En 10 jours seulement, 62 collègues de 45 lycées différents répartis sur toute l’académie ont répondu à l’enquête du SNES-FSU de Lille sur les conditions d’enseignement en contexte de crise sanitaire. Cet afflux de réponses en un laps de temps si court montre clairement non seulement la préoccupation des collègues pour l’exercice de leur métier dans les conditions si particulières depuis un an, mais aussi leur envie de nous communiquer leurs impressions.
85% des sondés exerçant dans 40 lycées indiquent que leur établissement a mis en place une organisation pédagogique spécifique, et 75% des sondés dont le lycée (5/40 du sondage) n’a pas mis en place d’organisation particulière se déclarent insatisfaits car estimant que les élèves et eux-mêmes sont mis en danger.
La division de classes en groupes (1/2 jauge) est très majoritaire (71%), les autres dispositifs pouvant par exemple être une alternance des niveaux sur la semaine sans division des classes, ou la non-division de classes à effectifs déjà réduits (1/2 sections de BTS par exemple).
50% des classes divisées viennent une semaine sur deux ou la moitié de la semaine. Les autres viennent un jour sur deux ou une demi-journée par jour, en alternance.
58% des collègues en lycées où une organisation particulière est en place se déclarent satisfaits et 22% ne le sont pas (21% ne se sont pas prononcés). Les motifs d’insatisfaction ne sont pas précisés dans l’enquête, mais les pressions exercées par les hiérarchies pour mettre en place des cours en distanciel et la pression institutionnelle au sujet des examens et de Parcoursup y sont sans doute pour quelque chose, au moins pour une partie d’entre eux… D’ailleurs, seuls 22% des sondés pointent un retour en classe complète dans certains niveaux (en terminale surtout) après un passage en demi-groupes en novembre-décembre, ce qui montre que cette mesure est jugée pertinente dans la majorité des lycées.
L’influence de ces organisations sur la pratique pédagogique est très variable, mais 51% des collègues sondés déclarent ne pas faire de cours en distanciel sous quelque forme que ce soit. 29% en font, majoritairement par choix personnel, mais parfois sous la pression des parents et de la direction, bien que le distanciel ne soit absolument pas obligatoire.
Une écrasante majorité des sondés (71%) estime ces organisations de divisions de classes indispensables au vu de la situation sanitaire, et 55% voient les bénéfices des effectifs faibles sur le plan pédagogique ! 32% trouvent que cela a aussi un impact négatif sur le plan pédagogique, ce qui est bien compréhensible au vu de l’impossibilité de faire les programmes en entier et d’acquérir les méthodologies sur un demi temps d’enseignement…
Les réponses des collègues indiquent donc globalement un soutien pour ces organisations pédagogiques en demi-jauge, malgré la difficulté d’avancer pédagogiquement et de tenir sur la durée. La majorité semble privilégier la prudence face à la crise sanitaire et ne cèdent pas aux assertions alarmistes sur une génération « sacrifiée » sur l’autel des connaissances. 2020 et 2021 n’auront pas été des années « normales », mais gageons que les effectifs réduits auront permis non seulement d’aider plus d’élèves en difficulté, mais aussi sans doute de sauver des vies !