établissement qui affirment leur volonté de respecter le volontariat, (c’est la loi jusqu’au premier janvier) et tentent d’entraîner les collègues dans l’élaboration d’un protocole (le décret en prévoit la publication avant le 15 octobre pour une mise en œuvre à partir du 1/01/2006). Le décret précise que, si le chef d’établissement doit consulter, la rédaction est bien de son seul ressort.
Il faut utiliser cette période pour mobiliser (en débattant entre collègues, en proposant la pétition) et faire connaître les mensonges De Robien. Non ! Ces remplacements n’ont pas été négociés avec les organisations syndicales mais imposés. Non ! La rémunération de ces remplacements n’est pas une conquête salariale (pour un certifié 8e échelon : rémunération brute de l’heure de cours = 52,30€, une HSE = 32,90€, 1h de rempl. De Robien = 35,76€) !
Il nous faut montrer aux parents et aux élèves le danger de ce décret ( diffusion de notre refus avec argumentaire détaillé dès les prochaines réunions).
Nous devons nous saisir de tous les lieux de débat pour faire connaître notre position résolument contre le décret, par exemple en exprimant notre refus collectif par une motion au CA.
Puisque le ministre prétend respecter la liberté pédagogique, affirmons notre opposition à toute tentative d’arbitraire et d’autoritarisme.