En complément de l’article de l’US daté du 09/05/2014 et intitulé « Eternel retour de l’Ecole du socle ? » (http://www.snes.edu/IMG/pdf/us_741_pdf_bd.pdf), voici quelques remarques inspirées de la lecture du projet de circulaire de rentrée 2014, retiré en dernière minute de l’ordre du jour du CSE. Ces remarques soulignent la volonté des service du MEN d’avancer sur le projet d’Ecole du socle, en dépit des engagements ministériels.
La volonté de refonder de l’Ecole République, si tant est qu’elle ait réellement animée l’action de V. Peillon, et bien qu’elle soit constamment invoquée dans le projet de circulaire de rentrée 2014, semble bien laisser la place à un catalogue d’injonctions qui traduit plutôt un renoncement à l’ambition affichée en 2012.
Renoncement qui résulte directement de l’austérité appliquée aux politiques publiques, et que n’arrivent plus à masquer les 54000 créations de postes, rognées par une démographie qui repart à la hausse.
Renoncement qui aboutit à faire de la loi de 2013 un prolongement de la loi Fillon de 2005, vernis technocratique compris (performance, efficacité), morale républicaine en sus.
Quelques éléments éclairants ou utiles :
1) Accompagner plutôt que faire réussir
Les moyens faisant défaut, la Dgesco vante une rentrée 2014 placée sous le signe de « l’accompagnement » « « des » » élèves dans leurs « parcours », et préfère la « qualité » à la quantité.
– De nouveaux programmes école + collège seraient ainsi publiés en juin 2015. Il est prévu que le CSP consulte les collègues sur le nouveau socle en septembre/octobre 2014, entre janvier et mai 2015 sur les programmes.
– travailler sur le climat scolaire plutôt que sur les conditions d’apprentissage, et amorcer une réorganisation des « rythmes scolaires » au collège ? La circulaire préconise une pause méridienne d’1H30 …
2) Encadrer les pratiques
– la notation chiffrée doit devenir une « évaluation positive ». Plus généralement, la circulaire propose que la « refondation soit celle des « pratiques pédagogiques », et s’impose "une obligation de résultats"
– le conseil Ecole-collège est présenté comme un outil d’élaboration d’une « politique pédagogique » locale. S’adapter plutôt que favoriser la réussite
– Lycée : utiliser les « marges horaires » et l’AP pour diminuer les redoublements.
– orientation : renforcer les partenariats locaux pour mettre en œuvre le « parcours individuel d’information, d’orientation de découverte du monde économique et professionnel. « développer l’esprit d’entreprendre » : L. Ferry et L. Châtel doivent se trémousser d’aise.
– éducation prioritaire : en REP+, instaurer un « référentiel pédagogique commun à tous les acteurs » : l’Ecole du socle et les fondamentaux pour tout le monde, et gare à celles et ceux qui s’éloignent du groupe !
Et la mixité sociale dans les territoires ? Il suffirait que les Dasen collaborent avec les Conseils Généraux pour affecter les élèves d’un même secteur dans plusieurs établissements pour lutter contre les inégalités spatiales … Un marché des élèves pauvres en vue ? En tout cas, aucune remise en cause de l’assouplissement de la carte scolaire.
3) Tapis rose pour les collectivités
– Service public du numérique éducatif : une « gouvernance partagée » entre académie et CT, qui définira les actions nécessaires en termes d’infrastructures … Mais aussi de contenus et de formation !
– Le contrat d’objectifs tripartite doit permettre aux CT de peser sur l’action pédagogique et éducative de l’EPLE, via des têtes de ponts : le numérique, les pratiques artistiques sportives et culturelles (PEAC par exemple).
– le Projet Educatif Territorial (PEDT) ouvre la possibilité de mixer les publics (et les personnels ?) du 1er et du 2d degré dans la mise en place d’activités périscolaires. Vers une amorce des TAP dans les collèges ? En tout cas, l’accompagnement éducatif n’est pas cité une seule fois …