Cher-e collègue,

Comme tu le sais sans doute, en fin de seconde GT, le redoublement ne peut plus être proposé par les conseils de classe (BO 44 du 27/11/2014)) ; il ne peut plus qu’être demandé par les familles si la décision d’orientation du conseil de classe ne leur convient pas. Pour le ministère, le redoublement doit devenir « exceptionnel ».

En seconde GT, le redoublement n’est pas une solution « miracle », mais sa suppression de fait l’est encore moins, et le ministère n’a rien d’autre à proposer aux élèves en difficulté à l’issue de leur année de seconde que la réactivation des « stages de remise à niveau » : rattraper en deux semaines ce que l’élève n’a pas réussi à acquérir en dix mois de cours voire au collège... Le redoublement rendu quasi impossible est un leurre pour ces élèves qui risquent d’être envoyés vers des souffrances certaines. En outre, ce nouveau texte risque de renforcer les hiérarchies et les déséquilibres entre séries des voies générale et technologique.

Nous te proposons à la fin de ce message quelques conseils sur l’attitude à tenir avant, pendant et après les conseils de classe de 2de, afin de limiter les effets potentiellement redoutables de cette nouvelle disposition.


Pour le Snes-FSU, le redoublement n’est ni une solution magique aux difficultés scolaires, ni une pratique coupable de tous les maux.
Il ne faut ni le fétichiser, ni le rejeter par principe – et on peut s’inquiéter de certaines conséquences possibles de cette quasi-interdiction.

La quasi-disparition de fait du redoublement en collège, depuis plusieurs années, n’a pas correspondu à une amélioration des résultats des élèves. Cette quasi-disparition aboutit donc à un « passage automatique » dont la certitude peut faire croire aux élèves, et notamment à ceux qui sont les plus éloignés des attentes scolaires, que l’échec dans les apprentissages n’est pas rédhibitoire pour "cheminer" dans le système scolaire, et que les exigences des enseignants ne sont pas vraiment fondées. Enfin, donner le « dernier mot » aux familles, c’est supposer qu’elles sont toutes à égalité face au système scolaire, à la fois dans la maîtrise des enjeux de l’orientation, et dans le rapport de forces avec l’institution, ses « conseils », ses « décisions ». Et ce n’est certainement pas le cas.

Le réel enjeu est bien évidemment celui de la réussite des apprentissages scolaires. Mais aucune des récentes réformes n’a permis de donner aux personnels les moyens de l’améliorer. Et ce n’est certainement pas la réforme du collège qui ira dans ce sens, puisqu’elle se contente, de ce point de vue, de recycler « l’accompagnement personnalisé » qui a fait les preuves de son inefficacité en lycée depuis 2010.

Mais si le redoublement n’est pas efficace pour remédier aux difficultés accumulées, alors que fait-on à la place ?

Pour le Snes-FSU, on pourrait commencer par réinjecter les moyens « économisés » par la suppression du redoublement dans les établissements, afin que les enseignants aient davantage de possibilité de prendre en charge les élèves les plus en difficulté. Ce n’est pas ce choix qui semble avoir été fait, au vu des DHG des lycées pour la rentrée 2016.

Quelle attitude adopter en conseil de classe dans les jours qui viennent ?

La philosophie des propositions faites ci-dessous est de ne pas mentir à l’élève et sa famille, mais de pouvoir remplir notre devoir de conseil en dépit du texte. Il faut également faire comprendre au chef d’établissement que vous serez vigilants à toute tentative de gestion de flux et que vous demanderez des comptes.

A savoir :

 l’article 27 du décret stipule néanmoins qu’ « à titre exceptionnel, un redoublement peut être mis en œuvre pour pallier une période importante de rupture des apprentissages scolaires. Il intervient avec l’accord écrit des représentants légaux de l’élève ou de l’élève lui-même, lorsque ce dernier est majeur, après que le conseil de classe s’est prononcé et à la suite d’une phase de dialogue avec le chef d’établissement ».

 « Pour les élèves des classes de troisième et de seconde, lorsque la décision d’orientation définitive n’obtient pas l’assentiment des représentants légaux de l’élève ou de l’élève majeur, ceux-ci peuvent demander le maintien dans le niveau de classe d’origine, conformément aux dispositions de l’article D. 341-15. »

En amont :

 si tel est le cas, indiquer dans votre appréciation "N’a pas le niveau en (préciser la discipline) pour suivre en première", le dire à l’élève et, le cas échéant, à la famille

 demander au PP quels sont les voeux des élèves

 aller voir la direction pour savoir comment se répartissent les voeux des élèves au sein des secondes (combien de voeux 1 dans chaque série ?)

Pendant le conseil :

 intervenir en début de conseil pour expliquer aux élèves et aux parents les problèmes que pose ce nouveau texte

 si nécessaire, utiliser la case "observations" pour noter que l’élève n’a pas le niveau pour suivre en première

 si l’on pense qu’il réussira mieux dans la voie professionnelle, utiliser la case qui permet de donner ce conseil et le cas échéant préciser que c’est le maintien en seconde pro qui est conseillé

 dès lors que vous considérez que l’élève n’a pas le niveau pour passer en première, refuser de continuer à discuter du choix de série à faire mais interroger le chef d’établissement sur son choix et les raisons qui le poussent à le faire

Après le conseil :

 Demander un bilan (comparatif/voeux des élèves) des choix de série prononcés par le chef d’établissement, notamment pour les élèves dont le conseil avait déconseillé le passage en première.

 Faire remonter au Snes de Lille toutes les difficultés que vous pourriez rencontrer.

Nouvelles dispositions pour le redoublement en terminale.

Par ailleurs, les élèves de terminale qui échouent au bac auront désormais le droit de redoubler dans leur lycée d’origine, qui sera donc tenu des les accueillir – jusqu’ici, ce droit au redoublement n’impliquait pas forcément la garantie de rester dans son établissement.

Mais aucun moyen supplémentaire n’a été prévu pour les lycées qui devront les accueillir : les élèves auront donc le « droit » de s’entasser dans des classes surchargées, ce qui n’est pas la meilleure garantie de conditions de travail propices à la réussite. Dans le même temps, des lycées qui pouvaient accueillir préférentiellement les redoublants d’un « bassin » donné, en leur offrant des conditions de travail améliorées, risquent d’être « vidés » d’une partie de ces élèves.

Il faudra donc être vigilant, une fois les résultats du bac définitifs connus, à la gestion de cette question dans ton établissement : refuser les HS ou les classes à effectifs pléthoriques !

Bon courage pour cette fin d’année

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Le S3 de Lille