23 mars 2017

Carrière et mutations

CAPA liste d’aptitude pour accéder au corps des agrégés

Compte-rendu de la CAPA du jeudi 23 mars :

En introduction, le SNES-FSU a tenu à partager avec le Recteur l’inquiétude sur les mauvais résultats depuis plusieurs années dans notre académie. En effet, après seulement 11 promotions en 2015, l’année 2016 n’a présenté un bilan qu’en très légère progression : 14 collègues promus ce qui reste très inférieur à ce à quoi notre académie pourrait prétendre.

Cette année, sur 836 candidats, une liste de 92 noms sera remontée en CAPN.
Toute la discussion a porté sur les critères et la stratégie à adopter pour permettre un plus grand nombre de promotions : le Recteur en concertation avec les corps d’inspection a parfois considérablement modifié l’ordre des listes antérieures
dans plusieurs disciplines, allant jusqu’à faire disparaître certaines candidatures.

Nous avons été vigilants à ce que les proposés soient des collègues ayant parcouru l’ensemble de leur carrière et que ces bouleversements s’appuient sur une étude attentive des dossiers. Les critères retenus ont été la double évaluation pédagogique et administrative et le rayonnement au-delà de l’établissement. Les élus du SNES-FSU ont de leur côté insisté sur la prise en compte du parcours global de carrière (qualifications, bi-admissibilité...), sur la cohérence par rapport aux années précédentes et sur le fait de présenter pour l’avenir des dossiers susceptibles d’être retenus en CAPN.

Nous sommes aussi intervenus pour rétablir des collègues écartés des listes trop rapidement. Nous avons également fait modifier des avis et avons interpellé les IPR concernant des avis « très favorable » parfois trop peu nombreux.

Voici les statistiques issues de cette CAPA :


Déclaration FSU – Liste d’aptitude – CAPA des agrégés – 2017

Monsieur le Recteur, Mesdames, Messieurs,

La liste d’aptitude dans le corps des agrégés est un moment très attendu, comme en témoigne cette année encore le nombre de candidatures que nous aurons à examiner.
Avant de nous lancer dans cet examen minutieux, il nous semble indispensable de faire tout d’abord un bilan des promotions de l’an dernier : sur les 90 remontées qui ont été faites en CAPN à l’issue de notre CAPA, nous n’avons obtenu que 14 promotions alors que la taille de l’académie aurait dû permettre d’en obtenir 22. C’est certes un peu mieux que l’année précédente mais très en deçà de ce que nous pourrions obtenir. Cela signifie que les listes qui sont remontées ne correspondent pas aux attendus ministériels, non en raison de la qualité des dossiers, mais de leur ordonnancement, privant l’académie de Lille d’une représentation plus juste en persistant à mettre en tête des dossiers qui n’offrent pas la meilleure chance de promotion et donc bloquent les suivants qui auraient pu être promus.

