Contribution du s1 retraités pour le congrès académique du 14.05.2013 adoptée lors de l’ag du 7.05.2013

L’évaluation et le système éducatif.

Le terme d’évaluation introduit une logique marchande étrangère à l’esprit qui anime la finalité de l’école, or il a pris une place croissante depuis quelques années ; il recouvre des pratiques différentes qu’il s’agisse de l’évaluation du système scolaire, des personnels ou des élèves qui conduisent souvent à des dérives culpabilisantes et/ ou insupportables.

La seule estimation acceptable est celle qui pointe les dysfonctionnements du système éducatif dans sa globalité et engendre leur réparation. Cela nécessite des moyens.

1re partie : le pilotage des établissements scolaires par l’évaluation.

Toute évaluation est dépendante des critères qui servent à la réaliser. La définition de ces critères, qui nous échappe, participe actuellement à la mécanique du pilotage de l’école voulue par le système libéral dans le cadre des traités et directives européens.

Évaluer le système éducatif, juger de son efficacité au regard des moyens investis, se servir des résultats des évaluations pour justifier les réformes en cours, autant d’utilisations de la question de l’évaluation que nous devons dénoncer et rejeter.
Les réformes du nouveau management public visent à appliquer à la fonction publique les règles en vigueur dans les entreprises privées pour tenter de réduire ce qui est considéré comme une dépense, un coût et non pas un investissement utile pour l’avenir.

Ces pratiques managériales censées mesurer la performance pour justifier la réduction des dépenses, la multiplication des évaluations entraînant l’établissement de classements contestables, la hiérarchisation des performances, tout cela aboutit à ériger en modèle du genre les "bonnes pratiques" pédagogiques ou les investissements efficaces. Ainsi, les évaluations PISA sont-elles devenues un argument pour imposer des réformes.

Le lien est de plus en plus systématiquement fait entre la « performance » (évaluée suivant ces critères) et les moyens attribués. Ce pilotage par la performance s’appuie sur : - l’autonomie des établissements qui se traduit par l’obligation de gérer localement la pénurie .Il dresse les enseignements les uns contre les autres détruisant ainsi les solidarités et développe une concurrence néfaste et discriminante entre établissements. La traduction opérationnelle en est la mise en œuvre des contrats d’objectifs entre les EPLE et le Rectorat, avec leurs indicateurs de performance à atteindre.

Nous considérons que la situation du système éducatif est inquiétante : 40000 jeunes sortent chaque année sans qualification, 140 000 sortent de l’enseignement secondaire sans diplôme, 20 à 25% d’élèves ne maîtrisent pas les savoirs fondamentaux à la sortie du primaire... Aucune évaluation selon les critères officiels n’intègre ces réalités.

Nous devons proposer une toute autre approche de l’évaluation qui se débarrasse de la logique marchande et qui permette à tous les établissements de remplir leur mission de service public, c’est-à-dire d’appliquer les mêmes conditions de mise en œuvre des options ,contenus et moyens définis nationalement sur tout le territoire

L’évaluation doit contribuer à atteindre ce but, répondre à une demande sociale ambitieuse et aux besoins élevés de qualifications nécessaires pour relever les défis de la réindustrialisation et de l’emploi

Dans le cadre d’une offre de formation large et d’une carte scolaire strictement respectée, il convient en premier lieu d’établir en liaison étroite avec l’ensemble des personnels un état des insuffisances dont souffrent les établissements que ce soit en moyens matériels, en offre de formation et en postes budgétaires.

A partir de cette base critique, une évaluation régulière des solutions apportées et des moyens mis en œuvre prend un tout autre sens ; elle devient un élément de jugement objectif des progrès réalisés ou non, elle permet de juger les politiques mises en œuvre. C’est la démarche la plus sûre pour que chaque établissement soit en mesure de répondre de manière ambitieuse aux besoins de formations des jeunes et de s’opposer aux abandons ou dénaturations de formations, comme c’est le cas pour les enseignements technologiques , alors que leur développement est une stricte nécessité dans le cadre du redressement industriel et pour relever les défis énergétiques et environnementaux.

Sans une telle approche les comparaisons entre établissements au travers de « classements » trompeurs sont à prohiber.

Dès à présent, il convient d’exiger l’arrêt des classements publics et privés. Ils constituent une tromperie au plan intellectuel .Ils sont utilisés pour attirer les familles vers des établissements qui ne sont « performants » qu’en fonction des critères actuels d’évaluation.