DECLARATION DU SNES AU RECTORAT LE 23 JUIN 2008 POUR L’OUVERTURE DU MOUVEMENT INTRA
Nous avons eu la désagréable surprise cette année d’être confrontés à plus de difficultés que d’habitude pour accomplir notre travail d’élus : certains chefs d’établissement ont eu du mal à laisser partir des commissaires paritaires faute de remplaçants disponibles. Ces situations sont d’autant plus difficiles à admettre que le SNES n’abuse pas du temps de décharge dans l’académie de Lille, nous prenons bien souvent sur notre temps personnel pour effectuer un travail important de vérification et de propositions, pour améliorer les résultats de nos collègues, dans le respect des règles, de l’égalité de traitement et avec un souci permanent que toutes les opérations se déroulent dans la transparence. Dans quelques mois, le mardi 2 décembre, les élections professionnelles permettront d’élire de nouveaux commissaires paritaires, ce sera l’occasion de fixer les conditions leur permettant de travailler sereinement.
Pour en revenir au mouvement intra proprement dit, il devient très difficile de tirer des généralités tant les différences sont dorénavant importantes entre les disciplines, demander une mutation en STI ou allemand n’a plus rien à voir avec le mouvement en documentation ou en lettres.
Une question se pose : comment le rectorat pourra t-il assurer la rentrée et les remplacements qui interviendront nécessairement en cours d’année, sachant qu’il y aura plusieurs dizaines, voire centaines de postes vacants et presque 200 TZR en moins ? Les 804 suppressions de postes de cette année apparaissent d’autant plus incompréhensibles, de même que les barres d’entrée dans l’académie au mouvement inter qui n’ont pas permis à la plupart des stagiaires de rester sur Lille. Dans certaines disciplines, les mutations se résument à placer les cartes scolaires (parfois très loin), les autres collègues souhaitant muter n’ont guère de perspectives. Dans le même temps, des volumes d’heures supplémentaires importants sont affectés dans les établissements : soit les collègues qui restent connaîtront une nouvelle dégradation de leurs conditions d’exercice, soit le refus des heures sup permettra la création de blocs de moyens pour d’hypothétiques remplaçants.
Le SNES de Lille appelle les collègues à continuer à refuser les heures supplémentaires (voir modalités dans l’US 668 du 14 juin 2008)
On pourrait énumérer la liste des disciplines pour lesquelles la situation est particulièrement préoccupante : 91 postes vacants en documentation, 36 en technologie, 20 en arts plastiques, moins de 10 en maths et en anglais, etc. Nous pouvons craindre que notre potentiel en remplaçants soit très largement utilisé avant même la rentrée et qu’il soit impossible de se faire remplacer ensuite, ce qui ne manquera pas d’entraîner de nouvelles crispations dans les établissements et chez les parents d’élèves !
Pour la rentrée 2009, la réforme des lycées reviendra sans doute à proposer la diminution des horaires disciplinaires des élèves pour répondre partiellement aux objectifs inadmissibles de suppressions de postes exigées par la RGPP, tout cela en faisant croire que c’est au nom de l’augmentation de la qualité que le gouvernement agit ! Le SNES et nos collègues sauront réagir dès septembre pour contrer ces projets. Mais comment pourvoir les postes à la rentrée 2008 ? Y aura t-il réemploi des personnels précaires mis au chômage massivement ces dernières années ou/et nouvelle dégradation des conditions de travail, voire reconversion sauvage des TZR ?
Concernant les TZR il n’est pas admissible que leurs qualifications, les textes les régissant et les décisions de justice ne soient pas respectés en raison de la pénurie de moyens programmée par le gouvernement. Il n’est pas admissible non plus de les retirer en cours de remplacement pour les affecter ailleurs. Enfin, ce n’est pas en multipliant les distances d’intervention que l’on multiplie l’efficacité d’un remplaçant, comme X.Darcos en a pourtant lancé l’idée avec une agence nationale du remplaçant dont le but est surtout de miner davantage les statuts de la fonction publique. Il n’est donc pas étonnant de constater la participation massive des TZR au mouvement intra pour tenter d’échapper à leur condition (37 % des demandeurs). Nos interventions ont permis de remettre au premier plan leur situation et leur malaise grandissant. Nous regrettons le retard pris dans les discussions qui empêche le rétablissement de points dès ce mouvement, nous espérons cependant les poursuivre assez rapidement car nous n’avons pas été convaincus par vos propositions (nous vous ferons parvenir la semaine prochaine nos contre-propositions dans le cadre d’une intersyndicale). Le SNES est attaché à un corps de remplaçants titulaires en nombre suffisant dans chaque discipline et zone, en suscitant le volontariat des collègues pour ces missions par une reconnaissance de la pénibilité de la tâche se traduisant par des points, des indemnités généralisées et versées régulièrement et surtout en respectant les textes !
Il ressort de tout cela que les personnels souffrent d’une dégradation constante de leurs conditions de travail et de la déconsidération dont ils sont l’objet de la part de leur administration.
Nous avons besoin de retrouver confiance pour exercer nos missions sereinement. Cette confiance ne pourra se retrouver que par la revalorisation de nos métiers (et pas seulement des nouveaux recrutés au niveau master), par le respect des personnels, de leurs compétences et qualifications, par la possibilité de travailler dans des conditions d’effectifs et d’horaires permettant la transmission des savoirs pour que tous nos élèves puissent obtenir un diplôme exigeant et reconnu, par l’écoute des personnels et la reconnaissance des instances démocratiques des établissements.
Un épisode récent est très révélateur pour nous : les personnels du lycée Picasso d’Avion ont mené une lutte exemplaire pour rétablir des postes en occupant leur établissement, tout en assurant leurs cours, montrant ainsi leur attachement à un établissement, attachement relayé par toute la ville. Le conseil d’administration qui s’est tenu a fait une proposition votée très majoritairement et rejetée par le recteur qui a préféré suivre proviseur. C’est certes un droit qu’il possède mais c’est surtout un signe qui est donné non seulement à la profession, mais aussi aux élèves et aux parents dont le rôle et le vote sont purement et simplement niés.