Nous avions déjà évoqué ces questions de stratégie l’an passé et nous avions collectivement convenu qu’il fallait revoir notre manière de fonctionner. Vous aviez ainsi accepté de revoir le classement des proposés dans certaines disciplines afin de ne pas être tenu par l’effet mémoire qui consiste à faire remonter mécaniquement le rang des proposés au fur et à mesure des promotions, donc à figer le tableau d’avancement et les situations. C’est l’introduction de cette souplesse qui a entraîné un bilan 2016 plus satisfaisant sans pour autant régler toutes les difficultés.
Cette année, la CAPA a été précédée d’un groupe de travail qui nous a permis d’avoir un échange éclairant et constructif sur nos conceptions réciproques de l’effet mémoire. Nous avons noté que vos propositions allaient encore plus loin que l’an passé dans la mise en cause de l’effet mémoire. Nous aimerions pouvoir discuter du bien-fondé de cette remise en cause complète pour essayer de trouver la solution la plus satisfaisante possible au regard des critères qui nous sont communs, pouvant être entendue par les personnels et garantissant les résultats espérés pour l’académie de Lille. D’abord, est-ce une si bonne chose en terme de « stratégie » de tout remettre à plat ? L’effet mémoire vaut aussi pour la CAPN, il est extrêmement rare de promouvoir directement quelqu’un qui y apparaît pour la première fois. Certains Inspecteurs Généraux estiment en effet que les promotions dès la 1re inscription sont non recevables, par respect pour les candidatures les plus anciennes et pour les lauréats aux concours externe et interne. Il faut donc veiller à maintenir des collègues suffisamment longtemps sur le tableau des proposés pour leur permettre d’être d’abord remarqués avant d’être promus les années suivantes. En CAPN, pour les disciplines dont les contingents de promotions sont les plus élevés, le taux de pression est d’environ 5 proposés pour 1 nomination. Ainsi, théoriquement, une proposition doit aboutir à une nomination en 5 ans. Faute du rétablissement d’un barème national, l’effet mémoire est donc important pour ce type de promotion. Il peut donc être dangereux de faire entrer en rang 1 ou 2 des « nouveaux proposés » qui ne figuraient pas l’année précédente sur la liste remontée au ministère, car ils risquent de passer après des candidats d’autres académies qui auront été, eux, déjà repérés les années précédentes. Sur le ressenti des candidats enfin : comment un enseignant distingué l’an dernier par la CAPA va t-il interpréter qu’il ne l’est plus cette année ?
Nous avons conscience de la difficulté de trouver un équilibre entre des propositions qui fassent l’accord au sein de notre CAPA et des personnels que nous représentons, et la nécessité d’en finir avec nos contre-performances au niveau national, lesquelles, il faut bien l’avouer, nous avons du mal à comprendre. Ne pourrait-on pas interpeller la DGRH sur ces mauvais résultats qui durent depuis maintenant plusieurs années afin qu’elle nous propose son expertise ? Les bilans annuels que la DGRH vous transmet font-ils le point sur le nombre de promotions attendues et constatées pour notre académie au fil des années ? Pour le reste, le groupe de travail nous a permis également de rappeler des points d’accord sur les critères d’accès à la liste d’aptitude. Cette liste doit s’adresser prioritairement aux collègues ayant déjà parcouru tous les échelons de la hors-classe et arrivés en fin de carrière. Les personnels plus jeunes ont la possibilité de réussir l’agrégation par la voie du concours interne (et aussi statistiquement : 17 admissibles à l’agrégation interne d’HG cette année !). D’autres critères entrent en ligne de compte, pour les lister, citons la bi-admissibilité, l’excellence du travail en direction des élèves, les diplômes, les publications ou l’encadrement de stagiaire.

Voilà pour les principes généraux, disons quelques mots maintenant du tableau des proposés tel qu’il nous a été communiqué avant la CAPA et qui est pour le moins parfois étrange. Certaines disciplines jouent le jeu de mettre en avant des collègues qui ont le plus de chances d’être promus. Pour d’autres, par contre, nous ne comprenons pas, et même pas du tout, la logique qui a prévalu dans le choix des proposés et dans leur classement. En Lettres Modernes ou en S2I, certains collègues ne sont pas seulement dégradés en rang mais ils disparaissent purement et simplement de la liste des proposés. D’autres dossiers sont mis en avant sans être spécialement meilleurs, ils peuvent même être objectivement moins bons selon les critères précédemment cités quand ils concernent des collègues encore relativement jeunes ou qui entament seulement leur parcours dans la hors-classe.

Bien entendu, ce serait plus simple si le nombre de promotions au niveau national était plus élevé. C’est la raison pour laquelle la FSU demande à ce que le ratio de promotion passe de 1 pour 7 à 1 pour 5 pour permettre à davantage de collègues de devenir agrégés par liste d’aptitude.

Enfin, pouvez-vous nous préciser comment la liste d’aptitude va s’articuler à la mise en place du PPCR : dans aucun texte il n’est prévu de rendez-vous de carrière concernant cette voie de promotion. Pour autant, il faudra bien que l’inspection puisse se faire une idée de la valeur professionnelle d’un dossier quand il sera proposé. Y aura-t-il une inspection automatique pour ces demandeurs ? Et l’on peut se demander si l’accès à l’agrégation par liste d’aptitude aura encore un intérêt indiciaire : en effet, les personnels qui peuvent y prétendre sont aussi généralement ceux qui pourront sans doute prétendre à la classe exceptionnelle des certifiés dont l’indice terminal 972 sera plus vite atteint qu’en étant agrégé classe normale, puis agrégé hors-classe atteignant le dernier échelon à l’indice 972. L’intérêt ne sera donc que du côté des perspectives de carrière et des ORS, sauf choix politiques prochains sur le temps de travail des enseignants.

Nous espérons que les remarques que nous avons pu faire lors du groupe de travail ont été entendues et qu’elles contribueront à réaliser un tableau de propositions qui permette enfin à l’académie de Lille d’obtenir un nombre de promotions bien plus important.
Nous tenons à remercier les services pour leur disponibilité, pour la mise en place du groupe de travail et pour les documents fournis pour la préparation de cette CAPA.