14 décembre 2006

Actualité

Lettre SNES aux élu-e-s Députés et Sénateurs du Nord Pas de Calais et leurs réponses

La section académique du SNES de Lille s’adresse à vous au moment où le Parlement vote le budget de l’Education Nationale. L’an dernier, l’annonce de la suppression de 636 postes avait soulevé une très large indignation et des réactions, notamment d’élus. En 9 ans, ce sont 3681 postes qui ont disparu dans le second degré de notre académie. Si le budget est adopté sans modifications, ce sont de nouveau des centaines de postes qui seront menacés. En effet, sur les 15 000 suppressions d’emplois de fonctionnaires annoncées par le gouvernement, plus de 5 000 concernent les enseignements de second degré (lycées et collèges) dont 2100 au titre de la baisse du nombre des élèves à la rentrée 2007. Peut on accepter une nouvelle dégradation de la situation, alors qu’un récent rapport met l’accent sur la baisse des résultats dans notre académie, et le décrochage inquiétant avec les résultats nationaux ? Peut-on accepter que des personnels dont la qualification et la compétence ont été reconnues année après année soient mis au chômage tandis que des élèves sont privés, ici de professeurs de lettres, là de documentalistes ?
Pour nous, c’est le droit à l’éducation pour tous qui est menacé. La loi Fillon et le socle commun, l’apprentissage à 14 ans, conduisent à l’exclusion de milliers de jeunes, à un système scolaire à deux vitesses, alors que chacun s’accorde à penser que le développement de la connaissance et l’élévation des qualifications sont des enjeux décisifs pour l’avenir.

La volonté de réduire à toutes forces la dépense publique — en 2 ans, le montant du budget a baissé de 7,1 % en euros constants, et de 3,4 % pour cette année — s’accompagne d’une campagne absolument scandaleuse pour dénigrer le travail des enseignants et modifier les statuts des personnels. Cette volonté est manifeste dans l’audit sur les services des enseignants dont l’objectif est en effet de supprimer des postes (estimés à 3112) sans tenir compte de la réalité de nos métiers et de l’aggravation de nos conditions de travail. Notre étude sur la charge de travail (confirmée par une étude du ministère) montre que les enseignants travaillent en moyenne 43 heures par semaine.
Cet audit n’est pas le seul, d’autres ont déjà été publiés ou sont en voie de l’être, sur les examens, les services des enseignants ou les horaires des élèves. Il nous paraît à la fois révélateur et inquiétant qu’ils soient diligentés par le ministère des Finances et non celui de l’Education Nationale. Celui sur les horaires élèves prévoient ainsi des réductions des horaires en lycées et une individualisation de ceux en collèges. Nous ne sommes pas naïfs : l’expérience montre que ces horaires « décrochés » des grilles nationales sont rapidement supprimés. L’an dernier par exemple, le MEN a amputé les heures d’aide individualisée offertes à tous les élèves de 5e et 4e. Le risque est réel de renforcer encore les inégalités entre établissements.

Aux propos parfois démagogiques, (la carte scolaire, les 35 heures ou les « orphelins de 16h ») il nous semble préférable d’opposer un projet ambitieux pour l’école. Quels doivent être les objectifs fixés par la Nation au service public d’Education ? Empêcher toute sortie sans qualification, offrir à chaque élève une formation diplômante qui lui permette une insertion professionnelle durable et proposer une culture commune qui permette à chaque jeune de jouer un rôle actif et responsable dans cette société. Ces objectifs ambitieux méritent sans aucun doute un débat sur les évolutions des métiers. Si ce débat fait l’impasse sur la question des moyens donnés à l’école, ce sera un nouvel échec. Il n’est pas réaliste de dire que l’on progressera en ne remplaçant qu’un départ à la retraite sur 2 comme on le fait actuellement. Il est illusoire de penser que l’enseignant est en mesure d’effectuer les missions qui relèvent de catégories de personnels aux qualifications spécifiques, notamment en documentation, orientation et vie scolaire. Il est illusoire de penser que la disparition des MI-SE (maîtres d’internat et surveillants d’externat) puisse être compensée par le recrutement de personnels de plus en plus précaires, de moins en moins qualifiés et même en contrat d’insertion. Il est dangereux enfin de croire que l’on peut par des mesures individuelles régler le grave problème que posent les retards accumulés par les salaires et les pensions depuis 1983 (baisse notamment de 6 à 7 % en 6 ans). A cet égard, nous ne comprenons pas la décisions non justifiée du ministre de la Fonction publique de ne pas recevoir les organisations syndicales en audience le jeudi 30 novembre : ce n’est pas ainsi que nous concevons le « dialogue social », en particulier sur ce sujet qui devient très sensible auprès de nos collègues.

Le SNES avec les autres organisations syndicales, reçu en audience au ministère de l’Education nationale le 29 novembre, demande au ministre de retirer le projet de décret sur les services et que s’ouvrent de véritables discussions pour que des réponses soient apportées à la nécessaire prise en compte des réalités du métier et que soient améliorées les conditions de son exercice. La réponse du ministre sera pour nous un bon indicateur de la réalité des ses affirmations.
Nous sollicitons les élus que vous êtes pour qu’ils appuient ces démarches, mais aussi pour que le budget de l’Education nous donne, partout dans le pays et dans notre région en particulier, les moyens de répondre aux attentes des élèves et de leurs familles. Il faut cesser de raisonner en terme de coût et parler plutôt d’investissement pour l’avenir ; il faut un budget à la hauteur de notre ambition pour l’école et pour la jeunesse !

Persuadés de votre attachement au service public d’Education, nous vous remercions de l’intérêt que vous porterez à ce courrier.

Réponse Yves Durand Député Nord PS
Réponse Marc DOLEZ Député Nord PS
Réponse Marcel DEHOUX Député Nord PS
Réponse Patrick DELNATTE Député Nord UPN
Réponse Catherine GENISSON Députée Pas de Calais PS
Réponse Alain BOCQUET
Compte rendu 2e séance Assemblée Natioanle du 17 novembre 2006 sur le budget
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