Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement, Blanquer n’a cessé de s’attaquer à nos métiers : Bac, lycée, collège, ORS, tout y est passé ! Il ne lui manquait que la formation et les concours pour parfaire son panel avant la fin du quinquennat en faisant fit des leçons tirés des expériences passées….
En effet, le ministère a décidé unilatéralement de repousser de nouveau les concours d’entrée aux métiers d’enseignants, de CPE et de PSYen en fin de master 2 à partir de la session 2022. L’année de stage se fera donc après l’année de master 2, et pour la majorité des lauréats du concours, elle se déroulera à temps plein, remettant ainsi au goût du jour les anciennes mesures de la réforme de 2010 qui avait pourtant rapidement montré ses limites.
Du côté des concours, la place faite aux savoirs disciplinaires qui fondent nos métiers sera réduite au profit d’une épreuve commune à tous les concours et calquée sur un entretien d’embauche. Ces modalités, qui s’inscrivent dans un projet d’ensemble, vont contribuer à fonder la formation sur la pratique et l’imitation, bien plus que sur les compétences disciplinaires et les capacités réflexives, au prix d’une entrée dans le métier par la précarité (cf : article contractuels alternants) ! Pour exemple, pour le concours CPE, aucune référence n’est faite dans les textes sur la circulaire de missions d’aout 2015 !
Tout au long de l’année, le SNES et la FSU n’ont cessé de rappeler leur opposition à cette réforme inacceptable, réelle régression pour la qualité du service public d’Éducation Nationale ainsi que pour la formation et les conditions de travail des collègues !
Une entrée dans le métier précarisée
Dans le cadre de la réforme de la formation et des concours, le ministère impose à marche forcée la mise en œuvre du dispositif « étudiants contractuels alternants à la rentrée prochaine » destiné aux étudiants préparant les concours d’entrée au métiers de l’enseignement et CPE.
Pour la rentrée prochaine, le ministère propose aux étudiants inscrits en master MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation) au sein des INSPE de devenir « alternant » et d’articuler :
– une année de master 2 bien chargée par la préparation aux concours et la rédaction d’un mémoire
– et une affectation en qualité de non titulaire à tiers temps censée les « aider » dans la préparation de l’épreuve professionnelle de leur concours.
Payé 660 € nets par mois, avec un tuteur terrain indemnisé 600€ nets pour l’année scolaire, ce « contrat étudiant alternant », qui précarisera les étudiants, deviendrait une porte d’entrée à nos métiers inacceptable !
L’année de master 2 va vite être intenable pour les candidats qui ne seront pas dégoutés avant la fin de l’année : master 2 (avec un mémoire à rédiger et soutenir), concours et affectation sur un contrat précaire pour un tiers temps au sein d’un établissement scolaire ! Ces trois objectifs sont impossibles à mener de front, et ne vont pas dans le sens d’une revalorisation de nos métiers et d’une formation ambitieuse pour toutes et pour tous. Pire, ce dispositif risque d’éloigner encore plus les étudiants de nos métiers dans un contexte où l’on ne cesse pourtant de s’inquiéter de la crise du recrutement.
Des conséquences pour la mobilité des personnels : La mise en œuvre de ce dispositif s’est très traduite par des blocages excessifs de postes à temps pleins (18H d’enseignements) pour permettre l’accueil de ces alternants, modalité lourdement dénoncée par le SNES et la FSU qui n’ont obtenu seulement le déblocage des supports prévus pour les professeurs documentalistes et les CPE et l’affectation en surnombre des alternants.
Ces blocages vont lourdement léser les participants aux mutations, dans un contexte où la mobilité est déjà lourdement dégradée par les 194 suppressions d’emploi pour la rentrée scolaire, et les nombreuses suppressions subies les années précédentes.
Des conséquences sur l’organisation des établissements : Les TRM ont été établis sans prendre en compte l’affectation des alternants. Ainsi, pour certaines disciplines, un service de 6h ne collera pas avec les TRM arrêté au mois de mars sauf à partager une classe ce qui pédagogiquement ne serait pas pertinent. Les établissements ont commencé à élaborer leurs répartition début juin sans savoir qu’ils accueilleront des alternants, et sans savoir qui viendra compléter le service de l’alternant (probablement un non titulaire affecté de fait sur un temps partiel imposé…).
Des conséquences sur les conditions d’apprentissages des élèves : Les alternants seront dans les établissements deux fois par semaines ! Autrement dit, si nous prenons l’exemple des mathématiques, l’étudiant verra sa classe deux fois deux heures par semaine. Tout enseignant s’interrogera sur la pertinence pédagogique pour les élèves d’une part, et sur les difficultés que vont rencontrer les alternants d’autres part...
Alors que le statut des alternants prévoit la possibilité d’être affectés en surnombre dans les établissements, le ministère n’en fait rien, économies oblige sur le dos des conditions de travail des collègues et des conditions d’apprentissages des élèves.
Lors du Groupe de Travail qui s’est réunis le mercredi 2 juin, le SNES a dénonce la réforme de la formation et des concours, les conditions d’exercice des futurs alternants, et la désorganisation des conditions de travail collectives des personnels à venir pour les établissements concernés ! Le SNES n’a cessé de pointer l’impréparation de l’administration dans la mise en œuvre du dispositif et ses incohérences !
Quelques éléments de réponses obtenus par l’administration :
– Sur la problématique des service : les IPR ont clairement affirmé qu’ils ne fallait pas partager les classes et ont proposé de compléter les services par devoirs faits notamment ! Cette réponse n’est tout simplement pas possible : Devoirs faits est financé sur une enveloppe spécifique, et les alternants sont affectés sur des heures postes. Affecter des alternants sur devoirs faits, reviendrait à sacrifier des heures d’enseignements ... et donc les élèves !!
– Sur la préparation de la rentrée : l’administration n’a pas pu nous rassurer quand aux conditions de préparation de la rentrée puisque les établissements seront informés et les affectations connues entre le 9 et le 16 juillet ! ce qui désorganisera complètement la préparation de la rentrée pourtant faite dans les temps et avec les équipes !
– Concernant la demande de décharge pour examens universitaires pour les alternants : l’administration n’avait pas anticipé cette demande. Nous avons toutefois senti des réticences, notamment pour le premier degré, à vouloir permettre aux alternants de préparer leurs examens universitaires dans les meilleures conditions de réussite.