Pour que l’exceptionnel devienne la règle
La première CAPA (commission paritaire académique) consacrée à l’attribution de la classe exceptionnelle s’est tenue le 9 février pour les agrégés.
Les certifiés, les CPE et les PSYEN suivront dans les semaines qui arrivent.
Ces CAPA, très attendues en période de baisse du pouvoir d’achat et de déclassement salarial, concernent les promotions qui seront attribuées avec effet rétroactif au 1er septembre 2017
Les services du rectorat - comme les organisations syndicales - ont dû faire face à un exercice difficile où tout est à découvrir et à construire. Gageons que nous saurons tirer l’expérience pour la prochaine campagne qui devrait commencer prochainement (cette fois pour attribuer des promotions effectives au 1er septembre 2018) !
Les élus de la FSU (SNES, SNEP et SNESUP) ont dénoncé dans un premier temps les critères aberrants imposés pour déterminer qui a le droit de candidater au vivier 1 (80 % des promotions), puis le refus ministériel d’inscrire certains des candidats (122 à Lille) dans ce vivier : il faut en effet avoir obtenu un poste spécifique national (et pas académique) en BTS et pas « simplement » y effectuer son service ou être détenteur du CAFFA pour les formateurs depuis 8 ans alors que le CAFFA a été créé en 2015 (!). Sans compter le refus des services effectués en éducation prioritaire avant 1990 (re !).
Au final, nous avons pesé pour que la priorité aille aux « retraitables » afin de permettre une rotation rapide des promotions (l’attribution d’une classe exceptionnelle à des personnels trop « jeunes » la bloque en effet jusqu’à son départ en retraite). Nous avons demandé également une réflexion sur la répartition « genrée » : les promotions vont davantage aux hommes qu’aux femmes, bien au-delà du pourcentage qu’ils représentent …
Pour les agrégés, la répartition des avis post-CAPA est la suivante :
Vivier 1 (80 % des promotions) : 26 avis « exceptionnel » et 70 « très satisfaisant » (la barre est à 105)
Vivier 2 (20 % des promotions) : 8 avis « exceptionnel » et 18 « très satisfaisant » (la barre est à 138)
L’académie de Lille fait remonter au ministère 70 propositions sur 174 promouvables (vivier 1) et 18 sur 179 (vivier 2).
Déclaration SNES-FSU, SNEP-FSU et SNESUP-FSU CAPA d’accès à la classe exceptionnelle des agrégés du 9 février 2018
La FSU s’est déclarée favorable au PPCR car il va permettre de changer la relation évalués / évaluateurs en déconnectant la promotion de l’évaluation.
Le PPCR en créant la classe exceptionnelle met aussi en place de nouvelles bornes indiciaires de fin de carrière qui ouvrent des perspectives intéressantes pour les personnels qui subissent par ailleurs une forte dégradation de leur pouvoir d’achat, accentuée depuis le mois de janvier par la hausse de la CSG, des prélèvements retraite, le gel du point d’indice et le retour de la journée de carence.
Cependant, le faible volume de promotions possibles, ainsi que les critères d’accès à la classe exceptionnelle décidés arbitrairement ne sont pas acceptables. D’ailleurs, vous allez très vite épuiser le vivier 1 chez les professeurs agrégés faute de candidats remplissant des conditions incompréhensibles pour les personnels, alors que le vivier 1 correspond à 80 % des promotions. Surtout si vous écartez ceux qui font effectivement leurs services en BTS sans être affectés sur un SPEN, ceux qui ont été affectés en Education prioritaire avant 1990, ainsi que des enseignants en temps partagé dans les ESPÉ ou dans des établissements difficiles, ou encore les enseignants TZR affectés en éducation prioritaire pour qui les services ne sont pas comptabilisés de la même façon.
Pour les enseignants formateurs, il est difficilement compréhensible que l’arrêté ne fasse référence qu’au décret de 2015. En effet, nombre de formateurs ont exercé ces fonctions antérieurement et le CAFFA n’est pas ouvert pour tous et dans toutes les disciplines.
Que se passera-t-il pour les promotions perdues faute de professeurs agrégés remplissant les critères ? Seront-elles définitivement perdues ou y aura-t-il fongibilité comme nous le réclamons ?
Il n’est pas non plus acceptable de retomber dans les travers initiaux de la hors-classe, c’est-à-dire de bloquer les promotions jusqu’au départ en retraite des promus, ce qui était le cas jusqu’en 2005, date à laquelle le ratio promus / promouvables a été mis en place. Ce pyramidage explique que le SNES, le SNEP et le SNESUP proposeront de promouvoir des retraitables, afin de permettre une rotation rapide des personnels pour que le plus grand nombre de professeurs agrégés puissent bénéficier de la classe exceptionnelle au cours des prochaines années.
Nous tenons aussi à rappeler que la classe exceptionnelle doit évaluer la carrière d’un enseignant sur le plan professionnel, elle ne doit pas être l’occasion de régler des comptes comme vous le faites avec un professeur.
Cette année, nous aurons 2 campagnes qui vont se suivre assez rapidement. Nous demandons pour la campagne de juin 2018 :
Que les avis soient obligatoirement portés à la connaissance de tous les évalués et signés par eux, comme c’est le cas pour les personnels de l’enseignement supérieur ;
Qu’il n’y ait pas d’effet mémoire d’une campagne à l’autre, qui puisse bloquer le tableau d’avancement au détriment de nouveaux éligibles entrants.
Aujourd’hui, nous avons à étudier les situations de 353 professeurs agrégés hors-classes promouvables, 227 hommes, 126 femmes, soit 64,3 % d’hommes, le corps des professeurs agrégés étant plus masculin que les autres corps présents dans le second degré, mais le différentiel hommes-femmes s’accentue tout au long de la carrière au profit des hommes.
174 agrégés hors-classes sont éligibles au titre du vivier 1. Nous sommes demandeurs des refus d’inscriptions dans le vivier 1 : si certains sont justifiés au regard des critères imposés par le ministère et appliqués dans le reste de la France, nous nous interrogeons sur la situation de personnels dont nous vous avons envoyé une liste.
Les conditions imposées pour la constitution des viviers étant ce qu’elles sont, il y aura donc chez les agrégés susceptibles d’être promus, une sur-représentation des personnels affectés dans le supérieur. Mais aussi une sur-représentation des hommes : sur les 174 agrégés hors-classes du vivier 1, 70,1 % sont des hommes (alors que le bilan social montre qu’ils ne sont que 53,1 % sur l’ensemble du corps). Si nous avions le temps, nous pourrions nous interroger sur cette distorsion genrée entre le vivier 1 et le vivier 2 et donc étudier plus attentivement le recrutement effectué par le supérieur qui a - semble t-il - tendance à privilégier les candidatures des hommes. Tout comme l’accès à la hors-classe.
Parmi la liste initiale des 88 propositions d’inscription au tableau d’avancement à la classe exceptionnelle la proportionnalité hommes / femmes n’est pas respectée : dans le vivier 2, vous proposez 66,7 % d’hommes alors que les hommes dans ce vivier représentent 58,7 % des éligibles comme nous l’indiquions plus haut. Mais d’autres paramètres sont aussi à prendre en compte, comme l’âge et la proximité de la retraite.
Enfin, nous tenons à remercier les services du DPE qui ont répondu favorablement à toutes nos demandes et qui doivent faire face, comme nous, à la difficulté d’un exercice où tout est à découvrir, mais aussi tout à construire.